les premiers témoignages effrayants des victimes
BENOIT PEYRUCQ / AFP
Les accusés dans l’affaire ASE pour maltraitance d’enfants. Deux victimes ainsi que l’un des principaux prévenus, Bruno C., ont été entendus le 16 octobre 2024.
JUSTICE – Premiers témoignages terrifiants. Les deux premières victimes sont passées à la barre ce mercredi 16 octobre, dans le cadre du procès des enfants maltraités de l’Aide à l’enfance (ASE). L’un des principaux accusés a également témoigné, provoquant un choc par son attitude désinvolte et irrespectueuse.
« Ce sont eux qui nous ont envoyés là-bas, c’était à eux de vérifier. Il est le premier à blâmer. »a par exemple déclaré un jeune, particulièrement nerveux au retour d’une période de « violence « .
Il raconte des épisodes réguliers de coups, d’insultes et d’humiliations, dont un étranglement si violent qu’il est devenu « bleu » et qu’il a vu « étoiles ». « Chaque jour était pareil »affirme-t-il encore. « Personne n’est allé à l’école, nous avons tous été obligés de travailler.”. Une situation de « abus » également évoqué par une deuxième victime à la barre.
« J’avais prévenu plusieurs fois l’ASE que je ne voulais pas y retourner, c’était horrible »détaille cet autre jeune. « Ils me frappaient quotidiennement » Et « on nous menaçait de nous frapper encore plus « au visage » si nous parlions ».
Des faits répartis entre 2010 et 2017
Il s’agissait de l’hospitalisation d’un autre jeune, Mathias, en septembre 2017 pour « une chute de vélo », ce qui a conduit à la rupture de l’affaire. Après une semaine dans le coma, il a refusé de retourner auprès de son bourreau présumé, Julien M. Un signalement a alors été fait au parquet, révélant des faits répétés commis entre 2010 et 2017.
L’un des principaux prévenus, Bruno C. a également témoigné ce mercredi. Son discours était particulièrement attendu. Il semble détenu et purge une peine pour viols répétés sur sa fille. Il a incriminé trois des accusés, Julien M. et ses parents, « réputé » violents, mais aussi l’ASE.
« Plusieurs fois, des gens de l’ASE nous ont dit « continuez, on a besoin de vous » »répéta, moqueur, l’homme à l’épaisse barbe grise et aux cheveux broussailleux. Bruno C. a co-fondé avec Julien M. la structure « Enfance et bien-être »à qui des dizaines de mineurs ont été confiés en échange de sommes qui s’élèveraient à au moins 630 000 euros sur sept ans.
« J’avais déjà ma petite fille et je n’avais besoin de personne d’autre »
Lors d’un interrogatoire de plusieurs heures, se vantant de ne plus « rien à perdre »il a plaisanté sur les voyages réguliers » des chefs de service » habillé en costumes « 2 000 euros »qui les a exhortés à poursuivre leur activité. « Ils savaient tout. Pour eux, la réputation de Julien M. suffisait, c’était une institution cinq étoiles. ».
Bien qu’il ait reconnu plusieurs actes de brutalités, dont des gifles, il a continué ses provocations, au point de tomber dans l’ignominie lorsqu’on l’a interrogé sur ses déviances sexuelles, déclarant que certaines des filles placées « ne répondait pas à ses critères » physique. « J’avais déjà ma petite fille et je n’avais besoin de personne d’autre. ». Bruno C. aurait également interdit à certains mineurs de porter » sous-vêtement » à son domicile. Ce qu’il a démenti, le sourire aux lèvres.
Outre son attitude désinvolte, les déclarations de Bruno C. comme celles sur « ces gamins (qui) étaient de toute façon dans un système où il fallait tout éviter » Et « qui doit être suivi psychologiquement »accablées, parfois jusqu’aux larmes, des parties civiles déjà indignées par deux jours d’audience et une autre matinée de terribles témoignages.
Dans ce procès, dix-huit personnes comparaîtront jusqu’à vendredi, mais aucun responsable de l’ASE ne sera jugé.
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