Dans la métropole bordelaise, le chauffage au bois est un mauvais exemple de pollution de l’air
« Cela fera 65 euros, s’il vous plaît. » Il est midi passé, ce mercredi de novembre, et Arthur Lelièvre vient de terminer de ramoner une cheminée chez un particulier à Villenave-d’Ornon. La saison du ramonage est déjà bien lancée et devrait se poursuivre jusqu’à Noël. Insert, poêle à bûches ou à granulés, la société Ramonetou s’occupe de l’entretien de tous types de chauffage au bois. Arthur Lelièvre, responsable de l’agence de Gironde, fait aussi de la prévention. Car un mauvais entretien des appareils augmente les risques d’incendie et d’empoisonnement. « Il y a chaque année plusieurs décès par intoxication en Gironde », assure-t-il derrière son masque contre les particules fines.
Il n’en demeure pas moins qu’à l’approche de l’hiver, le chauffage au bois est aujourd’hui responsable d’une grande partie de la pollution de l’air de la métropole bordelaise. Julie Gault, d’Atmo, l’observatoire qui mesure la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine, explique : « La combustion du bois émet notamment des particules fines inférieures à 10 ou 2,5 micromètres, des PM.10 et le PM2.5. Plus les particules émises sont fines, plus elles pénètrent facilement dans le corps humain. » Avec les conséquences que cela a sur la santé (asthme, accident vasculaire cérébral, etc.).
À Bordeaux, le secteur résidentiel et tertiaire émet 42% de particules PM10. « Derrière ces émissions, on retrouve principalement le chauffage au bois. » Ces chiffres sont désormais réévalués par les ingénieurs associés à Atmo. «La part du chauffage au bois dans la pollution de l’air est probablement sous-estimée», explique Julie Gault.
Remplacez les appareils les plus polluants
C’est donc lorsque les températures baissent et que les cheminées et poêles se rallument que cette pollution est la plus importante. En hiver, le chauffage résidentiel au bois peut représenter en moyenne jusqu’à 90 % des émissions de particules PM10 selon Atmo.
Les chiffres de l’observatoire parlent d’eux-mêmes, mettant en avant l’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air. En 2018, le secteur résidentiel et tertiaire de la métropole représentait 54 % des émissions de particules fines de PM.2.5 contre 29 % de particules issues du transport routier et 12 % du secteur industriel.
« Les cheminées ouvertes sont les systèmes les plus polluants, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison »
C’est pour répondre à cette problématique que Bordeaux Métropole a voté la création d’un « fonds air bois » en septembre 2024. Il a été conçu pour accompagner les ménages les plus modestes dans l’installation d’équipements plus performants et donc moins chers. polluants. Un appareil efficace et bien utilisé émet dix fois moins de particules fines qu’un appareil ancien, constate l’Ademe, l’agence gouvernementale pour la transition écologique. L’aide s’adresse aux propriétaires de systèmes de chauffage installés avant 2005 et peut atteindre 4 000 euros pour une chaudière et 1 200 euros pour un poêle, à condition de disposer d’un appareil labellisé « flamme verte » installé par un opérateur agréé.
« Les foyers ouverts sont les systèmes les plus polluants, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison », rapporte Julie Gault. Des cheminées qui disparaissent peu à peu du paysage, assure le ramoneur Arthur Lelièvre. « Cela dit, avec la hausse des prix du gaz et des combustibles, de plus en plus de personnes redémarrent leur poêle ou leur insert. Les aides gouvernementales encouragent également à se chauffer au bois et à remplacer les appareils les plus obsolètes, car le secteur du chauffage au bois devient également de plus en plus efficace. »
Des alternatives plus propres
De leur côté, les systèmes de chauffage urbain au bois offrent des alternatives plus propres. Spécialisée dans les énergies renouvelables, la société bordelaise Mixener exploite trois réseaux de chaleur à Mérignac, Lormont et Bassins à flot de Bordeaux. « Les sorties de nos chaudières sont équipées d’électrofiltres ou de filtres à manches qui retiennent les poussières », explique Vincent Dessane, directeur commercial de l’entreprise. « Nos seuils de pollution sont contrôlés par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), contrairement aux chauffages individuels au bois qui ne sont pas contrôlés. »
Cette alternative collective a l’avantage de générer une faible empreinte carbone. Le bois utilisé pour la combustion provient des forêts de Gironde pour un transport minimum et les forêts sont gérées durablement pour « compenser » sa coupe.