Stellantis pourrait-elle vendre une de ses 14 marques ? Carlos Tavares n’a « aucun tabou »
Pour son dernier Mondial de l’Automobile de Paris, Carlos Tavares a accordé une interview à BFM Business. Il évoque sans « tabou » l’avenir du groupe et l’impact des véhicules chinois sur le marché européen.
Le Mondial de l’Automobile de Paris a ouvert ses portes. Journée réservée à la presse, lundi se déroule une série de conférences des constructeurs présents. Sur le stand C3, Carlos Tavares attend son interview sur BFM Business. « Il est sur le stand de Leapmotor », précise l’équipe du patron de Stellantis. Une anecdote qui en dit long sur la stratégie du groupe aux 14 marques*.
Alors que l’Union européenne se dispute avec Pékin sur les surtaxes appliquées aux véhicules électriques fabriqués en Chine, le petit constructeur chinois est-il le nouvel atout dans la manche du géant automobile ?
« Ce que nous cherchons à faire, c’est de profiter de la dynamique des voitures chinoises en Europe, que nous utiliserons pour assurer l’avenir de Stellantis. Il y a une offensive chinoise en Europe (…) nous cherchons à en profiter », a répondu Carlos Tavares à BFM Business.
La petite marque chinoise va en effet aider le géant automobile à déployer une offre qui lui manque et que les consommateurs attendent. Il s’agit d’une voiture électrique d’entrée de gamme. En septembre, Stellantis a annoncé l’ouverture des commandes du Leapmotor T03, vendu à partir de 19 500 euros. Les premiers clients seront livrés en octobre.
Ce prix la positionne comme l’une des voitures électriques les moins chères du marché européen, aux côtés de la Dacia Spring. Mais contrairement au Spring qui est assemblé en Chine, le Leapmotor T03 est assemblé en Pologne, dans l’usine Fiat de Tychy. Cela évite ainsi les surtaxes de la Commission européenne ciblant les véhicules chinois.
Offres d’achat pour les fabricants français depuis la Chine
Cette stratégie pose des questions pour l’avenir des autres marques du groupe. Avec une forte concurrence chinoise, certains vont-ils disparaître ou être vendus ?
« Je me place comme le premier défenseur des marques que nous avons, notamment en Europe et particulièrement en France. Cela dit, il n’y a pas de tabou », répond Carlos Tavares.
Un sujet qui pourrait avoir de lourdes conséquences, avec des usines européennes qui pourraient fermer, et que Carlos Tavares préfère éviter. « Il est trop tôt pour en parler. Nous verrons comment nous sortirons des vingt prochains mois.
Or, le directeur de Stellantis révèle que « les Chinois » lui ont déjà demandé « de leur vendre des marques ».
« Je ne veux pas les évoquer par courtoisie (…) mais ils m’ont demandé de vendre des marques européennes et même françaises et j’ai refusé », dit-il.
La dernière Coupe du Monde de Carlos Tavares
Pour Carlos Tavares, cette édition 2024 du Mondial de l’Automobile de Paris sera la dernière. En effet, il prendra sa retraite à la fin de son mandat, en 2026.
« Après quarante-cinq ans dans l’automobile, je me suis dit qu’à 68 ans et après avoir consulté mon épouse, il était temps de tourner la page. »
L’annonce a été officialisée le 3 octobre lors d’un événement organisé à Sochaux. Le dirigeant dit avoir pris cette décision de sa « propre initiative ». Elle se fixe désormais pour objectif de piloter la transition énergétique.
« Il s’agit d’un changement extrêmement délicat et extrêmement dangereux. Je veux m’assurer que l’entreprise, début 2026, sorte pleinement de cette période difficile avec une pérennité basée sur des résultats récurrents et une situation technologique robuste. et qui donne satisfaction à nos clients. »
*Marques du groupe Stellantis : Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram, Vauxhall.