« On ne s’attendait pas à ça » : en difficulté, la maison de cognac Boinaud annonce un plan social pour 16 postes
« Nous avons dû ralentir à la fin des travaux. »
Déjà en mai dernier, un plan économique avait permis à l’entreprise de supprimer 8 postes sur 9 prévus. Discrète jusqu’ici sur ses difficultés, la famille Boinaud avoue avoir d’importants déficits de trésorerie. « Nous avons beaucoup souffert du déclin du marché asiatique, notamment chinois, où nous sommes très présents, mais aussi du marché russe où nous nous étions bien développés », décrit Charles Boinaud, PDG du groupe Boinaud qu’il dirige avec son cousin. Rémi Boinaud. « À cela s’ajoute la hausse des taux d’intérêt et la crise énergétique qui représente un surcoût de 1 million d’euros par an. C’était une combinaison de mauvaises nouvelles.
Résultats : un chiffre d’affaires qui est passé de 40 à 25 millions d’euros entre 2023 et 2024. Même si le groupe avait lancé, depuis 2019, un important programme d’investissement à hauteur de « 20 millions d’euros pour mettre aux normes l’outil et augmenter la production ». capacité’. De nouveaux bureaux, une toute nouvelle unité d’embouteillage et deux nouvelles caves. Dont un seul a pour l’instant vu le jour. « Nous avons dû ralentir à la fin des travaux, confie Charles Boinaud. Ce qui oblige actuellement l’entreprise à stocker avec d’autres. « Nous avons décidé de fermer temporairement l’activité d’embouteillage, que nous sous-traiterons à des entreprises locales. Mais nous allons terminer les travaux sur cette unité pour disposer d’un 2ème bâtiment de stockage, j’espère d’ici la fin de l’année », indique Charles Boinaud.
« Le redimensionnement est inévitable »
S’il regrette ces investissements compte tenu de la situation actuelle ? « Nous les avons décidés alors que le secteur se portait très bien, mais ils restent des investissements à long terme, même si, pour le moment, il faut gérer la situation économique. » Une gestion qui consistera à réduire les effectifs à « un niveau cohérent avec nos marchés. Nous prévoyons de supprimer 16 postes et d’en créer six », insiste le PDG. « Trois pour l’entretien des vignes, deux pour la logistique et un pour les chais. Nous entamons tout juste les discussions avec les instances représentatives, mais un redimensionnement est inévitable.
Principalement concernés par les suppressions : « la mise en bouteille, mais aussi les achats, la commercialisation, les services de réception… liste Patrick Brouard, élu CGT. Seules la distillerie et les caves ne sont pas concernées. Ce que les salariés retiennent, c’est une réunion, une semaine avant l’annonce, « où la direction s’est voulue rassurante, indiquant qu’elle devait négocier avec certains fournisseurs et que la situation économique était bonne mais sans parler de PSE, et une semaine plus tard , la hache est tombée.
« Majoritairement inquiets », « en colère » pour certains… Les salariés attendent les prochaines échéances, anxieux. « Nous constatons depuis des mois que chaque achat que nous demandons est compliqué, beaucoup sont refusés. Ils ont préféré réparer encore les bobines plutôt que de les changer… décrivent les membres du CSE. Même ceux dont les postes ne figurent pas sur la liste craignent pour l’avenir.»
« Nous ne vendons ni parts ni hectares de vignes »
Les rumeurs les plus folles ont circulé ces dernières semaines au sein de la société Boinaud et notamment à Cognac au sujet de la maison Boinaud. « Racheté par une entreprise du Qatar », « approché par Bernard Arnault ou LVMH, qui lorgnent sur des hectares de vignes »… Charles Boinaud, le PDG du groupe assure que « rien de tout cela n’est ni fait ni sur la table, ni même envisagé . La famille Boinaud restera actionnaire à 100% et nous n’envisageons de vendre aucun de nos hectares de vignes. Pour preuve, les 3 postes qui restent à pourvoir pour l’entretien des vignes. »