À Brest, les maraîchers dénoncent l’import massif de tomates cerises marocaines
L’image est une tache. Suspendue au-dessus des étals de légumes de cet hypermarché brestois, l’enseigne affiche fièrement, sur une banderole tricolore : « Avec vous, nous soutenons les producteurs français ». Problème : sous le placard, le consommateur trouve notamment des barquettes de tomates cerises de la marque Azura. Produit au Maroc.
Entouré d’une vingtaine de maraîchers du Nord Finistère (« de Saint-Pol-de-Léon à Plougastel »), Ghislain Le Hir, porte-parole local du syndicat Légumes de France et producteur à Landunvez, apprécie l’ironie de la situation : « Alors que les maraîchers locaux commencent à monter en puissance, Carrefour choisit de mettre en avant les tomates marocaines, produites à 2 000 km d’ici. C’est insupportable « .
« L’importation de tomates marocaines a augmenté de 40% en dix ans »
Ce vendredi 26 avril 2024, dans le cadre d’une campagne nationale également menée à Rennes, ils ont décidé de cibler l’hypermarché Carrefour Iroise, à Brest, pour une opération d’étiquetage des tomates marocaines, afin de protester contre leur surreprésentation sur le marché. les étals. « Dans la région brestoise, c’est Carrefour qui joue le moins le jeu », assure Ghislain Le Hir, désignant un rayon deux fois plus large pour les tomates cerises importées que pour la production locale. « La main d’œuvre représente 60 % de notre coût de production. Au Maroc, le salaire horaire brut facturé à l’employeur est à peine de 1 euro de l’heure, contre 13,77 en France : on ne peut pas lutter sur les prix ! Résultat : les importations de tomates cerises marocaines en France ont bondi de 40 % en dix ans, alors qu’on ne peut plus les cultiver. OK pour la compétition, mais à conditions égales. »
Ainsi, dans les rayons légumes de l’hypermarché, la vingtaine de producteurs du Finistère ont systématiquement collé de gros autocollants « Origine Maroc » sur les barquettes de la marque Azura, à 0,99 € les 250 grammes. « Parce qu’il faut bien regarder l’emballage pour trouver l’origine du produit », constate un producteur. On se demande s’il n’y a pas une volonté de tromper le consommateur. »
Des tomates marocaines aux couleurs de Paris 2024 ?
Le petit groupe n’est pas au bout de ses surprises, découvrant plus loin sur une étiquette numérique au cadre tricolore, des barquettes de tomates cerises mélangées venues, encore, du Maroc… « Une erreur », plaide Claude Gouriou, responsable du secteur, pour hyper. Comme il regrette l’étendard de soutien aux producteurs français, au positionnement « maladroit ». Elle est immédiatement expulsée.
Les maraîchers locaux s’inquiètent également d’une opération commerciale de barquettes de 1 kg de tomates cerises allongées marocaines, qui seraient vendues à partir de la semaine prochaine dans les magasins Carrefour, avec une vitrine « Jeux Olympiques de Paris 2024 ». « C’est le pompon. On va associer l’image des Jeux en France à des produits importés, alors qu’on nous ferme les débouchés», s’insurgent les producteurs locaux.
« Ce sont des décisions nationales. Mais on va remonter tout ça», assure la direction de l’hyper Brest. « On nous a dit la même chose l’année dernière. Nous reviendrons donc la semaine prochaine pour vérifier si ça bouge», préviennent les producteurs à la sortie de l’établissement.