la nouvelle Constitution largement approuvée par référendum
Les bulletins verts l’ont largement emporté sur les bulletins rouges. Selon des données provisoires publiées dimanche 17 novembre par le ministère gabonais de l’Intérieur, les électeurs ont validé à 91,8% la nouvelle Constitution élaborée par le régime militaire du général Brice Oligui Nguema.
Enjeu crucial de ce référendum porté par le nouvel homme fort du pays, le taux de participation s’est élevé à 53,54% – bien en deçà des premières estimations (71%).
Au total, 868 115 électeurs ont été appelés samedi à voter vert pour le oui ou rouge pour le non lors de la journée de vote, présentée par le gouvernement comme un « moment historique » et « tournant majeur » pour le pays, un peu plus d’un an après le putsch qui a mis fin à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo.
Une fois les résultats définitifs confirmés par la Cour constitutionnelle, la prochaine étape sera la tenue d’une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre fin à la transition. Le général Oligui a promis de rendre le pouvoir aux civils mais il ne cache pas ses ambitions présidentielles en promettant également un « monter vers le bonheur » à ce pays à la fois riche en pétrole et lourdement endetté. « Nous sommes ici pour construire le pays, et nous construirons ce pays ensemble »a-t-il déclaré vendredi sous les applaudissements en inaugurant un marché à Libreville.
Aucun incident majeur signalé lors du vote
Depuis vendredi, les autorités ont renforcé le couvre-feu mis en place depuis le coup d’État du 30 août 2023, avec des calendriers « réaménagé à partir de (minuit) à 5 heures du matin pendant toute la durée du processus électoral ».
Aucun incident majeur n’a été signalé lors de la journée de vote, selon les autorités et selon le Citizen Observers Network (ROC), une plateforme d’associations locales soutenue par les Nations Unies.
Le gouvernement l’a présenté comme un « garantie de transparence » la présence d’une trentaine de missions d’observation internationales – mises à l’écart lors de l’élection présidentielle d’août 2023, qui a conduit à la réélection d’Ali Bongo, puis à sa destitution sur des accusations de fraude électorale et de détournement de fonds publics. S’ils ont pu suivre le déroulement du vote, « Les observateurs n’ont pas pu assister au dépouillement dans certains bureaux »selon le ROC, qui avait déployé 250 personnes sur le terrain.
Conformément au code électoral gabonais, les bulletins de vote ont été incinérés dans chacun des bureaux de vote après dépouillement. Le procès-verbal des résultats était centralisé au ministère de l’Intérieur, qui remplaçait les autorités électorales, dissoutes après le coup d’État.
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Le vote, organisé « dans un contexte de transition où les aspirations à une nouvelle gouvernance et à des réformes structurelles se sont cristallisées »se tenait dans un « ambiance calme et sereine » avec un « organisation structurée et fonctionnelle »a assuré le ROC dans un communiqué publié dimanche.
Les opposants dénoncent un texte autorisant un régime « dictatorial »
Dominée par la propagande officielle, la campagne, ouverte début novembre, a été marquée par des débats animés. Les opposants au projet ont dénoncé un texte permettant à un régime « dictatorial » taillée sur mesure pour le président de la transition, ses partisans affirmant qu’il fallait avancer en votant oui.
Les 173 articles de la nouvelle Loi fondamentale, fruit des contributions recueillies au printemps lors d’un dialogue national, établissent entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort, sans président ministre. et l’impossibilité d’une transmission dynastique du pouvoir.
Son deuxième article grave dans le marbre l’accession au pouvoir de la junte dirigée par le général Oligui le 30 août 2023, avec la mise en place d’une « Fête de la Libération ». L’article 170 exempte de poursuites et de condamnations « les acteurs des événements allant du 29 août 2023 à l’investiture du président de la transition »4 septembre.
Plusieurs dispositions ne peuvent faire l’objet d’aucune révision ultérieure. Parmi eux : la limite de deux mandats présidentiels successifs, le mode d’élection au suffrage universel direct ou encore le mariage réservé à deux individus de sexes opposés. Nouvelle disposition, le service militaire devient obligatoire, pour les filles comme pour les garçons.