pourquoi le vote est plus intéressant qu’il n’y paraît
Alors que les Roumains étaient appelés aux urnes ce week-end pour le premier tour de l’élection présidentielle, le pays pourrait pour la première fois être dirigé par l’extrême droite.
Ce dimanche sonnait comme le début d’un long marathon électoral en Roumanie. En fait, les Roumains sont appelés aux urnes trois dimanches successifs pour élire leur président, ainsi que les représentants des deux chambres du Parlement. Depuis ce 24 novembre, presque 19 millions d’électeurs ont donc voté lors du premier tour de l’élection présidentielle.
OMS succèdera-t-il au président Klaus Iohannis ? Sur la ligne de départ : quatorze candidats étaient candidats à la présidence. Mais après le premier tour, seuls deux d’entre eux peuvent encore espérer prendre le contrôle du pays le 8 décembre.
Calin Georgescu crée la surprise
Énorme surprise, Calin Georgescu, populiste pro-russe et grand vainqueur de la soirée avec 22,59% des voix, devrait affronter l’actuel Premier ministre social-démocrate pro-européen Marcel Ciolacu (19,55%).
Pour divers spécialistes, une inflation galopante et des salaires bas ont sans doute pesé lourdement sur le choix des électeurs, ainsi qu’un climat social et géopolitique particulièrement tendu au sein de ce pays membre de l’Union européenne et de l’Otan, frontalier de l’Ukraine.
Enorme déception en revanche pour George Simion (38 ans), autre candidat d’extrême droite et président de la jeune Alliance pour l’unité roumaine (AUR), annoncé comme l’un des favoris des sondages et finalement 4e.
un pays en proie à la fraude électorale
Comment alors expliquer une telle percée électorale ? A l’héritage du président sortant d’abord, à de forts soupçons de manipulation électorale de la part du PSD ont ensuite été prononcés. L’économie roumaine n’a jamais été aussi mauvaise. Le déficit budgétaire du pays s’élève aujourd’hui à 5,44% du PIB (environ 20 milliards d’euros).
Le plus grand projet de Klaus Ioannis, « România educata » (« Roumanie instruite »), s’est transformé en un fiasco total : 57 % des établissements scolaires des zones rurales sont toujours délabrés et insalubres et le personnel enseignant reste démobilisé et mal payé.
La montée de l’extrême droite est aussi due aux soupçons de « falsification » du PSD par Marcel Ciolacu. Pour s’assurer de remporter le second tour, Marcel Ciolacu aurait assuré d’éliminer de la course Diana Sosoaca, amie déclarée de la Russie, avec l’aide de la Cour Constitutionnelle.
Alors que Diana Sosoaca était hors de portée, Marcel Ciolacu souhaitait que les voix du candidat extrémiste reviennent à George Simion afin que les Roumains privilégient ensuite le candidat « le moins pire » au second tour. A savoir pour ce dernier, le sien. Résultat : la confiance des Roumains dans leurs dirigeants est au plus bas. 31% d’entre eux pensent que les élections seront truquées.
Le vote crucial de la diaspora roumaine
Dans le passé, le vote de la diaspora a joué un rôle important, parfois crucial. Ainsi, en 2009, le président Traian Băsescu a été élu au second tour aux dépens de Mircea Geoană grâce aux voix des Roumains de l’étranger. De même, en 2014, la diaspora roumaine a largement contribué à la victoire de Klaus Iohannis face au représentant du PSD Victor Ponta. Cinq ans plus tard, ce sont encore les Roumains de l’étranger qui ont sanctionné les sociaux-démocrates lors des élections européennes.
Un vote antisystème qui pourrait se répéter dans deux semaines : la diaspora ayant abandonné les idées modernistes et pro-européennes pour se laisser bercer par des discours populistes.