La Chine donne un coup de pouce supplémentaire à son économie – 27/09/2024 à 09:58
La banque centrale chinoise, le 9 juillet 2024 à Pékin (AFP/ADEK BERRY)
La Chine a dévoilé vendredi de nouvelles mesures pour relancer son économie, mise à mal par une consommation des ménages atone et un secteur immobilier en crise, des annonces saluées par le marché même si elles semblent encore insuffisantes.
Tout au long de la semaine, les autorités chinoises ont multiplié les annonces de mesures de soutien à la deuxième économie mondiale, sans précédent depuis la pandémie de Covid.
Vendredi, la Banque centrale a réduit le taux de réserves obligatoires des banques, ce qui devrait permettre d’injecter quelque 127 milliards d’euros de liquidités sur les marchés financiers.
Ce taux (RRR) est un ratio qui détermine la part des dépôts que les banques sont tenues de conserver dans leurs caisses. Sa réduction devrait leur permettre de prêter davantage aux entreprises pour soutenir l’économie réelle.
L’annonce de la Banque centrale intervient au lendemain d’une réunion des dirigeants chinois qui ont reconnu l’existence de nouveaux « problèmes » dans la deuxième économie mondiale et après d’autres mesures dévoilées ces derniers jours, notamment des réductions des taux d’intérêt. des intérêts et des prêts immobiliers moins chers.
Les autorités tablent toujours sur une croissance de l’ordre de 5% cette année, mais les analystes jugent cet objectif optimiste compte tenu des nombreux obstacles auxquels il se heurte.
Vendredi, Pékin a également annoncé une réduction de 1,7% à 1,5% du taux des prises en pension à sept jours, un taux d’intérêt à court terme payé par la banque centrale sur les emprunts auprès des prêteurs commerciaux.
– « Crise de confiance » –
La Chine est en proie à une crise sans précédent de son vaste secteur immobilier, à une confiance atone des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.
« Faire des affaires est encore plus difficile cette année que pendant la pandémie de Covid », a déclaré jeudi à l’AFP Chang Guiyong, 58 ans, propriétaire d’un petit restaurant à Shanghai.
« Les gens ne veulent plus consommer, même les employés de bureau apportent leur déjeuner au travail », ajoute-t-il.
« La faiblesse de la Chine vient d’une crise de confiance, pas d’une crise du crédit », a déclaré Harry Murphy Cruise, économiste chez Moody’s Analytics.
« Les entreprises et les familles ne veulent pas emprunter, quel que soit le coût de l’emprunt », et « donc la baisse des coûts d’emprunt ne relancera pas l’économie, à moins que les autorités n’injectent à nouveau dans l’économie la confiance dont elle a tant besoin », ajoute-t-il. pour des « réformes structurelles plus larges ».
À la mi-septembre, le pays a décidé de relever progressivement l’âge légal de la retraite à partir de l’année prochaine, une première depuis des décennies.
Pan Gongsheng (à gauche), gouverneur de la Banque centrale, Li Yunze (au centre), directeur de l’Administration centrale de la régulation financière et Wu Qing (à droite), chef de l’Autorité de régulation des marchés (CSRC), lors d’une conférence de presse à Pékin le 24 septembre 2024 (AFP/ADEK BERRY)
« De nouvelles situations et de nouveaux problèmes sont apparus » pour l’économie chinoise, a rapporté jeudi l’agence de presse officielle Xinhua à l’issue d’une réunion du Politburo du Parti communiste au pouvoir.
Les dirigeants chinois ont appelé à « améliorer l’efficacité » de la politique économique et à davantage de baisses de taux, ainsi qu’à « répondre aux inquiétudes de la population » concernant l’économie et l’immobilier.
– «Relance du Bazooka» –
La série de mesures dévoilées cette semaine par Pékin a été bien accueillie par les investisseurs, les Bourses de Shanghai et de Hong Kong affichant une hausse de plus de 10 % depuis lundi.
Hong Kong a ainsi connu sa meilleure semaine depuis 2009 et Shanghai a fait de même depuis 2008, selon les données de l’agence Bloomberg.
Graphique montrant l’évolution du PIB trimestriel sur un an depuis le 2ème trimestre 2017 (AFP/Janis LATVELS)
Même si des réformes plus larges restent nécessaires pour atteindre l’objectif de croissance de 2024, ces nouvelles annonces semblent montrer une volonté d’en faire davantage dans ce domaine, estiment les analystes.
« Pékin semble enfin déterminé à mettre en œuvre rapidement ses mesures de relance du bazooka », observe Ting Lu, économiste en chef pour la Chine chez Nomura, dans une note.
« La reconnaissance par Pékin de la gravité de la situation économique et de l’échec d’une approche fragmentaire devrait être appréciée par les marchés », ajoute-t-il.
Dans une note, ANZ Research juge les mesures annoncées « suffisantes par rapport à (sa) prévision de croissance du PIB de 4,9% cette année », même si « elles restent trop limitées et trop tardives face aux problèmes actuels du secteur immobilier ».
« Les autorités devraient annoncer des mesures de soutien budgétaire supplémentaires dans les mois à venir », prédit ANZ.
Signe de la gravité de la situation, la Chine envisage d’injecter près de 130 milliards d’euros dans ses banques d’État, ce qui serait une première depuis la crise financière de 2008, a indiqué jeudi Bloomberg.