Boostés par Airbnb, les conciergeries estiment que la plateforme « a complètement transformé l’activité »
TLes propriétaires la contactent quotidiennement. Et régulièrement, elle reçoit des appels de personnes envisageant de se lancer. Depuis Châtelaillon-Plage, station balnéaire au sud de La Rochelle, Cécile Duval mesure quotidiennement le dynamisme de la location courte durée et les effets sur son activité de conciergerie.
Depuis son avant-poste, elle constate aussi la fièvre qui s’empare de certains propriétaires : « Beaucoup surestiment les revenus potentiels, s’imaginant qu’ils loueront à l’année, comme à La Rochelle, ou à « Châtel ». la location reste très saisonnière. » Cécile Duval voit également ses collègues disparaître aussi vite qu’ils sont apparus, un an ou deux après leur installation. « Cela prend beaucoup de temps si l’on veut bien le faire. » De son côté, elle limite son activité, qui complète celle d’agent immobilier indépendant, à la gestion de quatre maisons.
Prend du temps
L’évolution des services de conciergerie est directement liée à la montée en puissance des plateformes. « L’arrivée d’Airbnb a complètement transformé l’activité », confirme Valérie, qui travaille depuis près de vingt ans pour Bon Séjour en France, une agence Relais spécialisée dans la location saisonnière.
Selon une étude réalisée par l’Université de La Rochelle, les annonces sur Abritel et Airbnb sont passées de 1 325 en 2016 à 5 067 en 2022, à l’Île de Ré où les dix communes s’apprêtent à appliquer des quotas. Pour ceux qui connaissent le coin, ce chiffre monterait même à 6 000 si l’on y ajoute les locations qui passent inaperçues. Il existe actuellement une quarantaine de services de conciergerie dans ce haut lieu touristique, avec un chiffre d’affaires important.
« Nous n’avons ni convention collective, ni code APE. Aujourd’hui, en France, on peut répertorier les boucheries, pas les conciergeries”
« Ça a l’air sympa comme ça, mais il ne s’agit pas seulement de remettre les clés et de faire un petit ménage en sortant », renchérit un professionnel de l’île. « Si l’on est seul et insuffisamment organisé, on peut très vite se sentir dépassé. » Les professionnels perçoivent en moyenne 20 % HT des revenus locatifs.
Devenez un acteur identifié
Pour pallier la pénurie de main d’œuvre, Hoomy, très présent sur la façade atlantique, s’apprête à lancer l’alternance. Les problèmes ? Professionnaliser, remédier aux difficultés de recrutement mais aussi redonner de la crédibilité à la profession. « Sur les questions réglementaires, nous sommes très frustrés de ne pas être à la table des négociations », déplore le fondateur de la société nantaise, Thierry Violleau, qui a initié la création du réseau des Conciergeries Locatives de France (CLF). « Mais ce n’est pas surprenant puisque nous n’existons pas : nous n’avons pas de convention collective, pas de code APE (celui attribué par l’Insee en fonction de l’activité principale, NDLR). Aujourd’hui, en France, on peut répertorier les boucheries, et non les conciergeries. »
Partisan de la régulation, ce patron de 65 salariés considère que la profession peut être un acteur de transformation : « Le business est colossal et génère beaucoup de ‘noirs’, c’est normal qu’il soit réglementé. Si demain il fallait identifier des logements, assurer l’application d’une charte, cela ne me poserait aucun problème. Nous avons tous intérêt à ce que la richesse serve à créer de la valeur. »