Santé

Des actions pour améliorer la santé des voyageurs en Haute-Vienne

Début 2024, Santé publique France a publié une étude épidémiologique sur la situation sanitaire des voyageurs en Nouvelle-Aquitaine.

« C’est la première fois que nous disposons d’éléments aussi concrets qui démontrent scientifiquement ce que nous observons sur le terrain, à savoir que les conditions de vie des voyageurs sont défavorables à leur santé », constate Annette Marsac, présidente de l’association Ma Camping 87, qui a accompagne les voyageurs de Haute-Vienne dans l’accès aux droits depuis 1993. En 2023, la structure accompagnera plus de 1 000 personnes, adultes et enfants.

Une vulnérabilité accentuée par les conditions de vie

Exemples de données collectées dans cette étude : 22% des familles enquêtées n’avaient pas accès à l’eau courante, 24% n’étaient pas raccordées à un compteur électrique et 41% n’étaient pas équipées de blocs sanitaires avec douche et W.-C.

Concernant la localisation, 43 % des ménages habitent à moins de 200 mètres d’un axe routier ou ferroviaire important, 20 % à proximité d’un site industriel et 9 % d’une déchetterie ou d’une décharge.

« Si dans notre département, les conditions de vie sont moins mauvaises qu’ailleurs, elles restent néanmoins parfois problématiques », souligne le gérant de Ma Camping 87. Lorsqu’il n’y a pas de places dans les espaces d’accueil – un modèle qui ne convient pas à tout le monde – le stationnement illégal prend situé sur des friches sans eau ni électricité et lorsque les familles achètent un terrain, celui-ci n’est pas constructible et donc non raccordable. »

Cet environnement accroît leur vulnérabilité, selon l’enquête où l’on précise que l’espérance de vie des gens du voyage est en moyenne dix ans inférieure à celle du reste de la population européenne. (lire ci-dessous).

Une médiation à développer

Au-delà d’un appel à agir pour améliorer les espaces de vie, par exemple en évaluant au préalable l’impact sur la santé de tout nouvel établissement proposé par les pouvoirs publics, Santé publique France encourage le développement de la médiation sanitaire. En Haute-Vienne, cette mission est réalisée depuis 2018 par Aïcha Halimi.

De formation conseillère en économie sociale et familiale, la médiatrice de santé, dont le poste est financé par l’agence régionale de santé, agit sur plusieurs fronts, comme l’accès aux droits avec les déclarations de grossesse, le rattachement des nouveau-nés, la demande de complémentaire santé ( CSS) en partenariat avec la caisse primaire d’assurance maladie.

La prise de rendez-vous est très souvent électronique. Et pour voir un spécialiste, il faut envoyer une ordonnance par email. Le numérique est un frein et un motif d’abandon des soins

Aïcha Halimi, a réalisé près de 1 200 démarches administratives en 2023.

Le médiateur apporte également un accompagnement physique (trente-huit fois l’an dernier). « Mon objectif est d’aller à la rencontre et de créer du lien entre les voyageurs et les professionnels de santé, pour créer une relation de confiance. Chez certains voyageurs, il y a une peur de ne pas comprendre, une angoisse de se rendre chez le médecin. Il y a un travail pédagogique à faire auprès d’un public voyageur qui vit dans l’immédiateté et auprès des soignants pour lutter contre les discriminations. »