Quelle est cette usine qui va bientôt chauffer une partie du Havre à partir de déchets ?
Par
Marie LEMAISTRE
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Dans la salle de contrôle, un opérateur contrôle les écrans. Sur l’un d’eux, des images en temps réel d’un four chauffé à près de mille degrés. « Les déchets sont préparés, placés dans la fosse, puis ils sont enfournés pour produire l’énergie attendue », décrit Anthony Ramonidirecteur national des activités de valorisation énergétique au sein du groupe Suez.
En fonctionnement permanent depuis fin octobre 2024l’usine Biosynergiela nouvelle unité de valorisation énergétique du groupe Suez située sur le Grand Port du Havre, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), est capable d’avaler près de 90 000 tonnes par an Déchets normands, c’est à dire 350 tonnes par jour en moyenne, auparavant destinés à la mise en décharge. « L’objectif est d’apporter une alternative », poursuit Antoine Girardet, directeur des activités de valorisation énergétique du territoire Nord-Ouest chez Suez.
Distribution d’énergie locale
Concrètement, la chaudière recycle ces déchets en les transformant en source d’énergie thermique sous forme de vapeur d’eau. Pour s’approvisionner, l’unité, a inauguré ce vendredi 22 novembre 2024peut compter sur TriNergieune déchetterie construite à la place de l’ancienne friche Citron réhabilitée, sur la commune voisine de Rogerville.
Cette plateforme a été créée au même moment par le groupe Suez afin de produire du carburant à partir de résidus d’activités économiques et de mobilier en fin de vie. « Dans ce centre, nous trions puis broyons les déchets, avant de les amener à l’usine pour produire de la chaleur », explique le directeur France.
Pour boucler cette boucle courte, une fois la collecte, le traitement et la valorisation des déchets assurés par le entreprise spécialisée dans la gestion de l’eau et des déchetsl’énergie issue du bois (biomasse) et des combustibles solides de récupération (CSR) est elle-même distribué localement.
Elle est utilisée d’une part comme alternative aux énergies fossiles par les entreprises Safran, Yara et Chevronapprovisionnés directement pour leurs besoins en process, en chaleur et en eau chaude, via des canalisations enterrées dans la zone industrialo-portuaire. Une autre partie alimente le réseau de chaleur urbain de la ville du Havreexploité par Réseau Océane.
Déjà 15 000 Havrais en bénéficient
Déjà 15 000 Le Havre en profiter. L’unité de produit 300 000 MWh d’énergie décarbonée par an, dont environ les deux tiers alimentent actuellement l’industrie. Avec l’extension, d’ici deux ans, du réseau de chaleur urbain de la ville du Havre, en remplacement des chaudières à gaz, ce système atteindra sa pleine capacité. «C’est l’équivalent de 24 000 habitants, soit 70 % du réseau de chaleur urbain (RCU), qui sera chauffée grâce à cette production d’énergie », évalue le directeur du Nord-Ouest.
Ils bénéficieront d’une énergie « à un prix stable», notamment en période de chauffage, où la distribution à partir du réseau urbain sera privilégiée.
Selon le groupe Suez, l’usine est « pionnière en France », puisqu’elle s’appuie sur des sources de déchets mixtes et présente « une complexité assez unique » avec quatre réseaux de distribution d’énergie. Elle vise à économiser près de 50 000 tonnes de CO2 par an, avec des engagements pris auprès de ses clients sur une vingtaine d’années.
Le chantier a représenté un investissement de 85 millions d’euros, dont 20 millions de l’Etat via l’Ademe et 1,5 million de la région. Au total, 45 emplois seront créés sur les deux sites d’ici deux ans. Aujourd’hui, près de la moitié des effectifs sont déjà en activité.
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