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Guela Doué : « Avec Désiré, on s’est vraiment relevé » – Ligue 1 – J11 – Strasbourg-Monaco

Au-delà des résultats (Strasbourg est à 9e avec 13 points), on a l’impression qu’il se passe quelque chose sur le terrain depuis le début de la saison. Est-ce que tu ressens ça aussi ?

Déjà, je trouve qu’on a un groupe qui se porte bien. Je pense que les supporters se retrouvent à nous voir jouer sur le terrain. On travaille dans une bonne ambiance, dans la bonne humeur, on écoute, on aime faire des efforts les uns pour les autres… Je pense qu’on le voit sur le terrain. Il y a aussi beaucoup de jeunes (Le Racing est l’effectif le plus jeune de L1 cette saison avec une moyenne d’âge de 22,1 ans, NDLR)cela crée un lien spécial. On se comprend, il y a un lien.

Dans le jeu, vous êtes une équipe très patiente lorsqu’il s’agit de lancer le ballon. Est-ce quelque chose que vous travaillez particulièrement à l’entraînement ?

Oui, on travaille beaucoup ça à l’entraînement, ça commence par ce qu’on appelle le coups de pied de but (les six mètres). Après, il y a beaucoup de tracés de cols sur lesquels nous travaillons. C’est notre jeu : nous ne voulons pas être seulement une équipe qui lance le ballon, nous voulons avoir une identité.

Comment cela permet-il à un joueur de s’épanouir plus facilement dans l’équipe, d’avoir des principes aussi forts ?

On a déjà beaucoup plus de repères : quand mon centre a le ballon, je sais où me placer, je sais ce que je dois faire. Pareil quand c’est mon excentrique. Cela nous oblige à beaucoup communiquer entre nous, nous progressons dans de nombreux domaines. Au final, c’est un style de jeu très riche dans lequel on prend beaucoup de plaisir, car on a beaucoup de possession. Et cela nous donne aussi plus de responsabilités : on se retrouve dans des situations qui peuvent paraître plus compliquées que si on se contentait de dégager le ballon.

J’aime beaucoup rencontrer des attaquants rapides et techniques, ceux qu’on retrouve dans les grands matches. J’aime me dire : voilà, ce mec, il ne va pas passer, et je vais le bloquer.

Vous avez signé à Strasbourg au lendemain de la nomination de Liam Rosenior. Quel a été votre premier contact avec lui ?

Nous avons vécu la première séance en groupe. Arriver dans un nouveau club avec un nouvel entraîneur remet tout le monde sur les mêmes bases.

Qu’avez-vous appris au cours de vos trois mois avec Rosenior ?

J’ai débuté dans le monde professionnel il n’y a pas très longtemps, donc je n’ai pas connu beaucoup d’entraîneurs. J’ai beaucoup appris sur mon positionnement avec le ballon. J’évolue aussi à un poste un peu différent de celui que j’avais à Rennes, où j’étais latéral plus offensif. Ici, mon rôle est plus défensif avec une défense à trois et j’apprends tous les jours.

Aimer défendre, est-ce quelque chose que tu as dû forcer lors de ton entraînement ou était-ce déjà en toi ?

J’ai toujours eu ça en moi ! J’ai toujours aimé défendre, depuis que je suis petit. Ma formation est celle de défenseur, même si j’ai joué quelques matches au milieu de terrain, mais je suis avant tout défenseur. J’aime ça. Même à la fin des séances, j’aime continuer à jouer en tête-à-tête avec mes coéquipiers pour m’amuser et progresser.

Quand on aborde le football quand on est enfant, on s’identifie d’abord aux joueurs offensifs, à ceux qui font le spectacle. Comment peut-on dire que l’on veut les frustrer en les arrêtant ?

J’aime beaucoup rencontrer des attaquants rapides et techniques, ceux qu’on retrouve dans les grands matches. C’est un défi et c’est là que j’aime ça. J’aime me dire : voilà, ce mec, il ne va pas passer, et je vais le bloquer. Quand je fais de bonnes interventions défensives sans commettre d’erreurs, quand je récupère le ballon et que je montre à mon équipe que je suis là, c’est dans ces moments-là que je prends plaisir à faire mon travail. Plus je gagne de duels, plus je m’amuse.

Quitter Rennes est avant tout un choix personnel. Je sentais que j’arrivais à la fin du cycle et que j’avais besoin d’un nouveau défi pour progresser.

Depuis le début de votre carrière, y a-t-il eu des duels avec des adversaires qui vous ont plus marqué que d’autres ?

Evidemment, Mbappé. Il est si rapide, c’est une gestion différente. On peut montrer le vice, par exemple, ça fait partie du jeu. (Il a joué avec ses nerfs en demi-finale de Coupe de France en avril dernier, NDLR.) C’était aussi un grand match contre Rafael Leão lorsque nous avons joué contre Milan en Ligue Europa.

Quand vous affrontez ce genre de joueurs, pouvez-vous dire que vous en êtes encore loin ?

Non, ça ne se passe pas comme ça. Bien sûr, je suis au niveau. Or, des erreurs arrivent, le but n’est pas de les reproduire. Contre Leão à San Siro, j’ai perdu un duel, mais maintenant ça peut être corrigé !

Vous êtes arrivé très jeune au Stade rennais, vous y avez joué à tous les niveaux. Comment avez-vous pris la décision de quitter le club l’été dernier ?

C’est le foot. Au bout d’un moment, il faut aussi faire des choix pour progresser. Ce n’est pas forcément facile car je suis au club depuis plus de dix ans. Mais désormais, c’est une nouvelle ville, un nouveau défi, avec des objectifs.

Avait-il un lien avec Julien Stéphan ? Avez-vous ressenti la même confiance de sa part ?

Je ne veux pas vraiment entrer dans les détails. Pour répondre brièvement, c’est surtout un choix personnel. Je sentais que j’arrivais à la fin du cycle et que j’avais besoin d’un nouveau défi pour progresser. C’était aussi sortir de ma zone de confort.

Vous n’avez jamais été présenté comme un joueur crack, ni même comme un joueur destiné à jouer un jour en Ligue 1 lors de votre formation. L’avez-vous ressenti et comment avez-vous géré tout cela ?

Une vie, une carrière, chacun la construit à son rythme. Certains ont de très fortes qualités et se révèlent très tôt. Ils comprennent le jeu plus tôt, ils sont prêts à partir de 16 ou 17 ans. C’est le football qui change aussi. Pour d’autres, c’est un peu plus tard. J’ai toujours été un travailleur acharné, j’ai toujours cru en moi et cela a payé.

Quand t’es-tu dit que tu pourrais devenir pro ?

Dès que j’ai commencé à jouer au football. Bon, quand on est petit, c’est vrai qu’on n’y pense pas forcément, mais une fois arrivé au centre de formation, ça veut dire que les choses deviennent sérieuses. C’est aussi là que s’instaure la discipline. Je ne jouais pas seulement pour jouer au football, mais pour devenir professionnel, pour monter sur le terrain du Roazhon Park et bien d’autres.

A quoi rêvait le tout jeune Guela ?

Je me souviens quand j’allais au stade en famille, je me disais que je voulais être sur le terrain et que j’allais y être. (Rires.) C’était le Stade rennais de l’époque, avec Costil dans les buts et Mexer en défense.

Le joueur que vous évoquez est Mexer, un défenseur, alors que certains auraient plutôt parlé de Ben Arfa.

Ah ben oui, je surveillais le joueur à ma position ! Après, je pense que tout le monde ne regarde pas les matchs de la même manière. Il y en a c’est juste pour m’amuser, j’essaie toujours d’observer comment le joueur agit, ses contrôles, ses passes, ses intentions de jeu, pour pouvoir les appliquer sur le terrain à mon niveau.

Lors de la saison 2021-2022, vous avez subi une rupture du ligament croisé. Comment gérer cette grave blessure à un moment charnière pour un jeune joueur ?

Je me souviens que c’était après la préparation, quand je commençais à m’entraîner avec les pros en même temps que mon frère. Au début, évidemment, c’était beaucoup de frustration et de déception, mais je me suis immédiatement remis en mode travail après l’opération pour que cette blessure appartienne au passé.

Désiré, je ne l’ai jamais vu comme une superstar comme ça pourrait être le cas pour certains. Pour moi, il reste mon petit frère.

Nous en avons parlé un peu plus haut, mais pour nous concentrer sur la famille : comment avez-vous vécu l’évolution aux côtés d’un petit frère (Désiré Doué) qui était considéré comme un grand talent dès son plus jeune âge ?

C’est mon petit frère, donc nous jouions ensemble dans le jardin tous les jours, et je ne l’ai jamais vu comme une superstar comme certaines personnes le faisaient. Pour moi, il reste mon petit frère. Évidemment, c’était inspirant et motivant de le voir toujours surperformer ou briller sur le terrain. Je voulais faire pareil ! Nous nous sommes vraiment soutenus, nous étions tout le temps ensemble, même pour travailler en dehors du football. C’était bien de rivaliser contre lui, et même pour lui, c’était bien d’apprendre contre un bon défenseur. (Rires.) On a fait beaucoup de tête-à-tête, c’était vraiment sympa.

On entendait les gens dire que tu étais là juste parce que ton petit frère était là. Vous devez avoir entendu ça.

Oui, évidemment, je l’entendais tout le temps. Mais bon, je n’écoutais pas. J’étais concentré sur ce que je pouvais faire, je croyais en moi et je savais que mon heure viendrait.

C’est votre petit frère, mais vous a-t-il quand même aidé au début de votre carrière avec sa précocité ?

Il est arrivé un peu avant moi chez les pros, donc il m’a beaucoup parlé et m’a donné quelques conseils quand c’était mon tour. C’est drôle parce que ça vient de mon petit frère, mais ça m’a vraiment aidé.

Vous étiez tout le temps ensemble alors que vous étiez tous les deux au Stade rennais, aviez-vous une petite appréhension lorsque vous n’étiez plus dans le même club que lui ?

Pas du tout parce que je sais que nous sommes très proches et que la complicité ne se perd pas comme ça, même si nous jouons désormais dans deux clubs différents. On s’appelle tout le temps, on se voit encore beaucoup. Chacun a son défi et je suis très heureux qu’on puisse s’épanouir, c’est le plus important pour continuer à progresser.

Depuis mars dernier, vous êtes international ivoirien. Qu’est-ce que vous ressentez et quel est votre lien avec ce pays ?

Mon père est ivoirien, je vais en Côte d’Ivoire depuis que je suis petite, ce sont mes racines, et je suis fier de représenter ces couleurs. Ils avaient créé des liens avec la Coupe d’Afrique des nations, mais il faut savoir s’adapter et c’était un rêve. Il n’y a pas de problème, je suis juste heureux.

Le classement des équipes de Ligue 1 les mieux notées

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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