Quelles usines d’équipementiers français sont actuellement en difficulté ?
De nombreuses usines françaises de pièces automobiles ont rencontré des difficultés ces derniers mois, et cela n’est pas près de s’arrêter.
Depuis plusieurs mois, de nombreuses usines françaises de production de pièces automobiles traversent une période de turbulences économiques.
Entre délocalisations, ralentissement du marché et transition vers la motorisation électrique, ces difficultés impactent fortement sur l’emploi et suscitent de vives inquiétudes chez les salariés, certains allant même jusqu’à manifester devant le Mondial de l’Automobile pour faire entendre leurs revendications. Voici un aperçu des fichiers les plus sensibles.
Estampillage : MA France en liquidation
La dernière grande usine d’emboutissage d’Ile-de-France, MA France (280 salariés), a été placée en liquidation judiciaire au printemps 2024. Anciennement propriété de PSA, cette usine appartenait au groupe italien CLN depuis 2002 et produisait des pièces de carrosserie pour les utilitaires Peugeot et Citroën, ainsi que pour Renault.
Face à la fermeture, les salariés occupent leur usine depuis cinq mois, réclamant une meilleure aide au reclassement et une prime supérieure aux 15 000 euros proposés par personne.
Boîtes de vitesses : Dumarey Powerglide en perte de vitesse
L’usine de Dumarey Powerglideà Strasbourg, spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses, a vu son principal client, l’allemand ZF, interrompre ses commandes. Cette décision a entraîné une restructuration massive, puisque près de la moitié des 591 salariés ont dû quitter l’entreprise, qui comptait encore 2 500 salariés il y a quelques années.
Jantes : la fin de la production chez Impériales Wheels
Le 18 juin 2024, la dernière jante en aluminium fabriquée en France sortait des chaînes de production de Usine de roues impérialessitué à Diors (Indre). Après des années de difficultés, 176 salariés sont actuellement en cours de reclassement, marquant la fin d’une époque pour cette production en France.
Bielles : Walor en difficulté
Le fabricant d’équipement Walorrachetée fin 2023 par le fonds allemand Mutares, voit deux de ses usines situées dans les Ardennes traverser des moments difficiles. Une de ses usines est en procédure de sauvegarde tandis que l’autre est placée en redressement judiciaire. Ces sites, qui produisent des bielles, pièces essentielles pour les moteurs thermiques mais inutiles dans les véhicules électriques, illustrent bien le choc que connaît ce secteur face à la transition vers l’électrique.
Starters : Valeo en quête de repreneurs
En juillet 2024, l’équipementier Valéo a annoncé rechercher des repreneurs pour deux de ses usines françaises, spécialisées dans les démarreurs et les systèmes de gestion de la température, ainsi que pour un centre de recherche. Ensemble, ces sites emploient environ 1 000 personnes. Le processus est toujours en cours et aucune clôture n’a encore été officialisée, selon Christophe Périllat, PDG de Valeo.
Une industrie en mutation
La situation actuelle reflète les tensions qui pèsent sur l’ensemble de la filière automobile en France. Selon Marc Mortureux, directeur de la Plateforme automobile (PFA), qui représente les constructeurs et équipementiers, la période actuelle est « assez difficile à tous les niveaux ». En effet, entre 2009 et 2020, le nombre d’entreprises de ce secteur a diminué de 7%, selon la Direction générale des entreprises (DGE). La délocalisation de nombreuses activités de sous-traitance à l’étranger et la diversification vers d’autres secteurs pour les entreprises qui en ont les moyens en sont les principales causes.
Le marché automobile européen, fragilisé par la crise du Covid-19, ne s’est toujours pas totalement redressé. La production automobile reste faible, affectant particulièrement les équipementiers, qui sont moins à même que les constructeurs de compenser cette baisse par des hausses de prix.
Dans le même temps, l’électrification rapide du marché automobile frappe durement des secteurs comme la fonderie et l’emboutissage, historiquement liés aux moteurs thermiques, mais moins nécessaires aux véhicules électriques. Cette transition, qui devrait se poursuivre dans les années à venir, menace environ 65 000 emplois d’ici 2030selon une étude réalisée en 2021 par la PFA.
Mais ce changement ouvre également des opportunités. Certains équipementiers qui ont réussi à se repositionner dans les technologies électriques et les usines de batteries cherchent désormais à embaucher pour accompagner cette transformation du marché.