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Fdj : Avec un début d’année un peu timide et un risque réglementaire aux Pays-Bas, FDJ trébuche en Bourse

(BFM Bourse) – Le titre du spécialiste des jeux d’argent a fortement chuté ce jeudi alors que la société a révélé une croissance au premier trimestre conforme à ses objectifs mais inférieure aux attentes de plusieurs bureaux d’études.

Si les différentes publications de l’entreprise sont plutôt bien accueillies en Bourse ce jeudi, ce n’est pas le cas de FDJ. Le spécialiste des jeux de hasard et d’argent coté en bourse depuis 2019 lâche 3,6% vers 15h15, après avoir publié son activité du premier trimestre.

La société a généré un chiffre d’affaires de 710 millions d’euros sur les trois premiers mois de l’année, en hausse de 7% en données publiées et de 1,1% hors effet périmètre. Le groupe explique que cette progression est « conforme » à ses projections, FDJ tablant cette année sur une croissance de l’ordre de 8% en données publiées.

Mais les revenus sont néanmoins un peu inférieurs aux attentes de Stifel et Oddo BHF, qui attendaient respectivement 725 millions d’euros et 759 millions d’euros.

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Dans le détail, la loterie en France a enregistré une croissance de 1,4% au premier trimestre. Hors impact d’Amigo, un jeu dont le groupe a repensé la formule pour la rendre moins addictive à la demande de la National Gaming Authority, la hausse des jeux de loterie s’élèverait à 4%, explique la société.

Les paris sportifs et jeux en ligne en France ont vu leurs revenus croître de 9,5% en données publiées et de 0,9% hors effets de change. Le chiffre d’affaires a été soutenu par l’intégration de ZEturf, site de paris hippiques dont l’acquisition a été finalisée en novembre par FDJ.

Le groupe précise que les jeux en ligne ont enregistré à eux seuls une croissance de plus de 30% à 100 millions d’euros, permettant à ce segment de représenter environ 15% des revenus.

Un risque nuancé aux Pays-Bas

Au-delà du chiffre d’affaires, plusieurs analystes dans leur note de ce jeudi soulignent que l’entreprise fait face à un risque réglementaire aux Pays-Bas.

« Une série de motions ont été déposées pour interdire la publicité en ligne, introduire des limites sur les dépôts des clients ou encore interdire les jeux « à haut risque » comme les machines à sous », souligne Stifel. Ces potentiels changements votés aux Pays-Bas concernent « l’interdiction de publicité pour les jeux en ligne et l’interdiction de proposer des jeux à risque (notamment des machines à sous) », corrobore Oddo BHF.

Certes, FDJ n’est pour l’instant pas directement concernée par cette menace réglementaire. Mais cela ne va pas tarder : en janvier, la société a annoncé le projet de rachat du suédois Kindred, propriétaire (notamment) d’Unibet, pour une valeur d’entreprise de 2,6 milliards d’euros. Cette opération doit être finalisée à la fin de l’année.

Cependant, Kindred est leader du marché aux Pays-Bas, son premier pays, qui constitue plus de 20 % de ses revenus bruts de jeux et où la croissance du marché est projetée à 11 % par an sur la période 2023-2027.

Contactée par BFM Bourse, FDJ a apporté plusieurs éléments de contexte. Le vote des parlementaires néerlandais concerne des motions qui, malgré le vote, doivent être examinées par le gouvernement « pour voir si elles peuvent être transformées en propositions législatives », rappelle l’entreprise.

Le groupe souligne également que le ministre néerlandais de la Protection juridique s’est prononcé à la fois contre une interdiction totale de la publicité en ligne et contre l’interdiction des jeux en ligne « à haut risque », comme les machines à sous.

FDJ explique également qu’une interdiction totale des jeux « à haut risque » constituerait un « retour en arrière » qui serait « surprenant » car « en contradiction avec les objectifs de lutte contre les opérateurs illégaux et de protection des joueurs ». Quant à l’éventuelle interdiction de la publicité, « Des exemples récents en Europe montrent clairement qu’une telle décision renforce le(s) leader(s) du marché (et donc Kindred-Unibet aux Pays-Bas) », rappelle l’entreprise.

Bruxelles comme menace

Par ailleurs, Stéphane Pallez, PDG de FDJ, a déclaré mercredi soir dans le communiqué du groupe que la société « poursuivait, en toute confiance, le projet d’acquisition de Kindred ».

FDJ nuance donc grandement ce risque réglementaire aux Pays-Bas. Cependant, cet élément s’ajoute à une autre épée de Damoclès : l’enquête sur les droits exclusifs de la Commission européenne.

Bruxelles a ouvert en 2021 une enquête sur l’attribution par l’État français à FDJ de ces droits exclusifs sur la loterie physique et en ligne ainsi que sur les paris sportifs pour une durée de 25 ans en échange d’un solde de 380 millions d’euros. La Commission européenne enquête pour savoir si cette opération, réalisée dans le cadre de la privatisation du groupe, n’a pas procuré un avantage indu à l’entreprise.

Le verdict de la Commission européenne a attendu longtemps. Le marché craint que cela n’entraîne un surcoût important pour le groupe (la banque Citi évoque plus de 1,5 milliard d’euros en 2022). Cette incertitude nuit à la visibilité du titre FDJ et handicape l’action depuis près de trois ans.

« Alors que la décision de la Commission européenne, qui pénalisait jusqu’ici le titre, pourrait arriver à la rentrée de septembre et redonner de la visibilité, un autre risque réglementaire apparaît dans le contexte du rachat de Kindred avec le durcissement évoqué aux Pays-Bas », analyse Oddo. BHF.

Même si FDJ affirme donc sa volonté de finaliser l’acquisition de Kindred, Stfiel pointe aussi ce risque lié au rachat de Kindred. « Nous reconnaissons que les questions réglementaires pourraient continuer à obscurcir ‘l’equity story’ (l’histoire qu’une entreprise raconte au marché pour le séduire, ndlr) de FDJ, alimentant désormais les spéculations sur la faisabilité de l’opération Kindred, aggravées par le fait que il n’y a toujours pas de nouvelles de l’enquête de la Commission européenne », juge la banque.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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