le gouvernement dévoile son plan de réduction du déficit, l’effort prévu s’annonce massif
Malgré les protestations de l’intérieur contre les économies et les augmentations d’impôts prévues, il vise un effort commun pour conjurer la menace d’une « crise financière » et préserver la crédibilité de la France auprès des marchés financiers et de l’économie. L’UE, qui a montré du doigt Paris pour ses déficits excessifs.
40 milliards d’euros d’efforts
La situation est jugée grave, avant le verdict des agences de notation sur la solidité financière de la France dans les prochaines semaines, dont Fitch vendredi. Même si sa dette reste appréciée des investisseurs, elle inspire moins confiance et emprunte à des taux d’intérêt proches de ceux des pays du sud de l’Europe jugés plus risqués. Cela alourdit le fardeau de la dette, aujourd’hui deuxième poste budgétaire derrière l’éducation.
Préparé « en extrême urgence » et présenté avec un retard sans précédent dans un calendrier perturbé par les élections législatives anticipées, le projet de budget prévoit de réaliser les deux tiers de l’effort, soit quelque 40 milliards d’euros, grâce à des réductions de dépenses.
L’État en sera le premier contributeur, à hauteur de 20 milliards d’euros. Les fonctionnaires sont dans le viseur, tandis que les ministères devront prévoir 5 milliards d’économies, en plus d’un gel de leurs crédits. Les collectivités locales sont sollicitées pour participer à l’effort à hauteur de 5 milliards d’euros, accusées par le précédent gouvernement d’avoir laissé s’envoler leurs dépenses. Ils espèrent pouvoir influencer cette fuite lors du débat parlementaire.
La Sécurité sociale doit débloquer 15 milliards, notamment via le report décrié de six mois, au 1er juillet, de l’indexation des retraites (pour 4 milliards). Il est prévu de transférer une fraction des remboursements des consultations médicales vers l’assurance maladie complémentaire et de réduire la contribution de l’Assurance maladie au financement des arrêts maladie.
Augmentations d’impôts et impôts renforcés
Des hausses d’impôts sont également prévues à hauteur de 20 milliards d’euros. Un revirement opéré au nom de la « justice fiscale », après sept années de réduction agressive des impôts, dans un pays toujours champion des prélèvements et dépenses obligatoires.
Les 65 000 foyers fiscaux les plus riches (soit 0,3 % du total) paieront une surtaxe « exceptionnelle » qui porterait leur taux minimum d’imposition à 20 %. Et 300 entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros paieront pendant un an ou deux un taux d’imposition des sociétés supérieur à 25 %.
Se défendant contre tout « choc fiscal », le Premier ministre Michel Barnier a promis d’épargner « les plus fragiles » et « ceux qui travaillent ».
Les transports polluants en paieront également le prix, avec un malus écologique plus sévère, voire une taxe sur le secteur aérien, tandis qu’après une forte baisse lors de la crise inflationniste, une taxe sur l’électricité (TICFE) serait augmentée drastiquement.
Les aides à l’embauche d’apprentis en subiront un coup dur, tout comme les baisses de charges. Cette hausse du coût du travail est critiquée par le Medef, la première organisation patronale, qui y voit une menace pour la compétitivité des entreprises françaises et « des centaines de milliers d’emplois ».
1 000 milliards d’euros de plus depuis 2017
Après un dérapage attendu à 6,1% cette année, l’objectif est de réduire le déficit public à 5% dès 2025, pour revenir en 2029 sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles.
La dette, à 3 228,4 milliards d’euros fin juin (112 % du PIB), a gonflé d’un millier de milliards depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence en 2017, plombée par le coût des crises et des récentes recettes fiscales qui ont été décevant. Il approchera les 115 % l’année prochaine, soit presque le double du maximum fixé à 60 % par Bruxelles, avant de diminuer progressivement.
Le chemin de croix budgétaire s’avère d’autant plus difficile qu’il se double d’une grande instabilité politique.