La sexualité a connu des « changements majeurs » en France en dix ans, selon une vaste enquête qui met en évidence une augmentation des relations forcées
La sexualité a connu « des changements majeurs » dans dix ans en France, selon une vaste enquête publiée mercredi 13 novembre, qui révèle « des pratiques plus variées »moins de prédominance hétérosexuelle, des relations moins fréquentes et un niveau de violence qui reste préoccupant.
Ces développements « la plupart s’inscrivent dans la durée, bien avant #metoo »a souligné Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm, lors de la présentation de cette enquête scientifique publiée par son institut et l’ANRS Maladies infectieuses émergentes.
La mobilisation sociale contre les formes de violence sexuelle a également « modifié les cadres normatifs du consentement »mais l’enquête « dresse un tableau de l’ampleur de ces violences qui reste préoccupant ». Ainsi, 29,8% en 2023 des femmes âgées de 18 à 69 ans déclarent avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative de rapport sexuel forcé, contre 15,9% en 2006. Chez les hommes, ces chiffres sont passés de 4,6% en 2006 à 8,7% en 2023.
Augmentation du nombre de partenaires
Fruit de cinq années de travail, cette enquête sur « contexte des sexualités en France 2023 » est la quatrième enquête scientifique depuis 1970 à étudier la vie affective et sexuelle en France et à la replacer dans le contexte des évolutions sociétales. Elle s’appuie sur les réponses à un questionnaire téléphonique auprès de plus de 31 000 personnes âgées de 15 à 89 ans, tirées au sort, en France métropolitaine et dans quatre territoires d’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion).
Dans ses premiers résultats pour la France métropolitaine, l’enquête montre « surgir » de l’âge médian au premier rapport sexuel, à 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes en 2023.
Le nombre moyen de partenaires des femmes de 18 à 69 ans ayant déjà eu des rapports sexuels est passé de 3,4 partenaires en moyenne au cours de leur vie en 1992 à 4,5 en 2006 et à 7,9 en 2023. Pour les hommes, ces chiffres, stables entre 1992 et 2006 autour 11, ont augmenté « substantiellement » à 16,4 partenaires en moyenne en 2023.
Le répertoire des pratiques était « considérablement diversifié »de plus en plus d’hommes et de femmes déclarent avoir expérimenté d’autres pratiques sexuelles (masturbation, sexe oral et rapport anal) que le rapport vaginal.
Dans le même temps, certains indicateurs d’activité sexuelle ont diminué. En 2023, 77,2 % des femmes (contre 82,9 % en 2006) et 81,6 % des hommes (contre 89,1 % en 2006) âgés de 18 à 69 ans déclaraient avoir eu une activité sexuelle avec un partenaire au cours des douze derniers mois. Les résultats montrent également une diminution chez les femmes, depuis 2006, de la fréquence des relations sexuelles acceptées pour plaire à son partenaire sans vraiment le vouloir soi-même.
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Autre phénomène notable : la proportion de personnes ayant une sexualité non exclusivement hétérosexuelle « augmente de manière très significative »Et « Pour la première fois en 2023, les femmes rapportent plus d’expériences avec des personnes du même sexe que les hommes ».