Hamacek, le « faiseur de miracles » de Langon enfin reconnu
NNe cherchez pas son CV sur internet. Wikipédia ne connaît pas Christophe Hamacek. Pas même quelques lignes pour rappeler ses années de talonneur à Clermont-Ferrand, Dax et ses dernières minutes de jeu à Saint-Paul-lès-Dax. Maudite douleur au cou. Encore moins de citer ses passages d’entraîneur à Salies-de-Béarn (Fédérale 3 et 2), Saint-Vincent-de-Tyrosse (Fédérale 1), Béziers (Pro D2), Cognac/Saint-Jean-d’Angély (Fédérale 1). ), Rouen (Pro D2) à Langon (Fédérale 1, Nationale 2, puis Nationale) pendant trois saisons.
Tel est le rugby. Sans carrières brillantes, sans sélection, les portes ne s’ouvrent pas grandes, même pour les plus travailleurs. « Il n’y a pas de petites équipes et je suis très content de mon parcours », rétorque Hamacek, 57 ans. Cela m’a permis d’acquérir une connaissance des joueurs, des phénomènes de groupe, comment amener chacun à donner le meilleur de lui-même dans l’intérêt du collectif. » Jusqu’aux deux titres successifs et les deux montées avec le Stade Langonnais et une 8ème place après 12 journées dans le monde 100% professionnel de Nationale avec une équipe 100% multi-active. Langon pointe à quatre points du 6ème, Albi, et a déjà battu Bourgoin, Massy et Carcassonne dimanche dernier (32-24).
Avec ce parcours incroyable, tous les regards ont fini par se tourner vers le Béarnais de Salies. Pour découvrir quoi ? Qu’il se contente d’un seul terrain pour 500 licenciés, d’un éclairage refait cette année et d’un nouveau joug commandé en juin mais finalement reçu il y a quelques jours. Inutile de lui parler de gourou ou de doctrine, il préfère « faiseur de miracles ou influenceur charismatique ». Instagram n’a donc pas tout inventé.
Un jeu d’enfant
Que disent les influencés ? « Il apportait de la rigueur et de l’exigence, tout en parlant de plaisir », explique le capitaine et troisième ligne Thomas Mendy. Je pense que la positivité qu’il insuffle nous rentre dans la tête et nous donne envie de nous dépouiller sur le terrain. C’est un leader passionné d’hommes. «On avait oublié que c’était avant tout un jeu», glisse Hamacek, les yeux bleus brillants et le sourire d’enfant.
« Il arrive à différencier le cul qui bosse encore pour l’équipe de celui qui fait du désordre »
C’est sûrement de là que vient sa flamme. De la passion pour le jeu et du plaisir qu’il procure. De la probabilité toujours présente de renverser l’adversaire, quel qu’il soit. «J’aime être le gamin qui va jouer un sale tour. Cette saison encore, quand on voit les grands clubs du championnat, je garde cet état d’esprit. Je leur dis que les matches à domicile sont tous des finales et qu’il faut les gagner en sachant à quel point c’est excitant de jouer. »
Romain Cabannes, compagnon du double titre, parti à Orléans, a été témoin de cette transmission : « C’est bouillant, c’est un volcan. Le jour du match venu, il retrouve son âme d’enfant. Ce qui m’impressionne, c’est l’énergie qu’il met avec les gars. » Mais en tant que travailleur acharné et exigeant, il ne fait pas l’unanimité. « Oui, il y a des joueurs qui sont partis en cours de saison, reconnaît Mendy. « Bien sûr, il est entier, mais juste », se défend Cabannes. Il parvient à différencier la personne agaçante qui travaille encore pour l’équipe de celle qui fait des dégâts. Son ancien équipier à l’US Dax, Olivier Roumat, se souvient d’un engagement de longue date : « Il a toujours eu cette passion. Déjà en tant que joueur, il avait une réflexion sur le jeu, il cherchait toujours à comprendre pour optimiser, faire mieux. »
«À armes égales avec Galthié»
C’est comme ça, c’est viscéral. Plus fort que lui. Alors parfois, cela sort sans avertissement. A l’image de l’annonce de son départ de Langon dans la presse, en pleine troisième mi-temps d’un barrage de Nationale 2 remporté. « J’allais perdre Romain (Cabannes), j’en avais marre de nos entraînements dans des conditions mais finalement ça a énervé tout le monde », avoue-t-il. Ou comme ces tweets très critiques du sélectionneur du XV de France, Fabien Galthié. « J’ai entraîné toutes les catégories, et lui ? Je me sens très légitime. Je ne dis pas que j’ai la vérité, mais j’ai des convictions. Alors oui, je suis à égalité avec Galthié pour parler de rugby. » Ça tombe bien, son ami de longue date, le chanteur Cali (lire par ailleurs), aimerait bien le voir entraîner les Bleus.
Avant d’en arriver là, Christophe Hamacek, qui habite à Contis, dans les Landes, peut-il revenir entraîner chez les pros ? Sûrement, oui. « Dans un poste de direction, il serait très bon », parie Mendy. Mais commandé par quelqu’un, je ne sais pas… » A ce jour, le technicien est en discussion avec un club de Top 14 et un club de Pro D2 autour d’un poste d’entraîneur des avants. Un club de National souhaitant revenir en Pro D2 lui a proposé le rôle de manager. « Pour l’instant, j’écoute », conclut le principal concerné. Light oui, mais pas à tout prix.