Vers un retour de la taxe d’habitation ? « S’il faut recréer un impôt, c’est celui-là »
Alors que le gouvernement s’apprête à faire appel aux collectivités locales pour assainir les finances du pays, plusieurs élus ont jeté la clé dans la mare en réclamant le retour de la taxe d’habitation sur les résidences principales (TH).
Progressivement supprimé entre 2018 et 2023, cet impôt payé par les locataires et les propriétaires a rapporté 23,8 milliards d’euros à l’État en 2020.
« La grosse erreur du quinquennat a été la suppression de la taxe d’habitation (…). S’il faut recréer un impôt, c’est ça », a déclaré le maire LR de Meaux Jean-François Copé sur LCI, tout en jugeant que ce serait « la pire solution ».
« Contribution universelle »
« Il faudrait imaginer une autre forme d’impôt », a-t-il nuancé mardi sur franceinfo, évoquant « une taxe d’habitation » qui « annulerait l’existence de la taxe foncière et de l’ancienne taxe d’habitation », et qui « concernerait tout le monde sauf le plus modeste ».
A gauche, le député LFI David Guiraud a déposé un amendement dans le cadre de la révision budgétaire afin de rétablir le TH sur les résidences principales pour les 20% des ménages les plus riches, mais c’est le seul amendement en la matière. sens au Palais Bourbon.
« On a vendu du rêve aux gens, on leur a dit +vous paierez moins+, mais en fait, vous payez avec la TVA », a-t-il expliqué mardi sur Franceinfo, réfutant l’idée d’un gain de pouvoir d’achat pour les plus modestes, déjà exonéré de taxe d’habitation.
« L’argent de la TVA doit revenir à la consommation populaire et soutenir les Français ou nos services publics », a-t-il ajouté.
«La grosse erreur du quinquennat a été la suppression de la taxe d’habitation. »
En revanche, les députés ont déposé plusieurs dizaines d’amendements visant la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, qui autorisent notamment toutes les communes à l’augmenter, une possibilité réservée pour l’instant aux seules zones « tendues ».
Du côté du gouvernement, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a reconnu lundi que les collectivités avaient « raison » de remettre en question la fiscalité.
Vautrin « ouvert au débat »
Mais selon lui, cela ne devrait « pas nécessairement » passer par la création d’un nouvel impôt, et « certainement pas par le retour de la taxe d’habitation », qui est « un gain de pouvoir d’achat », a-t-il dit. -il a balayé sur France 2.
Même son de cloche pour la ministre du Partenariat avec les Territoires Catherine Vautrin, « ouverte à un débat sur la fiscalité locale » mais qui réfute l’idée d’un retour du TH.
Les élus locaux s’accordent sur le fait que la suppression de la taxe d’habitation était une erreur, d’autant que contrairement à son intention initiale, elle a également bénéficié aux ménages les plus aisés au titre du principe d’égalité fiscale.
« Sa suppression était une mesure démagogique. La démagogie est payante électoralement mais elle est payante budgétairement, et l’État a compensé la perte de 23 milliards d’euros de ressources fiscales par un déficit », déclare Jean-François Debat, président PS par intérim de Villes de France.
« Sa suppression était une mesure démagogique. La démagogie est payante sur le plan électoral mais elle est payante sur le plan budgétaire. »
« La suppression de la taxe d’habitation a rompu tout lien fiscal entre de nombreux habitants et leur commune, et a largement détruit l’autonomie fiscale des communes », reconnaît Antoine Homé, coprésident de la commission des finances de l’Association. des maires de France (AMF), jugeant que les collectivités n’avaient « rien demandé ».
« Contribution universelle progressive »
Pour Claire Delpech, enseignante au CNAM, « l’État détruit consciencieusement depuis des années le lien entre le développement local et le financement versé par les impôts locaux ». Mais de là à ressusciter le TH, peu d’élus franchissent le pas.
« Ce serait horrible de recréer la taxe d’habitation. En ce qui concerne les Français, ce serait un déni de parole en public», a déclaré mercredi l’ancien ministre du Budget Éric Woerth (Renaissance).
De son côté, l’AMF réclame une « contribution universelle progressive » avec un allégement pour les non-assujettis à l’impôt.
« Il ne s’agit pas de rétablir la taxe d’habitation, mais de réfléchir à une contribution citoyenne au service public », explique Antoine Homé, rappelant qu' »il n’est ni injuste ni scandaleux que tous les citoyens contribuent au maintien des services publics locaux ». .