Divertissement

Prix ​​Goncourt : « Mon cœur battait » dit Kamel Daoud, « ça faisait des années que j’attendais »

« J’attends depuis des années. »se confie sur France Inter Kamel Daoud lauréat du Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire français, pour « Houris », fiction sur les massacres de la « décennie noire » en Algérie, entre 1992 et 2002, interdite dans le pays. « Mon cœur battait » dit l’écrivain à propos de l’annonce du prix, «ça donne du sens à beaucoup de choses»juge l’écrivain. « On ne peut s’empêcher de fouiller dans sa mémoire. La joie, quand elle est trop intense, vire au cliché.

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Il souhaite ainsi rendre hommage à ses parents, et notamment à sa mère « qui ne sait ni lire ni écrire, qui n’est jamais allé à l’école ». « Elle rêvait de réussite, de visibilité, de grandeur pour moi », dit-il. « C’est ton rêve, payé par tes années de vie. À mon père décédé. À ma mère qui est encore en vie, mais qui ne se souvient plus de rien. Il n’y a pas de mots pour dire un vrai merci »» a écrit Kamel Daoud sur son compte X après avoir reçu le prix Goncourt.

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« On n’imagine pas les sacrifices dans la pauvre Algérie socialiste de l’époque. Ces moments où mon père faisait semblant de ne pas finir son assiette pour que je puisse manger. Ils ont sacrifié beaucoup de choses. » « L’une des premières langues que nous déchiffrons dans notre vie sont les silences de nos propres parents », juge l’écrivain. « La première langue est un paradoxe. Ce ne sont pas des paroles, c’est du silence.

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« Mon personnage ne sait pas parler mais il imagine un langage »

« Houris », qui dans la foi musulmane désigne les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre sur le sort de l’Aube, une jeune femme muette depuis qu’un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999. Choisir comme narratrice une femme , Kamel Daoud situe l’intrigue d’abord à Oran, la ville où il fut journaliste pendant la « décennie noire », puis dans le désert algérien, d’où part l’Aube pour regagner son village. « Nous avons dans notre tête un beau langage exacerbé par l’amour, la haine, le ressentiment, la passion, l’inquiétude et nous avons un langage externe. Écrire, c’est passer du langage interne au langage externe. » « Mon personnage ne parle pas mais il imagine un langage. »

« J’ai vécu le français comme une langue intime et secrète. J’étais dans une famille qui ne le parlait pas, ne le lisait pas et le seul endroit où j’avais une île à moi, une île de milliardaire, c’était la langue française. J’ai croisé des femmes nues, des tapis volants, des bateaux, de très belles choses. »

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« Ce sont les femmes qui paient nos libertés »

« Il n’y a personne qui parle arabe dans le monde arabe »précise Kamel Daoud. « C’est une illusion occidentale. Nous parlons nos langues. » Il évoque également l’oppression dont souffrent les femmes, notamment en Iran. « Ce sont les femmes qui paient nos libertés »dit-il. « Comment pouvons-nous prétendre à une vie saine alors que notre relation avec les femmes est pathologique. »

Kamel Daoud revient enfin sur l’interdiction de son livre en Algérie, la vente d’ouvrages relatifs à la guerre civile de 1992-2002 étant illégale. Malgré cette interdiction, son livre circule toujours, mais secret. L’auteur plaisante également sur le fait qu’une telle interdiction représente le meilleur moyen de « circuler le plus rapidement possible » un livre. « Elle accède au statut de pomme biblique », il rit. Outre son propre livre, Kamel Daoud affirme que l’enjeu derrière ces interdictions est de savoir « quels livres seront sous les yeux des lecteurs » Algériens. « Peut-être par les miens, pas ceux de Gallimard, mais peut-être des livres qui produiront des lois interdisant aux femmes de parler à voix haute. »il prévient.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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