La verrerie Duralex a été placée en redressement judiciaire
La verrerie française Duralex a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans.
En difficulté, la mythique verrerie Duralex, dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier, a été une nouvelle fois placée en redressement judiciaire mercredi, trois ans après une précédente procédure. Au cours d’une audience qui a duré un peu plus d’une heure, le tribunal a nommé deux représentants légaux et a fixé une nouvelle date d’audience au 5 juin.
« Le tribunal espère trouver un repreneur » pour l’entreprise française en difficulté, a expliqué un magistrat à la presse après l’audience.
A l’audience, au cours de laquelle les juges professionnels ont entendu à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de l’entreprise française, les salariés ont « demandé des explications, qui « nous sommes toujours en attente », a commenté à l’AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.
En attendant la prochaine audience, les deux représentants désignés « font le point sur la situation », a poursuivi le syndicaliste CGT à l’issue de l’audience. « Nous en saurons plus plus tard. Ils essaient de faire ce qu’ils peuvent pour nous », a-t-il ajouté, précisant que les 230 salariés « pourraient continuer à travailler ». A l’extérieur, une dizaine de militants de la CGT et du PCF ont accueilli sereinement la décision.
Crise de l’énergie
« Duralex est en difficulté depuis plusieurs années », avait reconnu plus tôt la nouvelle PDG de l’entreprise, Géraldine Fiacre, dans un entretien au quotidien régional La République du Centre. « En 2021, nous avons eu un beau projet verrier, mais la crise énergétique a été le plus gros obstacle qui a conduit à la mise en veille du four », précise le dirigeant, présent à l’audience. En 2023, l’entreprise « a subi une forte baisse de la consommation », a-t-elle poursuivi.
Interrogé par la presse après l’audience, le dirigeant n’a pas souhaité s’exprimer.
Ce n’est pas une première pour l’entreprise, qui avait déjà été placée en redressement judiciaire il y a trois ans et sauvée à la dernière minute. « Le problème, c’est qu’on commence à s’y habituer », déplore le délégué Force ouvrière (FO) Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié a passé dans l’usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Pour cet élu, il s’agit d' »un problème de gestion de l’entreprise », dont les « coûts fixes de 2,5 millions d’euros mensuels » sont trop élevés.
En attendant, si « les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l’arrêt et les agences d’intérim ont déjà rappelé les 30 à 40 intérimaires présents chez Duralex », s’inquiète François Dufranne.
« Ici, avant, il y avait 1 500 salariés de Duralex, 1 500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin », se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d’anciens collègues, aujourd’hui retraités, venus les soutenir. La seconde a fermé ses portes et il ne reste plus que quelques centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et assiettes colorés, réputés incassables, qui sont un peu « la vaisselle de la Tour Eiffel ». « , selon Duralex.
« De belles promesses »
Dans un communiqué envoyé la semaine dernière, la CGT du département dénonce une « décision politique » visant « à rationaliser et optimiser l’investissement des actionnaires ». « Les belles promesses auront quand même permis aux actionnaires d’empocher des millions d’euros d’aides financières de l’Etat et des collectivités locales, dont les 15 millions versés récemment » par les autorités, souligne encore le syndicat.
Duralex, confrontée à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, a été temporairement sauvée grâce à un prêt de 15 millions d’euros de l’État. De quoi permettre à l’usine de rouvrir son four de verrerie et de relancer sa production après cinq mois de fermeture. Parallèlement, la société New Duralex International (NDI) affirme avoir été récemment condamnée à payer les droits de pollution de l’ancien propriétaire de Duralex.
Incompréhensible selon les représentants syndicaux : « On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu’en 2030, de belles présentations, un grand ‘discours’ et trois semaines plus tard, nous avons appris la demande de recours en justice », s’agace François Dufranne. Aucun chiffre n’a été détaillé lors de l’audience, ont indiqué plusieurs sources syndicales et judiciaires.