Auchan s’apprête à supprimer des milliers de postes, la gauche monte au créneau
THOMAS SAMSON / AFP
En 2023, lors d’une précédente mobilisation des salariés d’Auchan.
POLITIQUE – Alerte plan social. L’entreprise de grande distribution Auchan s’apprête à annoncer la suppression de plus de 2 000 emplois en France. Des chiffres qui sont tout de même à prendre avec des pincettes, puisque les représentants des salariés doivent en être informés par leur direction ce mardi 5 novembre, lors d’un Comité social et économique (CSE). Officiellement, la réunion vise à faire « un point sur la situation de l’entreprise et ses projets »mais en réalité, tout le monde sait ce que cela signifie.
Personne ne se fait d’illusions sur l’issue fatale des licenciements, qui touchent tous les métiers. La multinationale, propriété de la riche famille Mulliez, connaît depuis plusieurs années des difficultés économiques, exacerbées par la guerre en Ukraine.
Pour la gauche, cette annonce fait l’effet d’une bombe. « Comme toujours, les salariés paieront pour les erreurs de leur direction, » déclare la vice-présidente LFI de l’Assemblée nationale Clémence Guetté. Pour rappel, les 800 actionnaires du groupe Auchan se sont partagés 1 milliard d’euros de dividendes en 2022-2023″.
En 2020 déjà, le groupe avait annoncé la suppression de près de 1.500 postes en France, après un précédent plan de départs volontaires de plus de 500 postes la même année. « Auchan a reçu 500 millions d’euros du CICE il y a quelques années »s’agace également le député Insoumis Aurélien Le Coq. Selon lui, « ils se gavent, vident les caisses pour les bénéfices des actionnaires puis licencient ».
« C’est incompréhensible »
« Scandaleux »s’exclame la députée LFI Gabrielle Cathala, pour qui « Les Mulliez sont exilés fiscaux en Belgique ». Elle souligne que « la fortune de la famille Mulliez a été multipliée par 4 en 25 ans » et rappelle que l’année dernière, la marque a généré 33 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « Supprimer des postes, c’est incompréhensible »s’exclame-t-elle. Avant d’apporter votre « accompagnement des salariés ». La fortune exacte de la famille propriétaire d’Auchan n’est pas connue. Mais le magazine économique Défis la classait en 2023 au huitième rang des plus riches du pays, avec une fortune estimée à 20 milliards d’euros.
La présidente du groupe LFI Mathilde Panot déplore l’attentisme du gouvernement sur le sujet. « Les plans de licenciements se multiplient mais le gouvernement Barnier ne fera rienelle regrette. Il est trop occupé à s’en prendre aux fonctionnaires qui maintiennent les services publics à distance.». La fortune Mulliez, calcula-t-elle, équivaut à « 1,3 million d’années de salaire minimum » ou à « l’intégralité du budget des écoles maternelles et primaires publiques ». De la « profiteurs de la crise »selon elle. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s’est pour sa part contenté de relayer un poste de conseiller, rappelant le montant des aides publiques engrangées par l’entreprise. Des réactions qui devraient s’intensifier en cas d’officialisation du plan social.
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