un projet agrivoltaïque géant inédit sur une ferme 100% biologique
Chez Nicolas Paillier, tout est bio et tous les animaux vivent en pleine nature. Dans le village de « Sauvigny », à Gourgé, l’homme traite les ressources de la nature avec une obsession : « Avoir une ferme totalement autosuffisante où je n’achète rien, ni nourriture ni engrais. » Sur ses 130 hectares, 125 sont des prairies. Les 300 moutons et 25 vaches vivent dehors toute l’année et mangent de l’herbe. Seule exception : des brebis amenées avant la naissance des agneaux, 400 par an.
L’éleveur vend presque tout directement au magasin des producteurs des Plaisirs agricoles à Niort, sa viande bovine, ses agneaux « Pâturages et papilles » et même des œufs bio grâce à ses 250 poules pondeuses en plein air, nourries en partie avec ses 5 ha de cultures céréalières.
Mais en 2017, malheur. Avec les aléas climatiques, « Je n’ai rien récupéré » et l’herbe a échoué. « J’ai réduit mon troupeau pour adapter la quantité d’animaux à ce que la ferme pouvait nourrir. » Être forcé de « ressemer les prairies perdues » grillé, l’éleveur recherche des solutions durables, « parce que ça allait devenir récurrent. » D’autant que dans ce coin de Gâtine, les sols ne sont pas riches, « sablonneux, rocheux, très sec ». Il plante 1,5 km de haies en plus des 17 km existants. « Dans vingt-cinq ans, cela portera ses fruits, mais en attendant… »
Des panneaux au service du outdoor bio
Il échange avec « un ami aux Etats-Unis » qui avait installé des panneaux photovoltaïques « produire de l’énergie ». Sous les panneaux, « l’herbe a repoussé ». A tel point qu’elle a dû investir dans des moutons pour « faire le ménage ».
Séduit, l’éleveur imagine faire de même. À l’envers. Des panneaux qui seraient ici au service des animaux, sécurisant la pousse de l’herbe et leur offrant de l’ombre, permettant même la naissance des agneaux en plein air, à l’abri des intempéries et du renard, le parc étant entouré de clôture. Tout cela sécurise à terme les revenus de l’éleveur et de son modèle bio de plein air, plus à risque sur des terrains quelque peu inadaptés. Le système qui l’intéresse : des panneaux qui « suis le soleil » orienté à l’est le matin et à l’ouest le soir, formant un demi-cercle tout au long de la journée.
« Je ne veux pas être une verrue »
Trop cher. L’homme se met à la recherche de promoteurs. Engie répond « oui ». « Je suis allé voir les voisins les plus proches et nous sommes allés voir un chantier dans l’Allier. » Il en ressort conquis comme un agriculteur voisin, Jean-Christophe Réau, qui le rejoint. Nicolas Paillier multiplie les contacts pour expliquer son projet. « Je ne veux pas être un problème pour la communauté, esthétiquement et socialement. » Il rencontre la commune et la sous-préfecture de Parthenay « à qui je peux dire un grand merci car elle a mis en place un comité de pilotage » pour aborder tous les aspects de ce projet expérimental.
Depuis 2019, ce parc agrivoltaïque innovant prend forme petit à petit, le permis de construire étant en cours de traitement. 45 000 panneaux étaient prévus sur 38 ha mais « nous allons certainement passer à 37 000 ». Il s’agit du plus grand projet du genre connu dans le département : « Mais il y en a d’autres maintenant, disons que je suis le premier à en parler » tempère l’éleveur.
« Ce que je souhaite, c’est que perdure mon système utopique d’exploitation agricole autonome, que mon exploitation soit transférable, économiquement rentable et socialement conforme à ce qu’attend le consommateur avec des animaux nourris à 100 % à l’herbe, en pleine nature, sans irrigation. »
37 000 panneaux sur 38 ha
> Le projet prévoit l’installation de « trackers solaires » (panneaux inclinables) sur 38 ha à Gourgé (32 ha sur le terrain de Nicolas Paillier et 6 ha sur celui de Jean-Christophe Réau).
> Entre 37 000 et 45 000 panneaux.
> Puissance estimée : 26,5 MWc, soit la consommation électrique annuelle de 16 000 habitants. « Entre 17 et 20 MWc si on réduit les panneaux. »
> Investissement Engie « entre 35 et 40 millions d’euros ».
> Le contrat prend la forme d’un bail emphytéotique d’une durée de 40 ans.
> L’éleveur perçoit « trois sources de rémunération » en tant qu’exploitant, propriétaire et adhérent de la société Engie PV Sauvigny spécialement créée pour ce parc.