Pourquoi le gouvernement veut-il légaliser les casinos en ligne ?
Le gouvernement veut taxer les casinos en ligne à travers un amendement pour récupérer de l’argent et réduire la dette publique. La mesure serait sans doute bien accueillie par les opérateurs de jeux en ligne, mais les opérateurs de casino voient cette idée d’un mauvais oeil et craignent pour leur avenir.
Future révolution des jeux d’argent en France ? Le gouvernement a déposé un amendement pour autoriser les casinos en ligne. « Cette ouverture vient d’une mise en conformité du cadre des jeux avec nos principaux voisins européens, la France étant, avec Chypre, le seul pays de l’Union européenne à interdire les jeux de casino en ligne », indique le texte de cet amendement déposé, samedi 19 octobre, comme partie du projet de budget 2025 dont l’examen s’est ouvert lundi 21 octobre à l’Assemblée nationale.
« Cette interdiction s’est accompagnée du développement d’une offre illégale importante ces dernières années. Selon l’étude commandée fin 2023 par l’Autorité nationale des jeux de hasard, le produit brut des jeux généré par l’offre illégale de jeux d’argent en ligne en France serait compris entre 748 millions et 1,5 milliard d’euros, soit entre 5 % et 11 % du total. marché des jeux de hasard », rappelle le texte.
Pire, le nombre de joueurs illégaux de jeux d’argent en ligne a dépassé celui du marché réglementé en France début octobre : 4 millions de joueurs contre 3,6 millions.
Les casinos physiques menacés ?
Le gouvernement vise ainsi à « limiter l’impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne » et à « contrôler cette offre de jeux en constante augmentation ». Réclamée depuis plusieurs années par les opérateurs de jeux en ligne, la légalisation des casinos en ligne en France est en revanche critiquée par les établissements physiques, qui plaident pour que ce marché leur soit réservé. En effet, les exploitants de casinos craignent des « conséquences catastrophiques » pour leur secteur.
« Selon nos calculs, l’ouverture à la concurrence du casino en ligne entraînera une baisse du revenu brut des jeux des casinos terrestres de l’ordre de 20 à 30%, et la fermeture de 30% des établissements », prévient Grégory Rabuel. président du syndicat du secteur Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, dans un entretien avec Échos. « Il y aura des conséquences catastrophiques, notamment sociales : on estime que 15 000 emplois seront perdus. Plus généralement, cela revient à signer l’arrêt de mort des casinos terrestres », s’inquiète-t-il.
Philippe Bon, délégué général des Casinos de France, a révélé au Figaro qu’il « n’y a eu aucune concertation » sur le sujet avec le gouvernement avant que celui-ci ne rédige son amendement.
En fait, le marché existe déjà. Donc la légalisation n’enlèverait pas grand-chose aux casinos», défend auprès de l’AFP un partisan de l’autorisation.
Légaliser pour mieux taxer ?
Légaliser les casinos en ligne permettrait surtout à l’Etat de récupérer de l’argent dans un contexte de déficit très serré. Le texte prévoit en effet de taxer les casinos en ligne à 55,6% des revenus bruts des jeux, soit au même niveau que la catégorie générale des jeux de loterie en ligne. Et les gains seraient colossaux : 1 milliard d’euros. La moitié irait dans les caisses de la Sécurité sociale et l’autre moitié dans celles de l’État.