Dans un an, Marée Express, entreprise historique de Lézignan-Corbières, fermera définitivement ses portes
Fondée en 1948 par Lucien et René Raynaud, la société Express Tide, spécialisée dans le transport de produits de la mer, véritable fleuron en son temps de la vie économique de Lézignan, cessera d’exister en novembre 2025. Le groupe Stef, qui a racheté en 2018 , a décidé de fermer le site, qui emploie actuellement 77 salariés, pour consolider ses activités à Frontignan.
C’est officiel : dans un an, la société Express Tide, spécialisée dans le transport de produits de la mer, tirera définitivement le rideau sur 77 ans d’existence dans le monde économique de Lézignan. Le groupe Stef, qui l’a racheté à la famille Raynaud en 2018, en a fait l’annonce aux représentants du personnel le 23 septembre.
Contactée, la direction de l’entreprise, qui se présente comme le leader européen des prestations logistiques sous température dirigée pour le transport de denrées alimentaires, expose ses arguments dans un communiqué. Pour elle : » Le site de Lézignan connaît depuis plusieurs années une situation économique difficile en raison du déclin du marché des produits de la mer frais en France (-13% en volume en 5 ans) ; l’accentuation récente de ces difficultés du fait de la perte de deux clients, suite à la réorganisation de leurs systèmes logistiques respectifs, qui ont représenté une part significative de son chiffre d’affaires malgré la mise en œuvre d’actions d’adaptation rapides et en raison d’une zone de chalandise restreinte où les opportunités de développement sont limitées, le site de Lézignan-Corbières n’a pas réussi à se redresser durablement. sa situation économique. »
Certains sont là depuis 30 ans ou plus…
En conséquence, le groupe a décidé de consolider les activités « les sites de Lézignan-Corbières et Frontignan sur un nouveau site, adjacent au site actuel de Frontignan qui est situé dans une zone de chalandise dynamique. Ce nouveau site pourrait être mis en service d’ici fin 2025. »
Un véritable crève-cœur pour les représentants du personnel : « C’est une entreprise familiale et, malgré la reprise, entre nous nous avons gardé le même état d’esprit, respirent Ludovic Malisse, Patricia Poux et Barbara Ryo, issus du syndicat majoritaire CGT. Certains sont là depuis 30 ans ou plus… »
Une situation difficile à vivre, d’autant que plusieurs signaux avaient alerté les représentants du personnel : « Fin 2020, j’ai prévenu le maire d’une potentielle fermeture. Quatre ans plus tard, nous y sommes »dit Ludovic Malisse qui estime que le rachat de 2018 était une manière de « capturer le portefeuille client d’Express Tide ». Une affirmation que la direction conteste : « L’acquisition de la société Express Tide par le groupe Stef avait pour objectif de renforcer sa couverture opérationnelle en France en intégrant le Sud-Ouest et le Languedoc-Roussillon ».
Combien de reclassements ? Et où ?
En attendant, les représentants du personnel s’inquiètent pour l’avenir des 77 salariés : « On nous proposera des reclassements internes, sur le site de Montredon ou de Frontignan. Mais combien ? Par ailleurs, en ce qui concerne Frontignan, le niveau de vie n’est pas le même qu’ici, avec des loyers plus élevés de 3 à 400 €.
A ce jour, un protocole d’accord a été signé entre les syndicats et la direction pour entamer la procédure de plan de sauvegarde de l’emploi qui ouvrira les négociations. De même, dans le cadre de la loi Florange, le terrain inauguré en novembre 2008 a été mis en vente pour rechercher un acheteur potentiel et éviter que les bâtiments ne deviennent des friches. « Et dire que nous sommes idéalement situés, à proximité de l’autoroute, et à l’intersection de deux autoroutes… C’est difficile à avaler », pestent toujours Ludovic Malisse, Patricia Poux et Barbara Ryo, bien décidés à défendre jusqu’au bout les salariés de Marée Express.
Les politiques réagissent
Gérard Forcada, maire de Lézignan, est d’autant plus touché par l’annonce de la fermeture de Marée Express, que c’est son beau-père qui crée l’entreprise avec son frère en 1948. Une entreprise initialement basée à Homps, avant d’être transférée à Lézignan, sur la 113, là où se trouve actuellement Grand Moulin, puis vers le quartier Gaujac (à l’endroit des cellules abritant Netto, M. Bricolage, etc.) et enfin, jusqu’à son emplacement actuel. « J’avais effectivement été alerté par la CGT en novembre 2020 mais la direction ne m’avait parlé que de petits aménagements. Je suis choqué par une telle décision qui, pour moi, n’a aucun fondement. Parce que l’activité, elle est là, les infrastructures sont adaptées. C’est la responsabilité de la direction d’avoir transféré des clients vers d’autres transporteurs : et c’est l’activité de Lézignan qui en fait les frais. « .
André Hernández, Le président de la Communauté de communes de la région Lézignanaise Corbières-Minervois (CCRLCM), qui dispose d’une compétence économique, ne cache pas son « stupéfaction »c’est « désolation » : « C’est une perte d’emplois, d’activité sur le territoire. J’aimerais recevoir les syndicats, les salariés. Notre tâche sera de voir quelle reconversion nous pouvons faire sur ce site pour qu’il ne devienne pas une friche. C’est une entreprise présente de longue date à Lézignan. Nous devons être aux côtés des salariés et les soutenir.