En Allemagne, le Parti social-démocrate attaqué pour sa faiblesse à l’égard de Moscou
Au sein de sa coalition, Olaf Scholz a l’habitude d’être critiqué par ses partenaires écologistes et libéraux pour ne pas avoir suffisamment aidé l’Ukraine à combattre la Russie. Désormais, le chancelier allemand est également critiqué par les intellectuels appartenant à sa famille politique. « En tant qu’universitaires et membres du Parti social-démocrate (SPD)nous observons avec une inquiétude croissante la position du SPD sur la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine »» ont déclaré cinq historiens dans une lettre adressée à la direction du parti et rendue publique mercredi 27 mars.
Co-signée par le très respecté Heinrich August Winkler, éminent spécialiste de l’Allemagne contemporaine et lui-même membre du SPD depuis 1962, cette lettre de deux pages constitue une accusation sévère contre Olaf Scholz et les dirigeants de son parti, accusés de manquement « clarté » dans leur soutien à l’Ukraine. Selon les auteurs de la lettre, le refus récemment exprimé par le chancelier de livrer des missiles à longue portée de type Taurus aux forces de Kiev était justifié par des arguments « arbitraire, tortueux et partiellement inexact ». A leurs yeux, cette décision a été prise «insuffisamment coordonné avec les alliés» de l’Allemagne. UN « manque d’unité » ce qui, selon eux, ne peut que « pousser Poutine à se sentir encore plus encouragé à agir comme il le souhaite ».
Dans leur lettre, les cinq historiens s’en prennent notamment à Rolf Mützenich, le chef des députés du SPD, qu’ils accusent d’avoir déclaré à la tribune du Bundestag, le 14 mars, que « Le moment est peut-être venu de réfléchir à un moyen de geler la guerre ». À leurs yeux, une telle affirmation revient à dire que le conflit doit cesser « au profit de l’agresseur »ce qui est en contradiction avec l’engagement martelé par M. Scholz, selon lequel « L’Ukraine ne doit pas perdre la guerre ».
« L’issue de la guerre sera négociée »
En évoquant un possible » geler « du conflit, M. Mützenich a été vivement critiqué. « Ce type est le politicien le plus dégoûtant de toute l’Allemagne », a réagi l’ancien ambassadeur d’Ukraine à Berlin, Andrij Melnyk, désormais en poste au Brésil. Même au sein du SPD, certains ont pris leurs distances, comme le ministre de la Défense Boris Pistorius, pour qui « il ne doit pas y avoir de gel (de conflit)dont Poutine sortirait renforcé et qui lui permettrait de poursuivre la guerre comme bon lui semble.»
Figure de l’aile gauche du SPD, M. Mützenich s’est toujours distingué par ses convictions pacifistes qui l’ont amené, ces dernières années, à prôner une politique des mains tendues à l’égard de la Russie. Sur ce point, il se retrouve en accord avec les héritiers de l’ancien chancelier Gerhard Schröder (1998-2005). A l’instar de l’actuel président de la République, Frank-Walter Steinmeier, qui, à l’époque où il était ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel (de 2005 à 2009 puis de 2013 à 2017), était considéré comme un « Poutinversteher » (« un de ceux qui comprennent Poutine »).
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