Jean-Philippe Tanguy défend son refus de voter l’abrogation de la réforme des retraites proposée par la gauche
Invité de BFMTV, le député de la Somme et président du groupe RN à l’Assemblée a expliqué pourquoi son parti s’était opposé aux propositions de la gauche.
Le RN assume. Alors que la gauche a tenté hier de faire adopter par un amendement au PLFSS l’abrogation de la réforme des retraites, ses propositions ont été rejetées (182 voix pour, 232 contre), notamment par le Rassemblement national. Pas de surprise, puisque les mêmes amendements avaient été rejetés en commission, mais une défection répétée du RN qui remet en question le NFP.
« Abroger la retraite à 64 ans ? Le RN vient de voter contre. (…) Marine Le Pen vient sauver la Macronie contre la démocratie», fulminait hier François Ruffin sur X.
Mais Jean-Philippe Tanguy, qui dirige les députés d’extrême droite à la Chambre, juge ce vote contre logique, alors que le parti défend l’abrogation.
«La gauche fait un tour de passe-passe et fait croire que ses propositions peuvent supprimer les retraites. C’était un vote mensonger, il s’agissait d’augmenter les cotisations », souligne-t-il.
En cause, la volonté du PFN de trouver un nouveau financement pour le système de retraite, en orientant une nouvelle cotisation vers la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Deux propositions ont été faites : cotiser un peu plus à partir de 4 900 euros de salaire, soit à partir de 8 700 euros mensuels.
Cette surcontribution était le seul moyen pour la gauche de procéder à une abrogation via le PLFSS : en effet, la Constitution interdit, via son article 40, toute proposition signifiant « l’aggravation d’une charge publique ». On ne peut pas abandonner une réforme qui permet d’économiser de l’argent sans proposer de nouvelles recettes.
De nouvelles recettes qui n’étaient donc pas du goût du RN. « La gauche avait soutenu l’inscription de l’abrogation, le RN avait soutenu. Mais nous ne voulons pas pénaliser les hauts salaires, car ils sont très mobiles et peuvent s’expatrier. C’est une injustice, mais c’est trop facile de faire des promesses. » , se défend Jean-Philippe Tanguy.
Un texte RN vidé de sa substance
Mais le refus du RN vient sûrement plus d’un désaccord politique qu’idéologique : le parti s’est vu privé de sa chance de proposer lui-même une abrogation. La gauche et l’extrême droite cherchant chacune à faire adopter le texte abrogeant la réforme, la première a torpillé le texte issu de la seconde en commission des Affaires sociales.
Les articles 1 et 2, qui décrivaient d’une part le retour à 62 ans et 42 ans de cotisation pour obtenir une pension à taux plein, ont été refusés. Notamment par la gauche, qualifiant d’« arnaque » puisque le RN soutenait au même moment le gouvernement Barnier. Lors de sa « niche » parlementaire, jeudi, le RN n’aura quasiment rien à défendre à l’Assemblée.
Ni le NFP ni le RN ne semblent donc en mesure d’abroger la réforme de l’année dernière. « Ils préfèrent faire de la petite politique », pointe ce matin Jean-Philippe Tanguy, rappelant le calendrier serré : « on aura sûrement une dissolution dans les mois à venir. Même un mois, deux mois de perdus, cela peut nous empêcher de voter un texte. »