ce que révèle l’étude de l’Insee sur la natalité
Passé sous la barre des 700 000 naissances, le nombre de nouveau-nés a été historiquement bas en France en 2023. Une tendance durable observée à l’échelle européenne, selon une étude de l’institut national de la statistique publiée jeudi.
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L’indicateur n’a pas été aussi bas depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2023, 677 800 bébés sont nés en France, soit une baisse de 6,6 % par rapport à 2022, révèle l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une étude publiée jeudi 14 novembre.Il s’agit d’un déclin d’une ampleur jamais vue depuis la fin du baby-boom au milieu des années 1970. »précise l’organisation. L’espérance de vie qui ne cesse d’augmenter, mais aussi les inquiétudes liées aux conflits, à la crise environnementale et à la situation économique du pays expliquent cette tendance, selon les experts interrogés par franceinfo. Cette dynamique est désormais observée depuis plus d’une décennie et devrait se confirmer en 2024, puisque le nombre de naissances a baissé de 2,7% depuis le début de l’année.
Une tendance à long terme
Selon l’Insee, cette tendance démographique à la baisse semble s’inscrire dans la durée en France. Mais 2023 marque la plus forte baisse de la natalité observée en un an. « Contrairement aux baisses de 1983 ou 1993, celle de 2023 s’inscrit également dans une tendance de long terme« , confirme l’Insee. Entre 2010 et 2023, la France (hors Mayotte) a enregistré une baisse des naissances de 19,8%. La seule exception à cette baisse continue a été l’année 2021, où un léger rebond a eu lieu, probablement dû à l’effet des confinements. , depuis 2015, le nombre de femmes en âge de procréer (âgées de 15 à 49 ans) reste stable. Cette baisse des naissances reflète donc « .une baisse de la fécondité » avec une moyenne de 1,68 bébé par mère, contre plus de deux enfants par femme en 2010. Cette tendance a conduit le président Emmanuel Macron à appeler à « réarmement démographique« du pays, suscitant de nombreuses critiques dans les rangs féministes et de gauche »,qui y voyait une tentative de contrôle du corps des femmes »rappelle l’AFP.
Autre enseignement de l’étude, pour la première fois depuis 2010, cette baisse concerne toutes les mères, « y compris les plus âgés » :-4,2% pour les mères de 35 à 39 ans et -5% pour celles d’au moins 40 ans. « Auparavant, avec le report de l’âge de procréer, les naissances chez les mères de 35 ans ou plus augmentaient »note l’Insee. Si le taux de fécondité est habituellement plus élevé chez les femmes entre 25 et 34 ans, c’est dans cette tranche d’âge que la baisse de la natalité est la plus significative en 2023 : -7,4% pour les femmes entre 25 et 29 ans et -8,6% pour les femmes entre 25 et 34 ans. ceux âgés de 30 à 34 ans.
Un déclin plus marqué en milieu rural
Le phénomène ne s’observe pas de la même manière sur l’ensemble du territoire. Entre 2022 et 2023, le rapport de l’Insee note notamment des différences entre les communes rurales, qui concentrent un quart des naissances, et les centres urbains. Les communes non périurbaines affichent une baisse de 8,4%. Quant aux zones rurales périurbaines, elles sont les plus touchées, avec une baisse des naissances de 9,1% par rapport à l’année précédente. « Ces territoires ont connu les plus fortes baisses avant la crise sanitaire, entre 2015 et 2019.note l’institut de statistique. A l’inverse, dans les départements d’outre-mer, la baisse est trois fois moindre, s’établissant à seulement 3 %.
Dans les grandes villes, qui représentent 45 % des naissances, la baisse reste un peu moins forte, atteignant 5 %. Les communes urbaines de densité intermédiaire affichent une baisse des naissances similaire à celle de l’ensemble du pays, à 6,6%.
Un phénomène observé partout en Europe
La France s’inscrit dans une tendance à l’échelle du continent. L’année dernière, l’Union européenne a enregistré 3,7 millions de nouveau-nés, soit une baisse de 5,5% par rapport à 2022. « Au total, entre 2019 et 2023, le nombre de naissances diminuera de 12 % dans l’ensemble de l’Union » contre 10% en France, souligne l’institut des statistiques. Dans la plupart des pays de l’UE, notamment ceux du Nord, cette baisse est avant tout liée à une baisse de la fécondité. Dans les pays du Sud et de l’Est, on constate une baisse du nombre de femmes en âge de procréer depuis 2019. Pays de l’Est (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Tchéquie) On observe la plus forte baisse des naissances dans l’UE entre 2022 et 2023 : 9,3%, soit près de 3 points de plus qu’en France.