INTERVIEW « Nous produirons la moitié des besoins du pays », assure Jean Boher, PDG de l’usine toulousaine de paracétamol

Quand commencerez-vous à fabriquer du paracétamol ?

Nous prévoyons de démarrer la production fin 2025. Actuellement, nous préparons l’ensemble de l’installation sur le site d’ArianeGroup à Toulouse, dans un bâtiment pharmaceutique fermé depuis plusieurs années. Les tests de fabrication débuteront entre avril et juin 2025, puis il y aura une montée en puissance. Cela représente environ la moitié des besoins de la France. Nous prévoyons de vendre notre paracétamol dans d’autres pays de l’Union européenne. Nous contribuerons à l’indépendance et à la souveraineté de la France dans le domaine pharmaceutique. Sans principes actifs, il n’existe pas de médicaments.

En quoi votre méthode de production est-elle révolutionnaire ?

Habituellement, la production de principes actifs comme le paracétamol se fait par des procédés dotés de grands réacteurs. Le procédé est très énergivore et polluant, générant environ 200 kg de déchets pour chaque kilo de principe actif produit. Dans notre process, nous ne générons que cinq à six litres de déchets par kilo produit, et ces déchets seront en partie retraités ou valorisés. Nous serons les seuls au monde à produire du paracétamol en continu. Celle-ci s’appuie sur une série de brevets développés par la société française Ipsomedic basée à Aubagne.

Avez-vous déjà recruté du personnel ?

Oui, nous avons un directeur de chantier, un chef de travaux, une assistante administrative et comptable. Nous avons également récemment recruté un Responsable Supply Chain et Logistique. Au total, nous allons embaucher une quarantaine de personnes.

Vos produits seront-ils plus chers que ceux d’Asie ?

Oui, il y aura une différence de prix, mais celle-ci est justifiée par la qualité et la durabilité écologique de notre produit. Nous garantissons également du paracétamol 100% européen puisque tous nos fournisseurs sont situés dans l’UE. Sanofi a déjà confirmé son engagement.