« Une fiscalité plus élevée pour les plus riches les obligerait à changer de mode de vie »
CC’est comme la saison 6 d’une mauvaise série sur Netflix, dont le scénariste manque désespérément d’inspiration. C’est le retour du vieux refrain de l’austérité. Bien évidemment, les gouvernements évitent d’utiliser ce mot trop souvent synonyme de souffrance sociale. Mais le refrain de la dette s’installe et les éditorialistes reprennent le lexique habituel : les Français vont devoir se serrer la ceinture, nous sommes trop dépensiers, nous vivons au-dessus de nos moyens…
Revenons sur les fondements de ce discours. Il y a d’abord la fameuse dette, qui atteint, en 2024, la somme vertigineuse de 3 154 milliards d’euros, soit 110 % du PIB. Si cette dette est trop élevée, il existe une solution : il suffit d’augmenter les impôts et les cotisations sociales pour répondre à nos besoins collectifs.
Mais les promoteurs du libéralisme économique sortent alors leur farceur. Ce n’est pas possible, la France croule déjà sous les prélèvements obligatoires (51,5% du PIB), ce qui ferait fuir les riches et limiterait les investisseurs. La seule solution, longuement vantée, est donc de réduire les dépenses publiques (écoles ou hôpitaux) et de réduire les droits des salariés, des chômeurs et des retraités.
Dépenses publiques et services fournis
Tout d’abord, nous avons une population vieillissante, des fonctionnaires mal payés et des défis écologiques gigantesques. Cela pourrait justifier une augmentation de nos dépenses publiques. Or, ces dépenses sont passées de 56,5% du PIB en 1993 à 57% en 2023. En réalité, la richesse que nous allouons aux dépenses publiques n’a guère augmenté depuis dix ans. Avec Emmanuel Macron en revanche, les recettes ont fortement chuté, passant de 54,3% du PIB à 51,5% du PIB.
Autre sujet, la France a des dépenses publiques effectivement supérieures à la moyenne européenne, qui s’élève à 50 % du PIB. Mais les dépenses publiques doivent être liées aux services fournis. Par exemple, en France, un patient souffrant d’une maladie de longue durée est couvert médicalement à 100 % et ses revenus – au moins dans un premier temps – sont maintenus. Cette dépense est incluse dans « dépenses publiques ». Ce n’est pas le cas dans tous les pays.
Autre exemple, un contribuable anglais paie moins d’impôts, mais doit économiser beaucoup d’argent pour que ses enfants puissent poursuivre des études supérieures à l’université, dont les frais d’inscription varient entre 4 000 et 10 000 euros contre 175 euros en France. Ce que le contribuable étranger ne paie pas en impôts, il le paie souvent en dette ou en assurance. Et il paie parfois plus cher. En France, les dépenses de santé avoisinent les 5 000 euros par habitant contre 6 000 euros en Allemagne et près de 10 600 euros aux Etats-Unis…
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