Budget 2025 : ces entreprises qui engrangent des milliards mais qui ne seront pas concernées par la « participation à la relance » – le 16/10/2024 à 11:57
Le modèle coopératif, très présent dans l’agriculture et la grande distribution, devrait largement échapper à la contribution temporaire demandée par le gouvernement.
(AFP / VALENTIN CHAPUIS)
Si le gouvernement demande aux entreprises ayant le chiffre d’affaires le plus élevé de faire un effort spécifique pour redresser les comptes publics, certaines « grandes entreprises » ne devraient pas être concernées. En effet, l’apport exceptionnel ne concerne que marginalement les modèles coopératifs, puissants dans l’agroalimentaire et la grande distribution.
Le secteur de la grande distribution a manifesté lundi 14 octobre contre la
« matraquage fiscal organisé par le gouvernement Barnier »
via la principale organisation du secteur, la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD).
Mais, en son sein, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le leader de ce secteur réalisant globalement
plus de 220 milliards d’euros de chiffre d’affaires
E.Leclerc par exemple, est organisée en coopérative. L’enseigne détient près d’un quart du marché des courses en grande distribution, soit près de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel dans ses plus de 700 magasins. Mais il est organisé en plusieurs centaines d’entreprises indépendantes (magasins ou producteurs alimentaires), dirigées par près de 600 patrons adhérents.
Aucune d’entre elles ne réalise plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires.
avec des exceptions comme la filiale d’abattoir breton Kermené, qui a réalisé 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Le média représentant de la marque Michel-Edouard Leclerc n’a pas directement répondu à la question.
Journal du dimanche
lorsqu’on lui a demandé si E.Leclerc serait concerné par la taxe, se limitant à regretter que « la France pratique déjà une fiscalité très lourde ».
Groupes « intégrés » défavorisés
Autant dire qu’il existe un peu de jalousie chez certains concurrents dits intégrés, c’est-à-dire les marques qui, comme
Carrefour, Leroy Merlin ou Décathlon
dans le secteur non alimentaire, exploitent directement tout ou partie des magasins sous leurs couleurs, comme le soulignait récemment le quotidien
Les échos
. Les Mousquetaires/Intermarché, 3e distributeur français et organisé selon un modèle quelque peu similaire à celui de Leclerc, « seront concernés » par la taxe temporaire, comptant « plusieurs entreprises dépassant le seuil » du milliard d’euros, selon la direction. Mais ce ne sera pas massif.
Et chez Coopérative U, 4ème distributeur français, nous attendons prudemment la conclusion des débats parlementaires pour nous exprimer.
« La nature même de l’impôt est de taxer une personne morale autonome
de ne pas créer un paquet fiscal composé de sociétés indépendantes comme si toutes étaient une seule et même société », rappelle le
AFP
Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération professionnelle du commerce coopératif (FCA), dont sont membres Leclerc et Les Mousquetaires. La spécificité va en sens inverse, argumente-t-il : « Un magasin indépendant déficitaire ne fait pas, lors de la consolidation des comptes, ‘bénéficier’ du groupe d’une réduction d’impôt, ce qui est en revanche le cas d’une entreprise intégrée.
La spécificité du modèle coopératif n’existe pas seulement dans la distribution. De nombreuses marques présentes dans les rayons des supermarchés appartiennent à des coopératives agricoles. Ils s’appellent Sodiaal (Candia, Entremont, Yoplait…), Agrial (Savoine, Florette, Breizh Cola ou Loic Raison…), Terrena (Père Dodu, La nouvelle agriculture, Douce France…) ou Cooperl (Brocéliande , Madrange, Montagne Noire…).
Coopératives agricoles exonérées
Or,
les coopératives agricoles sont par statut exonérées de l’impôt sur les sociétés même si elles en sont bénéficiaires
.
« Les coopératives paient l’impôt sur les sociétés, tout en ayant une partie d’activité exonérée », nuance le
AFP
Coopération Agricole, une organisation défendant les intérêts du secteur. Surtout s’ils ont racheté des entreprises qui n’ont pas le statut de coopérative agricole.
Les 25 coopératives dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros « seront, comme les autres, soumises à la contribution exceptionnelle si elles atteignent les seuils exprimés en chiffre d’affaires », assure la même source.
La contribution temporaire correspond à 20,6% de l’impôt sur les sociétés
due pour 2024 pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre un milliard d’euros et moins de trois milliards d’euros, et 41,2% de cette taxe pour celles qui atteignent ou dépassent trois milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon le projet de budget pour 2025, qui sera déposé au débat parlementaire dans les prochains jours.