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En faisant le plein de technologie, les voitures chinoises font-elles fausse route ?

Au salon de Paris, les marques chinoises étaient à l’honneur. Ils ont montré leur force. Mais cette débauche technologique est-elle réellement la clé de la conquête de l’Europe ?

Sur son stand du Mondial de l’Automobile de Paris, Aito exposait fièrement sa gamme avec les SUV M5, M7 et M9. Une gamme, mais aussi une volonté de promouvoir la technologie avec la présentation d’un châssis complet, de moteurs ou encore de la structure de carrosserie du M9 faisant largement appel à la technique du Gigacasting. Autant de manifestations qui n’ont guère retenu l’attention, contrairement à ce que l’on voit sur les salons chinois. Le public n’est clairement pas le même.

Dans le même esprit, la démonstration de la capacité des phares M9 s’est faite via la projection de vidéos sur un mur. Effet wow garanti, mais au bout de quelques secondes, on se demande « à quoi ça sert »… Dommage, puisque ces phares équipés de millions de pixels ont bien d’autres fonctions plus utiles : aides à la conduite, navigation…

Le monde automobile chinois est pris dans une spirale technologique, entre les constructeurs automobiles qui veulent devenir des entreprises technologiques (Nio, Xpeng, BYD, etc.) et les entreprises technologiques qui veulent vendre des voitures (Huawei, Xiaomi, Baidu, Alibaba…). Sur leur marché, les constructeurs rivalisent donc d’ingéniosité pour proposer sans cesse de nouvelles fonctions sur leurs derniers modèles : véhicule semi-amphibie, voiture qui saute sur place, qui tourne sur elle-même, qui se déplace dans une perpendiculaire pour un meilleur stationnement, qui affiche des messages aux autres. usagers de la route, etc.

Cependant, nous devons séparer le bon grain de l’ivraie. Les constructeurs travaillent également sur des technologies vraiment utiles. Par exemple, les systèmes avancés de conduite autonome de niveau L2+, voire de niveau 4 en stationnement, en font partie. Tout comme les dernières batteries à charge ultra rapide qui atteignent désormais un coefficient de charge de 5C ou 6C. Et bientôt plus.

Pour quelle identité ?

Pour l’instant, cette stratégie semble fonctionner. Sur le marché chinois. En octobre, les marques chinoises représentaient plus de 60 % des immatriculations, alors qu’elles en représentaient moins de 40 % avant 2020. Sur le marché électrique, leur part atteint même désormais 90 %. . Ce qui pourrait au passage confirmer la futilité de tous les efforts des constructeurs étrangers pour maintenir leur présence en Chine.

Mais c’est différent en Europe. Ici, le client n’est pas tout à fait le même et il n’a pas le même rapport à la technologie. Non, malgré tout son contenu technologique, un Aito M9 ne pourra pas se vendre au même prix qu’un Bentley Bentayga… Cette dernière a beau afficher beaucoup moins d’équipements sur sa brochure, mais elle a au moins une chose qu’elle n’a pas. avoir. son concurrent de Huawei. Un B ailé. Le client européen reste attaché aux éléments immatériels que doivent exprimer les modèles : histoire, image de marque, tradition, savoir-faire.

Et ce n’est pas forcément une question d’âge. Jaguar a presque 90 ans, mais la marque s’est égarée et ses modèles ont perdu le lien avec son identité très forte. A l’inverse, Genesis a compris la nécessité de construire son image brique par brique, avant même de vanter la technologie embarquée.

Une identité qui manque clairement aux différentes marques chinoises. Il suffit de placer côte à côte une dizaine de berlines ou SUV chinois pour s’en rendre compte. Idem à l’intérieur avec des tableaux de bord quasiment interchangeables d’une marque à l’autre. Autant de voitures séduisantes, individuellement, mais qui finissent par se fondre dans une masse anonyme.

Ce n’est donc sans doute pas pour rien que la marque chinoise qui marche le mieux en Europe est… MG. Morris Garages, une marque qui fête cette année ses 100 ans en lançant un roadster qui renoue le lien avec son histoire tourmentée.

C’est sans doute l’un des chantiers les plus importants pour les constructeurs chinois s’ils veulent réellement s’implanter en Europe : comprendre le client européen et dialoguer avec lui. Message qui fait déjà son chemin dans les staffs…

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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