Macron en Argentine pour « connecter » Milei au « consensus international »
Emmanuel Macron est arrivé samedi soir en Argentine pour rencontrer le président ultralibéral Javier Milei, admirateur de Donald Trump, dans l’espoir de le « raccrocher » au « consensus international » notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique, à la veille du G20 en Argentine. Brésil.
L’avion présidentiel a atterri vers 19H00 (22H00 GMT) à l’aéroport de Buenos Aires, selon l’Elysée. Le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte, devait ensuite dîner avec son homologue argentin et sa sœur Karina Milei, secrétaire générale de la présidence, avant un nouvel entretien dimanche.
« Nous ne pensons pas toujours la même chose sur de nombreux sujets. Mais c’est très utile de discuter» avant le G20, a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo depuis son avion publiée sur TikTok.
« Nous allons parler de nos intérêts commerciaux, de nos échanges commerciaux, de la défense de notre agriculture et de nos agriculteurs », a-t-il ajouté.
Au cours de sa tournée en Amérique latine qui le mènera également au Chili, il devra expliquer aux pays du Mercosur, dont l’Argentine et le Brésil, pourquoi il s’oppose à la signature d’un accord de libre-échange entre ce bloc régional et l’Union européenne.
Les agriculteurs français comptent se mobiliser dans les prochains jours contre ce traité que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici la fin de l’année. Ils craignent un déferlement de la viande latino-américaine, et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits non soumis aux strictes normes environnementales et sanitaires en vigueur en Europe.
Le timing de cette visite est particulier. Javier Milei revient de Mar-a-Lago, résidence de Donald Trump en Floride, où il a participé à un forum conservateur au cours duquel il a prôné une « alliance » avec les États-Unis, l’Italie de Giorgia Meloni et Israël pour préserver « l’héritage occidental » menacé, en à ses yeux, par « l’hégémonie culturelle de la gauche ».
Tant le président élu des États-Unis que le dirigeant argentin caressent l’idée de tourner le dos aux grands accords et objectifs multilatéraux en matière de climat.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron espère « convaincre l’Argentine de continuer à participer au consensus international », explique l’Elysée. Et donc « relier le président Milei aux priorités du G20 », auquel ils participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.
L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations sur le climat de la COP29 à Bakou, et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump lui-même a fait lors de son premier mandat.
A Paris, on avance qu’Emmanuel Macron est l’un des seuls dirigeants étrangers reçus à Buenos Aires depuis l’élection de son homologue.
Hommage aux victimes
Le président français aime afficher sa capacité à dialoguer avec des homologues controversés, voire ostracisés. Quitte à faire preuve d’une certaine proximité, sans pour autant nier les différences, même si les résultats de cette approche sont jusqu’ici mitigés.
« Ce sera un test du poids et de l’influence de Macron en Amérique latine », a déclaré Oscar Soria, militant argentin et vétéran des négociations sur le climat. « S’il ne parvient pas à convaincre Milei de rester dans l’Accord de Paris, cela montrera qu’il a perdu son aura dans la région », ajoute-t-il, craignant que cela n’ouvre la voie à d’autres retraits « en cascade » des pays d’Amérique du Sud.
Si les réformes forcées et les coupes drastiques dans les dépenses publiques pour ramener Buenos Aires à l’équilibre budgétaire sont controversées pour leur coût social, la France se montre plutôt élogieuse, jugeant qu’elles « vont dans la bonne direction ».
Paris entend également approfondir ses relations économiques, notamment dans le domaine des métaux critiques, alors que la société minière française Eramet vient d’inaugurer une mine de lithium en Argentine.
Emmanuel Macron devrait également tenter d’avancer sur une éventuelle vente des sous-marins français Scorpène, même si la présidence française relativise l’avancée des négociations.
Dimanche, le président français rendra également hommage aux vingt Français disparus et assassinés sous la dictature militaire argentine entre 1976 et 1979, alors que Javier Milei est accusé par ses détracteurs de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire de son pays. .
Après l’Argentine, puis le G20, Emmanuel Macron se rendra au Chili, où il prononcera jeudi un discours devant le Congrès de Valparaiso sur sa politique à l’égard de l’Amérique latine.
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