entre la France et l’Azerbaïdjan, une crise sans précédent
Emmanuel Macron n’ira pas à la COP29, malgré l’importance majeure de la question climatique pour la diplomatie française et pour son image personnelle. C’est la conséquence d’une dégradation continue des relations entre Paris et Bakou, qui trouve son origine dans le soutien très fort de la France à l’Arménie dans son conflit territorial avec l’Azerbaïdjan, et qui conduit aujourd’hui à des accusations mutuelles d’ingérence dans les affaires intérieures.
Bakou n’a pas apprécié que Paris saisisse le Conseil de sécurité des Nations Unies en septembre 2022 et entame, en octobre 2023, une coopération militaire avec l’Arménie. Avec la livraison de véhicules blindés Bastion, de trois radars GM200, de missiles anti-aériens Mistral 3 et de canons automoteurs Caesar. L’objectif est de reconstituer une armée très diminuée après la cinglante défaite infligée par Bakou au Haut-Karabakh en 2020.
Ulcérée, la présidence azerbaïdjanaise a réagi par une virulente campagne médiatique anti-française aux connotations « anticolonialistes » visant à attiser le ressentiment envers la métropole en Nouvelle-Calédonie et aux Antilles. Baptisé « Bakou Initiative Group », ce projet d’influence, coordonné avec les services de renseignement russes, apporte depuis plusieurs mois un soutien très démonstratif à tous les mouvements indépendantistes dans les territoires d’outre-mer et aux voix hostiles à la France en Afrique.
Sanction excessive
En décembre 2023, la justice azerbaïdjanaise a incarcéré un homme d’affaires français, Martin Ryan, l’accusant d’espionnage au profit de Paris. En 2024, deux autres Français, le graffeur Théo Clerc et l’homme d’affaires Anass Derraz, ont subi les foudres de la justice dans des affaires distinctes aux connotations politiques et sont actuellement détenus en Azerbaïdjan. Le Quai d’Orsay réagit le 4 septembre en conseillant aux Français de ne pas se rendre, « sauf raison impérative », dans le pays en raison de « risque d’arrestation, de détention arbitraire et de procès inéquitable ». Fin septembre, le dissident azerbaïdjanais Vidadi Isgandarli a été assassiné à Mulhouse (Haut-Rhin). Ses proches et amis sont convaincus que le meurtre a été ordonné par le régime du président Ilham Aliev. Une enquête est en cours.
Soupçonnées de vouloir faire pression sur la France en procédant à des arrestations arbitraires, les autorités azerbaïdjanaises affirment, de leur côté, disposer d’éléments tangibles étayant leurs accusations. Dans l’affaire Martin Ryan, les services de renseignement intérieur du pays ont, selon nos informations, découvert des échanges écrits dans son téléphone avec un agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en poste à l’ambassade de France, à Bakou. Pour les services secrets français, ce dialogue n’avait aucune dimension clandestine, car ces réunions étaient menées par un agent de la DGSE dûment enregistré auprès des autorités locales, comme c’est le cas pour la plupart des membres des services secrets déployés dans les ambassades. .
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