Roumanie : en mer Noire, une impitoyable traque à la mine de guerre
Un geyser jaillit dans le ciel. A 10 km du port roumain de Constanta, des plongeurs viennent de déclencher des explosifs pour neutraliser une mine, danger omniprésent pour les navires en mer Noire depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. « Nous sommes constamment en alerte« , témoigne Mihai Iordache, interrogé par l’AFP lors d’un exercice militaire cette semaine. Ce capitaine de 45 ans sait de quoi il parle : il a mené une véritable opération de déminage en 2022, sur l’un des cinq engins découverts en Roumanie. eaux territoriales après le lancement de l’offensive.
Au total, 98 mines flottantes ont été localisées dans toute la mer Noire et détruites au cours de cette période. Charges placées par les belligérants pour protéger leurs côtes et ayant dérivé sous l’effet des tempêtes notamment. « Une mine peut sérieusement endommager, voire détruire un navire« , se souvient Iordache.
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Un enjeu crucial puisque le trafic commercial a considérablement augmenté depuis Constanta, devenu un port incontournable pour les marchandises ukrainiennes, à commencer par les céréales, ne pouvant plus quitter les ports ukrainiens bloqués. Préserver cette liberté de navigation en contrecarrant le « menace« Les mines sont la priorité », explique le chef d’état-major de la Marine, Mihai Panait.
Turquie et Bulgarie : une alliance »vital«
Dans cette optique, une alliance a jugé «vital » a été conclu en janvier avec la Turquie et la Bulgarie mais il n’est pas encore opérationnel faute de ratification à Ankara. Aucune date n’a encore été avancée par les responsables turcs, selon une source parlementaire contactée par l’AFP. Une fois cet accord effectif, des missions communes aux trois pays pourront être remplies.
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Pendant ce temps, les marins roumains s’entraînent seuls à bord d’un nouveau bateau de déminage, le M270 acheté à la Royal Navy, équipé d’un sonar capable d’explorer jusqu’à 1 500 mètres devant la coque et 200 mètres de profondeur. Arrivé en décembre, l’imposant bâtiment gris offre une meilleure sécurité pour l’équipage et une plus grande capacité de détection. « Sans comparaison avec les outils dont nous disposions auparavant« , se félicite son commandant de 37 ans, Denis Giubernea.
Sur le pont, les marins scrutent la mer avec des jumelles à la recherche d’objets suspects. Dès qu’une éventuelle mine est détectée, des plongeurs spécialisés interviennent mais, à l’avenir, il sera possible de procéder à la destruction à l’aide d’un véhicule sous-marin télécommandé, précise-t-il.
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Un deuxième navire de ce type est attendu d’ici fin 2024 et sa future patronne Madalina Dragan-Ghigalau, 38 ans, a hâte d’en prendre la barre, maintenant que «le danger est réel« , après la formation très théorique qu’elle a suivie il y a dix ans. A la fin du conflit, d’autres pays de l’Otan pourraient être invités à explorer les eaux et empêcher les mines de refaire surface des années plus tard.
L’angoisse des pêcheurs
A l’occasion des vastes manœuvres de l’Alliance atlantique appelées «Bouclier marin 24« , qui a mobilisé du 8 au 21 avril 2 200 militaires de 13 nations, un plongeur français est déjà monté à bord du M270 pour observer les opérations et jeter les bases d’une future coopération avec la Roumanie.
Pour les pêcheurs, il est urgent de redoubler d’efforts pour éliminer ce danger qui les paralyse. Selon Laurentiu Mirea, président d’une organisation qui regroupe 36 entreprises de pêche, nombre d’entre elles refusent désormais de prendre la mer. Il appelle à la mise en place le long des côtes roumaines d’équipes navales capables de se déployer rapidement en cas de détection d’une mine.
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Sur la jetée de Navodari, au nord de Constanta, Dan Gheorghe Giurgiu ne cache pas sa crainte. Il évite désormais de prendre la mer le soir ou de se diriger vers les côtes ukrainiennes plus au nord. « Nous ne pouvons pas risquer d’être touchés« , confie ce marin de 52 ans, la peau patinée par le soleil, en démêlant les filets au lendemain de la capture de 170 kg de turbot. « Même si tu échappes à la mort, c’est l’œuvre d’une vie qui part en fumée« .