Lancement de la vaccination en RDC, épicentre de l’épidémie
La République démocratique du Congo (RDC) a officiellement lancé samedi sa campagne de vaccination pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie de mpox dans ce pays d’Afrique centrale, de loin le plus touché au monde par le virus.
La vaccination, qui devait initialement débuter mercredi, a été reportée notamment en raison de retards dans le déploiement des précieuses doses à travers le pays, grand comme quatre fois la France et pauvre en infrastructures. Les opérations de vaccination ont finalement débuté en milieu d’après-midi à Goma (est).
« Mpox existe »
A quelques heures des premières vaccinations, devant le plus grand hôpital de la capitale de la province du Nord-Kivu, les autorités locales soutenues par l’OMS et des ONG s’affairaient encore à monter des tentes et à déployer des banderoles rappelant les gestes barrières avec le message « Le mpox existe ». ».
Une dizaine de soignants ont été les premiers à être immunisés, ont constaté les journalistes sur place. « En tant que médecin, je suis en première ligne (…) je veux me protéger », a expliqué le Dr Jeannine Muhavi, la première vaccinée.
La campagne doit se poursuivre plus largement à partir de lundi, notamment dans la province voisine du Sud-Kivu où l’épidémie actuelle est apparue il y a un an, selon les autorités sanitaires.
Une « lutte totale »
A Goma samedi, le directeur de cabinet du ministre de la Santé Romain Muboyayi a promis une « lutte totale » contre « cette maladie évitable et curable ».
« Le déploiement du vaccin marque une étape importante pour limiter la propagation du virus », s’est félicité le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, citée dans un communiqué.
Lors d’une conférence de presse vendredi, le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba a toutefois souligné qu’à ce stade il ne s’agit pas de « vaccination massive » mais de cibler les populations à risque (soignants, professionnelles du sexe, homosexuels, etc.). .
Plus de 30 000 cas depuis le début de l’année
Aucune date précise n’a été communiquée pour la vaccination à Kinshasa. La capitale congolaise, surpeuplée, a été relativement épargnée par l’épidémie mais une récente augmentation rapide des cas, signalée par l’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC), fait planer le spectre d’une contamination à grande échelle.
Depuis le début de l’année, la RDC a enregistré plus de 30 000 cas et près de 990 décès. Selon l’OMS, le pays concentre 90 % des contaminations enregistrées dans le monde. Environ 70 % des décès concernent des enfants de moins de cinq ans, selon les autorités sanitaires. Mais la vaccination ne s’adresse à ce stade qu’aux adultes.
Le pays, parmi les cinq plus pauvres de la planète, a reçu le mois dernier 265 000 doses données par l’Union européenne et les États-Unis. Ce vaccin, fabriqué par le laboratoire danois Bavarian Nordic, est autorisé uniquement pour une utilisation chez l’adulte. Des tests sont actuellement en cours pour une utilisation chez les enfants de moins de 17 ans.
« Ce n’est pas avec 265 000 doses qu’on résout le problème »
Un autre vaccin, utilisable chez les enfants, est autorisé par le Japon, avec lequel la RDC est en discussion pour un éventuel approvisionnement de quelque trois millions de doses.
« Vous imaginez bien que dans un pays de 100 millions d’habitants, ce n’est pas avec 265 000 doses qu’on résout le problème », a insisté vendredi Samuel-Roger Kamba, précisant que les adultes doivent normalement recevoir deux doses pour être totalement immunisés.
La RDC doit également recevoir 4 500 tests PCR de diagnostic précoce. L’OMS a annoncé vendredi avoir donné son feu vert au test permettant de détecter la souche du virus à l’aide de prélèvements sur des lésions cutanées.
Plusieurs épidémies de mpox en cours
Plusieurs épidémies de mpox sont en cours en Afrique centrale. La résurgence des cas et l’apparition d’un nouveau variant en RDC ont poussé l’OMS à déclencher son plus haut niveau d’alerte mondiale en août.
Anciennement appelée variole du singe, la mpox est une maladie virale qui se transmet des animaux aux humains mais qui se transmet également entre humains, provoquant de la fièvre, des douleurs musculaires et des lésions cutanées.
Le virus est actuellement présent dans 16 pays d’Afrique, selon le CDC Afrique.