« Je vais voter contre la majorité des textes », prévient Raphaël Glucksmann
La tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes de juin, invité de « Demain l’Europe » sur franceinfo vendredi, a présenté sa vision de la politique migratoire européenne.
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« Je voterai contre la majorité des textes » du pacte européen sur la migration et l’asile, prévient vendredi 29 mars sur franceinfo Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique. Le 20 décembre 2023, après trois années d’âpres négociations, le Conseil et le Parlement européen sont parvenus à un accord sur la réforme du système migratoire européen. L’objectif est de l’adopter définitivement avant les élections européennes du 9 juin.
Le groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen, auquel appartient Raphaël Glucksmann, soutient ce pacte européen sur la migration et l’asile. Mais l’eurodéputé n’est pas satisfait de cet accord. Il sent qu’il n’est pas assez équilibré. « Ce texte, censé répondre au chaos des politiques migratoires européennes, impose des mesures filtrantes et répressives à l’entrée mais n’impose pas la solidarité et une politique migratoire commune »il argumente.
Un député européen opposé au règlement « Dublin III »
Or, « le défi était de sortir du chaos de ce qu’on appelle ‘Dublin’, c’est-à-dire d’un système d’accueil qui fait peser tout le poids sur les pays d’entrée, l’Italie et la Grèce », déplore l’élu. Selon ce règlement dit « Dublin III »un demandeur d’asile doit d’abord introduire sa demande dans le pays par lequel il est entré dans l’Union européenne.
Raphaël Glucksmann, qui « a accepté le compromis trouvé » par les députés, reproche au Conseil européen, qui rassemble les États membres, d’avoir « cédé à Viktor Orbán »le Premier ministre d’extrême droite de Hongrie. « En réalité, le pacte ne prévoit pas de répartition » migrants, dénonce la tête de liste PS-Place publique. « Nous pouvons par exemple, quand nous sommes Viktor Orbán, décider que notre contribution à la solidarité européenne est de financer des barbelés autour de la Hongrie et de ne pas accueillir de demandeurs d’asile »il ajoute.
« Dans trois ans, nous aurons encore une discussion et un pacte à nouveau car nous n’aurons pas construit cette politique migratoire européenne », prédit Raphaël Glucksmann. Pour éviter cela, il appelle à mettre en place une solidarité européenne. « Les gens ne veulent pas aller en Italie ou en Grèce, ils veulent aller en Europe. Ce sont donc les nations européennes qui doivent, ensemble, l’assumer et répartir les demandeurs d’asile entre les différentes nations européennes. »» défend l’eurodéputé.
Les noyés de Méditerranée et l’immigration de travail absents du pacte, selon lui
Mais « la première chose est que nous devons sauver les gens en Méditerranée »insiste Raphaël Glucksmann avant de poursuivre : «Tout le monde s’est habitué au fait que notre mer est devenue un cimetière. Il n’y en a pas un mot dans ce pacte. Il faut relancer les opérations de secours. »
Le député européen appelle également à la création de « routes d’immigration légales ». « C’est encore ce qui manque dans ce pacte », Il regrette. Selon lui, cela doit être géré au niveau de l’Union européenne et non par le biais d’accords bilatéraux. « Nous devons identifier nos besoins en fonction des économies européennes. Nous avons besoin d’une immigration de travail. » argumente-t-il, soulignant que la Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, avait assoupli sa position sur ce sujet.
La tête de liste PS-Place publique est pour la mise en place des visas navetteurs. « Des chercheurs ont constaté – ce n’est pas l’avis d’ONG – que lorsqu’on a la possibilité de faire des allers-retours avec son pays d’origine, on s’installe moins durablement en Europe »explique Raphaël Glucksmann.
Il assure qu’il ne porte pas « un discours idéaliste mais un discours basé sur la réalité ». Cependant, « ce discours est catégorisé a priori comme impopulaire donc plus personne ne le porte »déclare l’eurodéputé, regrettant la montée des partis d’extrême droite en Europe qu’il qualifie de des « patriotes indésirables ».