Jeff Bezos tente de justifier la neutralité du « Washington Post » lors de la présidentielle américaine
Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a démenti lundi 28 octobre que ses intérêts personnels soient à l’origine du manque de soutien de la part du candidat à la présidentielle américaine. Washington Postun journal dont il est propriétaire depuis 2013, défendant ainsi un « décision de principe ».
La décision a été « entièrement pris en interne »écrit Jeff Bezos dans une chronique publiée par le WaPoaffirmant « ne pousse pas » en faveur de ses intérêts personnels concernant les décisions du journal. « Vous pouvez voir ma richesse et mes intérêts commerciaux comme un rempart contre l’intimidation, ou vous pouvez les voir comme un réseau de conflits d’intérêts »explique le milliardaire.
« Je vous assure que mes opinions ici sont, en réalité, des positions de principe, et je crois que mon bilan en tant que propriétaire du Poste depuis 2013 soutient cette idée »ajoute-t-il.
Les appels au vote lancés par les comités de rédaction des journaux, qui réunissent leurs chroniqueurs, sont habituels dans le paysage médiatique aux États-Unis. Mais pour Jeff Bezos, une telle pratique » crée en fait une perception de partialité, de non-indépendance ». Y mettre un terme est une décision de principeil écrit, et c’est la bonne décision ».
Changement de direction
Le principal quotidien de la capitale américaine – célèbre pour avoir révélé le scandale du Watergate en 1974 – a annoncé vendredi par la voix de son directeur général, William Lewis, qu’il ne soutiendrait aucun candidat à l’élection présidentielle du 5 novembre et qu’il s’abstiendrait également de appeler à voter pour un candidat lors des prochaines élections. LE Washington Post avait soutenu les candidats démocrates à la présidentielle en 2008, 2012, 2016 et 2020.
Les entreprises de Jeff Bezos ont signé ces dernières années d’importants contrats avec le gouvernement américain, et notamment avec le Pentagone, dans le domaine du stockage de données (cloud). L’annonce a suscité de nombreuses réactions, pour la plupart indignées, et, selon la radio publique NPR, le WaPo avait perdu entre vendredi et lundi quelque 200 000 de ses abonnés, soit 8 % de son total.
Du côté de Los Angeles Timesqui a pris la même décision, également sous l’influence d’un propriétaire milliardaire, a annoncé hier un article du quotidien lui-même. « plusieurs milliers » de désabonnements, dans un journal déjà confronté à une situation financière difficile.
« L’obéissance par anticipation »
À la suite de la décision de WaPodeux de ses chroniqueurs ont démissionné et trois des neuf membres du comité de rédaction ont quitté leurs fonctions. L’ancien rédacteur en chef Martin Baron, qui était en poste lorsque M. Bezos a racheté le journal, a dénoncé cette décision sur les réseaux sociaux comme « lâcheté, avec la démocratie comme victime ».
Le non-choix de Washington Post et de Horaires de Los Angeles » a été largement commentée aux États-Unis, où la presse a jusqu’à présent massivement soutenu les opposants de Donald Trump lors de sa campagne présidentielle. Sans apporter la preuve d’une implication directe des propriétaires de ces publications dans le choix de ne pas se prononcer en faveur d’un candidat, certains commentateurs ont invoqué un phénomène de« obéissance anticipée » (obéissance anticipée).
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Comme l’explique l’économiste Michel Santi, dans La Tribune, » l’historien Timothy Snyder, dans son ouvrage Sur la tyrannieavait théorisé ce phénomène où les citoyens, anticipant et se conformant à un régime sans même y être contraints, facilitent et renforcent son pouvoir. En effet, c’est lorsque des individus ou des groupes adoptent volontairement – et de manière proactive – des comportements conformes aux attentes (ou attentes supposées) des personnes au pouvoir, avant même que des ordres ou des instructions n’aient été émis. donné, que nous identifiions cette obéissance anticipée.
L’historien lui-même a estimé, avec le Tuteurque la décision de ces milliardaires de ne soutenir aucun candidat grâce à leur publication pourrait être qualifiée de telle. « Ce qu’ils disent, c’est : quand la démocratie mourra dans l’obscurité, ils seront parmi ceux qui dansent joyeusement dans l’ombre »il a prévenu.