L’affaire de blanchiment de fraude fiscale au sein de l’empire Mulliez classée sans suite
La justice n’a pas pu caractériser les faits reprochés depuis dix ans aux entreprises de cette galaxie familiale, notamment propriétaires d’Auchan, Decathlon et Leroy Merlin.
L’enquête sur des soupçons de blanchiment, de fraude fiscale et d’abus de confiance « accusés des sociétés du groupe Mulliez »propriétaire d’Auchan, Leroy Merlin ou Decathlon, et « à leurs dirigeants » s’est soldée par un non-lieu le 14 août, a-t-on appris de source judiciaire ce mardi 22 octobre. « Après 10 ans d’enquêtes »l’information judiciaire diligentée par un juge d’instruction parisien, qui enquêtait sur les montages financiers au sein du groupe, n’a pas donné « permis de caractériser » les faits reprochés, a indiqué la source judiciaire.
Là « galaxie » des sociétés Mulliez, non cotées en bourse, à la structure complexe et opaque, est régie par un pacte d’actionnaires : elle mélange des sociétés civiles détenues par la famille et des holdings gérant les marques. En 2012, selon une source judiciaire interrogée en mai, un ancien membre de la famille, Hervé Dubly, dénoncé dans une première plainte à Lille « des prêts très élevés sans écriture et sans intérêts accordés » par structures de groupe « aux sociétés étrangères (plusieurs centaines de millions) et aux particuliers via les sociétés civiles personnelles ou familiales (plusieurs millions) ».
Le plaignant y voyait des prêts opaques, sans justification apparente, constitutifs d’un abus de confiance, notamment dans la mesure où ils ne respecteraient pas l’égalité entre les partenaires. L’enquête, menée à Paris, a examiné ce montage qui aurait pu « permettre également une réduction d’impôt en France (permettant par exemple de bénéficier de dividendes à l’étranger) »expliquait la source judiciaire en mai.
« Absence d’intention de nuire »
Concernant l’aspect abus de confiance, le juge d’instruction a finalement estimé que « les investigations ont permis de conclure à l’absence de volonté de nuire à tel ou tel partenaire ». Le juge d’instruction s’est également appuyé sur un «jurisprudence récente du Conseil d’État, dit Manitou»du 18 juillet 2023 pour lutter contre le blanchiment de fraude fiscale.
L’enquête a donné lieu à des perquisitions dont la presse a fait état en 2016 en France, en Belgique et au Luxembourg, mais aussi aux Pays-Bas en 2019. Jérôme et Thierry Mulliez, un dirigeant d’une société néerlandaise liée au groupe, et trois structures financières avaient été mis en examen. . Contactés, plusieurs avocats de la défense n’ont pas souhaité s’exprimer. La partie civile a fait appel de cette décision de non-lieu.