notre avis après 5 mois de tests
Les utilisateurs de Strava priaient pour un mode sombre sur leur application et ils l’ont obtenu, mais l’arrivée du mode sombre s’est accompagnée d’une autre fonctionnalité : Athlete Intelligence, une IA intégrée à Strava et capable d’analyser les performances des utilisateurs. D’abord en bêta fermée, le service s’est ouvert il y a quelques jours à tous les utilisateurs premium après moins de six mois de tests. Cela montre à quel point Strava a confiance en son IA. Cependant, les premiers retours des utilisateurs sont pour le moins mitigés. La question de l’intérêt de Strava AI se pose. Autrement dit : est-ce un gadget d’IA de plus ou votre futur coach, celui qui vous aidera à préparer votre prochain semi.
Qu’est-ce que l’intelligence de l’athlète ?
Un petit flash-back. Nous sommes en mai 2024, à Los Angeles et Strava profite de son événement annuel, Strava Camp, pour annoncer de nombreuses nouveautés, dont le fameux « mode sombre », une nouvelle façon de générer des itinéraires, et une IA pour repérer les tricheurs et les tricheurs. leurs faux KOM et donc… Athlete Intelligence, son IA d’analyse de performance.
À cette époque, Strava le présentait comme un outil simple pour accompagner les sportifs, un outil capable de résumer vos activités, de souligner les faits les plus marquants et de vous aider à mieux comprendre vos performances et vos progrès.
Précision importante : depuis son lancement officiel, l’application est en version bêta. Et c’est toujours le cas si vous essayez de l’utiliser pendant quelques jours. Ce statut de « phase bêta » permet à Strava d’avancer avec son outil sans en faire un véritable argument commercial. De plus, Strava AI n’engendre aucun coût supplémentaire, elle est intégrée au plan Premium de l’application.
De notre côté, nous avons commencé à tester cette IA Strava dès le lendemain de son annonce, et cela fait donc un peu plus de cinq mois qu’elle analyse nos sorties running, randonnée et VTT, mais pas en vélo électrique, du moins depuis maintenant.
Que fait réellement l’IA Strava ?
Lorsque nous l’avons utilisé pour la première fois, Athlete Intelligence ne nous a pas vraiment impressionnés. Ses analyses étaient extrêmement plates et donnaient généralement une synthèse assez sommaire de l’activité. En course à pied, l’IA a heureusement pu voir les différences entre une sortie au rythme seuil ou un écart (toujours heureux), mais elle n’a pas pu aller plus loin, pour voir par exemple si on arrivait à maintenir chaque répétition ou si il y avait des baisses de rythme entre deux intervalles.
La plupart des résumés d’Athlete Intelligence indiquaient une sortie solide, des efforts constants et se terminaient sur une note positive à la mode et finalement assez banale. L’autre préoccupation que nous avons remarquée était la grande similitude entre les analyses. Celles-ci portaient sur les mêmes données et donnaient peu d’indications précises. À tel point que, pendant quelques semaines, nous avons complètement oublié d’utiliser Strava AI, fatigués de l’entendre nous servir la même soupe.
A lire : notre première prise en main du Garmin Fénix 8
L’histoire aurait pu s’arrêter là, sur un énième service de pseudo intelligence artificielle. Mais il s’avère qu’en préparant une course en août, nous avons recommencé à redémarrer le petit moulin Strava AI. Et il y a eu une surprise : les analyses sont devenues non seulement un peu plus variées, mais aussi un peu plus approfondies. L’IA a pu constater un changement dans le type d’entraînement, un travail plus spécifique sur certaines zones de fréquence cardiaque… Bref, des petits détails, mais qui démontrent une forme de progrès.
Evolution et améliorations : Strava apprend à grande vitesse
Ces progrès se sont encore accélérés ces derniers jours, depuis l’ouverture d’Athlete Intelligence à tous les utilisateurs premium Strava. Pour s’en rendre compte, il existe un exercice simple : comparer une analyse passée de l’IA avec ce qu’elle dit de la même activité aujourd’hui.
Voici les analyses comparatives d’une sortie de course à pied très basique réalisée le 1er juin. A gauche, l’analyse de Strava AI le jour de la course, à droite, le résumé lorsqu’on demande à l’IA de regarder cette activité aujourd’hui. Premier constat, mais il est anecdotique… En 5 mois, l’IA a appris le français, bravo à elle. Mais ce qui nous intéresse davantage, c’est ce qu’elle dit. Sur ce point, la différence est flagrante entre les clichés du premier rapport : « un effort solide avec un bon mélange de rythme et d’élévation » et l’analyse plus fine de Strava AI aujourd’hui : pour la même activité. L’IA constate un rythme plus rapide que la moyenne des 30 derniers jours, un effort spécifique dans les zones d’endurance et de cadence et est capable de relativiser cette sortie avec les séances des semaines précédentes.
En résumé, elle est capable d’aller plus loin. Nous avons pu reproduire cet exercice de comparaison avec de nombreuses autres activités et le constat est inchangé : Strava AI a bel et bien progressé.
Dans les analyses les plus récentes, on remarque également que Strava AI approfondira certaines données plus en détail. Le plus gros dénivelé sur un trail en 3 mois, une cadence de pédalage plus élevée que par le passé… Quelques informations complémentaires, toujours contextualisées par rapport aux performances passées, qui montrent qu’il nous connaît de mieux en mieux.
Cette avancée, aussi impressionnante soit-elle, avait pourtant été annoncée dès le départ. En effet, en mai dernier, lorsque nous interviewions son tout nouveau chef de produit, Matt Salazar, ce dernier déclarait : « Sur Athlete Intelligence, on pourrait dire que nous en sommes à la v 1.0, mais que nous allons très vite passer à un équivalent de la v 3.0 »
L’IA Strava peut-elle remplacer un coach ?
C’est indéniable, l’IA de Strava a fait de gros progrès en 5 mois, mais peut-elle être considérée comme un outil utile pour les coureurs aujourd’hui ? Question subsidiaire : Strava AI peut-il remplacer un coach ?
Pour le moment, ce n’est pas une fonctionnalité critique, mais qui sera un vrai plus pour un coureur moyen/régulier. Il peut avoir le même niveau d’analyse simplement en regardant la synthèse de ses activités. Cela pourrait aider un coureur débutant, mais les coureurs débutants paient-ils pour un abonnement premium ? Rien n’est moins sûr. Cependant, nous ne pouvons pas non plus appeler cela un gadget, et la raison pour laquelle nous ne le faisons pas est les énormes progrès que nous avons constatés en seulement cinq mois. Cette capacité à stocker le plus d’informations possible sur un coureur, à le connaître de mieux en mieux et à pouvoir aller plus loin dans l’analyse, est ce qui nous fait dire que si l’intelligence de l’athlète n’est peut-être pas impressionnante aujourd’hui, cela pourrait le devenir un jour. Ce qui nous amène à la deuxième question : peut-il remplacer un entraîneur ?
La réponse à cette question est clairement non ou, si l’on veut être plus prudent, pas tout de suite. Mais là encore, l’évolution entre ce que faisait l’IA en mai dernier et ce qu’elle fait aujourd’hui est telle qu’il n’est pas impossible de penser qu’elle serait un jour capable d’identifier correctement un athlète. et même produire un plan de formation adapté à vos objectifs.
Ce jour-là, Strava continuera-t-il à l’intégrer dans sa formule de base ? Ou cela deviendra-t-il un service distinct moyennant des frais supplémentaires ?
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google News et WhatsApp.