la Cour des comptes propose de supprimer 100 000 postes dans les collectivités locales
« Les dépenses de personnel, qui représentent un quart des dépenses des collectivités, connaissent une croissance soutenue, tirée principalement par le « bloc communal » », à savoir les communes et intercommunalités, observe la Cour dans un rapport, au moment où le déficit public de la France devrait diminuer. dépasser 6% du PIB en 2024. « Alors que les effectifs ont augmenté significativement jusqu’à récemment, malgré l’absence de nouveaux transferts de compétences, maîtriser leur évolution est un enjeu central », soulignent les magistrats.
Suppression de 100 000 emplois
Les Sages de la rue Cambon précisent que la « hausse des effectifs (depuis 2011) concerne essentiellement les intercommunalités », qui se sont développées sur cette période, et « n’a pas été compensée par une baisse équivalente dans les communes ».
Ils préconisent un « retour progressif de la main d’œuvre des collectivités », qui emploient environ 2 millions de personnes, « à leur niveau du début des années 2010 », soit une « suppression de 100 000 emplois », ce qui permettrait d’économiser 4,1 milliards d’euros par an à partir de 2030.
Cette proposition potentiellement explosive, dont les motivations sont contestées par les associations d’élus locaux, fait écho à celle d’Emmanuel Macron qui prévoyait en 2017 la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique.
« Le personnel territorial ne peut être réduit à une question comptable », a déclaré le président de l’Association des maires de France (AMF) David Lisnard dans sa réponse écrite, rappelant que les intercommunalités « se voient confier des compétences qui ne sont pas toujours exercées auparavant par les communes. »
Dans ses perspectives pour 2024, la Cour estime la hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités à +5,4% sur les huit premiers mois de l’année. Outre le personnel, ils sont tirés par les achats de biens et services dopés par l’inflation, ainsi que par les dépenses sociales liées à l’augmentation de la précarité.
« Dérapage »
Les dépenses d’investissement s’accélèrent également en raison du « cycle électoral municipal », qui voit logiquement aboutir les projets votés en début de mandat. Cependant, toutes les communautés ne sont pas en bonne santé, reconnaît le rapport. Comme en 2023, les communes et intercommunalités se portent bien, mais c’est moins le cas des régions, et encore moins des départements, largement plombés par la baisse des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) prélevés sur les transactions immobilières.
Côté recettes, celles de la TVA, qui remplace la taxe d’habitation sur les résidences principales, ne seront pas aussi bonnes qu’espérées, de sorte que la trajectoire financière des collectivités « dérape de plus en plus » par rapport à ce qui était prévu par la loi de programmation des finances publiques 2023. -2027, prévient la Cour.
Alors que le Premier ministre Michel Barnier souhaite ramener le déficit public en dessous de 3% du PIB d’ici 2029, la Cour imagine des pistes de « participation » des collectivités, rappelant que ces dernières représentaient 17,8 % des dépenses publiques en 2023. Le rapport préconise de « massifier et mutualiser les achats » entre collectivités, source potentielle de 5 milliards d’euros d’économies par an, et recentrer leurs investissements sur la transition écologique.
Plutôt que de réguler les dépenses, ce à quoi les collectivités s’opposent fermement au nom du principe constitutionnel de libre administration, les magistrats tablent sur un « ralentissement de l’évolution des recettes ». Cela pourrait passer par la fin de « l’indexation des valeurs locatives cadastrales des taxes foncières à l’inflation » ou encore « le plafonnement d’une partie de la dynamique TVA », première recette des collectivités.