Total, L’Oréal… quand les multinationales dictent leur loi à l’enseignement supérieur – Libération
Enquête
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« Libération » a obtenu des contrats de mécénat liant entreprises et universités : clause de non-dénigrement, possibilité pour les grands groupes d’influencer le choix des conférences et des thèses… Une association de jeunes ingénieurs lance un appel à la transparence.
Pour préparer la rentrée, les élèves de l’École des Mines de Nancy partent en excursion pour réaliser une carte géologique. Apprenez à identifier les roches sédimentaires, les plis, les failles. Sachez comment le signaler de manière concise. Afin de financer l’exercice, l’école publique a signé une convention de parrainage. Dans cette affaire, la multinationale Total leur a effectué un virement de 2 000 euros. Sauf qu’en échange, « L’institut s’interdit de faire toute communication directe ou indirecte, écrite ou orale, susceptible de nuire à l’image et à la notoriété de TotalEnergies ». Une clause de non-dénigrement donc, que tout service juridique considérera comme classique dans un contrat. A un détail près : il recrute un établissement public destiné à former les ingénieurs de demain. « Ces clauses sont rédigées de telle manière qu’elles n’entravent pas notre liberté d’expression ni notre capacité à mener un débat ouvert et critique »réagit François Rousseau, le directeur de l’Ecole des Mines de Nancy, indiquant que dans cette affaire les 2 000 euros représentaient moins de 10 % du coût global de l’action menée.
Autre exemple, à l’Université Paris Sciences et Lettres (PSL). Cette fois, c’est L’Oréal qui participe à la création d’une « Chaire Beauté(s) », pour « des points de vue inattendus émergent sur la notion de beauté ». Avec quand même 1,2 million d’euros sur la table, versés par le géant des cosmétiques entre 2018 et 2022. »L’Oréal était