Le meurtre de Victorine, 18 ans, retrouvée noyée dans un ruisseau, « la phobie de nombreuses jeunes femmes et de leurs parents »
« Ce qui est arrivé à Victorine, c’est l’anxiété, la peur, la phobie de nombreuses jeunes femmes et de leurs parents. » Voici comment sa mort a été résumée par un journaliste du Figaro dans un documentaire de M6 diffusé en septembre dernier, Victorine, la mort au bout du chemin. A partir de ce lundi, et jusqu’au 6 décembre, la cour d’assises de l’Isère jugera Ludovic Bertin pour le meurtre, précédé d’une tentative de viol, de Victorine. La jeune femme avait 18 ans et son corps a été retrouvé dans un ruisseau à Villefontaine, en Isère, le 28 septembre 2020.
L’inquiétante disparition de Victorine
Deux jours plus tôt, le samedi 26 septembre 2020, Victorine, étudiante en communication à Saint-Priest, passait la journée avec ses amies au Brand Village de Villefontaine. Vers 18 heures, le groupe décide de rentrer. Pour rejoindre la maison familiale, dans le quartier de Fougères, Victorine doit prendre deux bus et rate sa correspondance. Elle décide alors de rentrer chez elle à pied, car attendre le prochain bus lui prendra autant de temps que marcher pour rentrer chez elle, soit environ 25 minutes.
En chemin, elle appelle sa grande sœur pour la prévenir. Il est 18h55 et Victorine est au Stade de la Prairie, situé à 2 km de chez elle. Vers 21h30, ses proches ne parviennent plus à la contacter et s’inquiètent. Ils alertent la gendarmerie en précisant que la jeune femme n’est pas du genre à fuguer. Une enquête est ouverte par la brigade territoriale de Villefontaine. En parallèle, sa famille lance des appels à témoins sur les réseaux sociaux.
Le lendemain, dimanche 27, plus de 300 personnes se sont rassemblées ainsi que 130 gendarmes, équipes cynophiles, hélicoptères et plongeurs pour tenter de la retrouver. En vain. Ce n’est que lundi après-midi, près de 48 heures après sa disparition, que le corps de Victorine a été retrouvé dans un ruisseau.
Une marche blanche pour lui rendre hommage
La jeune femme a été retrouvée sur le ventre, bras et jambes croisés. Ses effets personnels, comme son sac à main, ses baskets mais aussi son jean, ont été retrouvés à côté de son corps. L’autopsie a révélé qu’elle était morte noyée « par l’intervention d’un tiers » et qu’elle présentait également « de multiples contusions internes ». Mais pas de violences sexuelles.
Le dimanche suivant, la famille organise une marche blanche pour lui rendre hommage et « finir le voyage qu’elle n’a jamais pu terminer ». Au total, plus de 6 000 personnes ont assisté à cette marche dans cette commune de 20 000 habitants.
Les révélations du meilleur ami
Deux semaines après la découverte du corps, le 10 octobre, un homme se présente à la gendarmerie et annonce connaître l’assassin de la jeune femme. Il le connaît bien, c’est son meilleur ami : Ludovic Bertin. Ce jeune père d’un bébé de 6 mois, alors âgé de 25 ans, qui a lancé son entreprise de livraison, a déjà été condamné à dix reprises pour des délits de « droit commun ». Il habite à quelques centaines de mètres de la maison des parents de Victorine, dans le même quartier de Fougères.
Ludovic Bertin a été interpellé trois jours plus tard dans une station-service de Saint-Quentin-Fallavier, il a reconnu les faits lors de son audition tout en « contestant tout mobile sexuel », rapporte alors le parquet de Grenoble. Selon sa version, il aurait croisé la route de la jeune fille à 19 heures, à proximité du stade de Villefontaine alors qu’il faisait son jogging. Une dispute aurait alors eu lieu après une bousculade involontaire.
Le suspect explique « avoir saisi le cou » de la victime, « le serrer très fort », puis avoir placé le corps de Victorine dans le cours d’eau « pour le cacher ». Il a déclaré qu’il était ensuite rentré chez lui après avoir abandonné le corps, avait pris une douche, puis était ressorti pour jeter ses vêtements dans un conteneur. Ludovic Bertin assure également qu’il n’a pas déshabillé Victorine. Mais face à ses incohérences et aux constatations des enquêteurs, il a finalement reconnu avoir « enlevé son jean », comme le raconte Progrès. Deux jours après son arrestation, il a été mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre précédé de tentative de viol.
L’affrontement
Un an plus tard, le juge d’instruction demande une confrontation avec Ludovic Bertin et son meilleur ami, toujours selon Progrès. Selon ce dernier, le suspect aurait confié avoir voulu violer Victorine mais s’était finalement résigné. Il lui a expliqué qu’il avait « préparé » sa sortie, laissant son téléphone portable à la maison et partant à pied « chercher des proies ». Le 26 septembre 2020, son téléphone portable a été coupé entre 18h04 et 19h38, selon des analyses téléphoniques.
L’ami a également été surpris d’entendre Ludovic Bertin dire qu’il faisait son jogging ce jour-là. Car le jeune homme n’est pas sportif, d’autant qu’il a été blessé dans un accident de voiture.
Autres incohérences et viol d’une autre femme
Autre incohérence : sur les images de vidéosurveillance de la ville, Ludovic Bertin est aperçu pour la première fois à 18h46, où il rencontre la jeune fille, sans aucune « bousculade » comme il l’assure. Puis trois minutes plus tard, à 18h49, il fait demi-tour et se dirige dans la même direction que ce dernier.
Outre les faits d’« homicide » et de « tentative de viol » de Victorine, Ludovic Bertin sera jugé pour « viol » devant les assises. Une femme a porté plainte, encouragée par ses proches, après avoir vu son visage dans les médias. Ces faits remontent à septembre 2018. L’homme l’aurait forcé à avoir des relations sexuelles avec elle, l’étranglant et lui assurant qu’il ne s’arrêterait pas si elle refusait. L’accusé s’en défend, arguant que le rapport était consensuel.