Noëlle Bréham, des « P’titsboats » de l’Inter, obtient gain de cause
Sur la station depuis 1982, la voix de l’émission jeunesse a refusé en 2022 de signer un énième CDD pour solliciter un CDI. Radio France s’est alors séparée du producteur, qui vient d’obtenir une indemnisation des prud’hommes. Une victoire inédite mais mitigée pour Noëlle Bréham, dont l’avocat annonce avoir fait appel.
Publié le 14 novembre 2024 à 10h06
Aancien producteur-animateur de l’émission Les petits bateaux, sur France Inter, Noëlle Bréham a obtenu une indemnisation des prud’hommes après son licenciement « brutal » en 2022, a indiqué mardi son avocat. Celui qui a animé plusieurs émissions à la radio publique, dont Les petits bateaux depuis vingt-cinq ans, avait à l’époque « a refusé un énième CDD » et a demandé un CDI. La pratique est, à la Maison Ronde (comme à France Télévisions), d’employer les producteurs des programmes selon des « contrats de grille » (CDDU), qui durent pour la durée d’une saison radiophonique et sont renouvelés, ou non, d’année en année. à l’année.
Le groupe Radio France évoquait alors « une séparation » fait « avec regret, après avoir constaté que Noëlle Bréham ne souhaitait pas régulariser sa situation contractuelle deux mois après le début de la saison en cours ». Son spectacle emblématique, Les petits bateaux, a été repris par Camille Crosnier et continue de répondre aux questions simples et directes des enfants sur l’évolution du monde.
Dégâts
« Les prud’hommes de Paris viennent de donner raison à Noëlle Bréham en requalifiant tous les contrats à durée déterminée conclus depuis 1982 en contrats à durée indéterminée, en attribuant une responsabilité fautive à l’employeur dans la rupture du contrat de travail et en ordonnant une indemnisation substantielle », a déclaré son avocat Yoann Sibille. « Les emplois occupés par le salarié étaient liés à l’activité durable de l’entreprise et ne constituaient pas des emplois temporaires », » précise le jugement, consulté par l’AFP. Le groupe public a été condamné à lui verser, entre autres, près de 70 000 euros d’indemnité de départ et 26 000 euros de dommages et intérêts pour licenciement sans motif réel et sérieux.
Des sommes qui n’ont pas satisfait la plaignante : son avocat précise Télérama fait appel de la décision. Ces montants s’expliquent, selon l’avocat, par l’application par les prud’hommes d’un délai de prescription de trois ans pour une grande partie des demandes d’arriérés de salaires et de primes, « ce qui n’a pas sa place dans ce cas »assure-t-il, ainsi qu’un refus de reclassement du contrat à temps plein qu’il estime « injustifié ». « L’indemnisation du caractère abusif du licenciement me semble également trop faible au vu de la situation. C’est donc une victoire, mais qui a vocation à être amplifiée”selon lui.
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Mᵉ Sibille a souligné que, « Tout au long de sa carrière, Noëlle Bréham a souffert d’une précarité contractuelle précaire et dommageable financièrement : peur de ne pas être renouvelée en fin de saison, impossibilité de formuler la moindre critique de ce fait, période estivale non rémunérée » notamment. A ses yeux, au-delà de son cas personnel, ce jugement « rassure de nombreux salariés de l’audiovisuel public qui remettent en cause une politique structurelle illégale de recours à des contrats précaires ». Contacté, le groupe Radio France n’a pas encore répondu.