Production, emploi… Quelles conséquences pour le site de Vergèze après la destruction de deux millions de bouteilles de Perrier
L’usine Perrier de Vergèze emploie un millier de personnes. La fermeture d’un des sept puits, contaminé par des bactéries, aura un effet sur les volumes de ventes et non sur l’emploi.
1. Ce que dit l’arrêté du préfet
Le 19 avril, le préfet du Gard Jérôme Bonet a pris un arrêté enjoignant à Nestlé Waters de ne plus exploiter le puits Romaine VIII sur le site de Vergèze. C’est dans cette commune du Gard que l’on produit depuis plus d’un siècle la célèbre eau gazeuse Perrier.
L’entreprise, propriété du géant Nestlé depuis 1992, possède ici 70 hectares sur lesquels sont implantés sept forages. Cinq sont dédiées à la production de la boisson Perrier, tandis que deux autres sont réservées à cette nouvelle gamme de boissons aromatisées en cours de lancement baptisée Maison Perrier.
Le bassin versant en question est l’un des cinq producteurs de Perrier. Ses analyses bactériologiques étaient mauvaises dès le 10 mars, avec des germes d’origine fécale. D’autres prélèvements ont été réalisés par l’ARS les 14 mars, 20 mars et 26 mars.
L’Agence régionale de santé a également constaté que la contamination par pseudomonas aeruginosa a également été mis en évidence au niveau d’une unité de microfiltration située en amont de la ligne d’embouteillage numéro 34.
L’arrêté préfectoral établit clairement un lien avec les épisodes pluvieux méditerranéens survenus quelques heures avant la contamination, et constate même que ce n’est pas la première fois sur le puits Romaine VIII. L’administration note que « les mesures mises en place par l’exploitant pour identifier et éliminer la source de pollution n’ont pas permis de fournir une eau conforme aux normes bactériologiques » et aussi que ces épisodes méditerranéens sont voués à se reproduire « à la fois en fréquence et en intensité ».
Le préfet considère donc qu’une contamination des eaux conditionnées issues de ce forage ne peut être exclue, et « peut présenter un risque pour la santé des consommateurs ». Il est donc logique qu’il soit interdit à l’exploitant de continuer à puiser de l’eau dans ce captage spécifique.
2. Quelles conséquences ?
Il ne s’agit en aucun cas d’un rappel de produit. Les bouteilles soupçonnées de contenir de l’eau de captage contaminée ont été détruites sur place.
La destruction concerne précisément 2 millions de « goulots » ou unités (un « goulot » peut être une canette, une petite ou grande bouteille, du plastique ou du verre, etc.) quand, en 2023, l’usine Vergèze a libéré 1,2 milliard de bouteilles et a l’ambition de retrouver ses anciennes capacités de l’ordre de 1,7 à 1,8 milliard. Nestlé Waters assure que dans l’immédiat, toutes les références seront présentes dans le commerce, mais peut-être avec une baisse des volumes pour certaines.
En termes d’emploi, le groupe déclare qu’il n’y a pas d’impact sur l’activité du site (qui compte environ un millier de salariés).
3. Quand reviendrons-nous à la normale ?
La préfecture estime qu’il est nécessaire de mener des campagnes de recherches complémentaires afin d’identifier la ou les sources potentielles de pollution des eaux, avant de remettre en service le forage. Un hydrogéologue agréé en matière d’hygiène publique sera demandé.
La surveillance de la qualité de l’eau brute de ce puits pourrait durer jusqu’à un an. Un nouvel arrêté préfectoral sera nécessaire pour réexploiter ces forages, il ne sera pris qu’après avis du directeur de l’ARS.