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Le procès de deux anciens réalisateurs pris dans la tourmente médiatique

Deux anciens employés d'une crèche People & Baby sont jugés pour
DIMITAR DILKOFF / AFP Deux anciennes employées d’une crèche People & Baby sont jugées pour « suspicion de violences sans incapacité sur mineurs de moins de 15 ans commises par personne ayant autorité ».

DIMITAR DILKOFF / AFP

Deux anciennes employées d’une crèche People & Baby sont jugées pour « suspicion de violences sans incapacité sur mineurs de moins de 15 ans commises par personne ayant autorité ».

REPORTAGE – Les journalistes sont presque aussi nombreux que les parties prenantes devant la 5e chambre du tribunal judiciaire de Lille, ce lundi 23 septembre. Et pour cause : le procès d’une directrice de crèche du groupe People & Baby et de son assistante, soupçonnées de violences volontaires, physiques et psychologiques sur neuf enfants, intervient quelques jours seulement après la sortie du livre de Victor Castanet, Les Ogres (éd. Flammarion).

L’enquête, qui porte sur les dérives du commerce de la petite enfance, consacre un chapitre à cet établissement de Villeneuve-d’Ascq, dans la banlieue de Lille. Les deux anciens gérants sont jugés pour « violences sans incapacité sur mineurs de moins de 15 ans commises par une personne ayant autorité  » – des faits qui se seraient déroulés entre 2019 et 2021. Il s’agissait de deux mères qui, après avoir découvert des bleus et des égratignures sur leurs enfants, ont donné l’alerte.

Ce lundi, l’audience porte sur les cas de neuf enfants au total, dont certains avaient environ 3 mois au moment des faits reprochés : privation de repas, humiliations, isolement, maltraitance physique… Au tribunal, la médiatisation de l’affaire, amplifiée par la présence de Victor Castanet lui-même, donne à la défense des arguments pour demander son renvoi. L’heure est graves’insurge Me Blandine Lejeune, avocate de l’ancien réalisateur de 48 ans, veste noire, cheveux longs et larges lunettes à monture d’écaille sur le nez. Ces femmes sont la cible d’un torrent de boue depuis la sortie d’un livre qui les présente comme des ogres. »

« Il ne s’agit pas de vengeance, de lapidation ou d’exploitation médiatique. »

Avant d’ajouter : « Il y a 60 pages à leur sujet, pas un seul élément de preuve à leur décharge et nous n’avons jamais été contactés. » L’avocat du député a également évoqué la médiatisation de l’affaire et ses conséquences sur la santé de sa cliente, une femme de 34 ans à la longue tresse rousse. Depuis quelques jours, toute notre énergie est concentrée à éviter la presse, soutient Me Fatima En-Nih. Ce n’est pas un euphémisme. On n’ose même plus répondre au téléphone. »

La défense dénonce une « amalgame » entre le procès de ces deux femmes, présentes à l’audience, et celui du système des crèches privées, ciblé par la journaliste dans son enquête. Elle va même jusqu’à faire un parallèle entre Les hirondelles de Kaboul – un roman et un film sur la guerre en Afghanistan dans lesquels, dans une scène, une femme est lapidée – et sur le harcèlement médiatique de son client. « Je pensais que nous en avions fini avec la lapidation, affirme Me Fatima En-Nih. Je ne sais pas où nous allons, où va notre pays, en entendant constamment que des gens sont coupables avant même d’avoir été jugés.

Les avocats des familles sont d’accord : il s’agit du procès des deux femmes et non de celui du groupe. « Il ne s’agit pas de vengeance, de lapidation ou d’exploitation médiatique. »souligne Me Patrick Lambert. Ils réclament en revanche que justice soit rendue après plusieurs années d’attente. Les victimes sont anxieuses et attendent depuis 1 215 jours », ajoute Me Alexandre Schmitzberger, qui a déposé une plainte parallèle contre le groupe People & Baby pour maltraitance sur son propre enfant à Metz. « Personne ne réussit bien dans ce domaine, il s’oppose à un licenciement. Il faut la juger pour que nous puissions tourner la page.

« Derrière ces dysfonctionnements se cache le procès de People & Baby »

Le procureur souligne également qu’il ne s’agit pas d’une question de « mettre à l’épreuve le système des crèches privées « En fait, le groupe People & Baby n’est pas mis en cause dans cette affaire et seules les responsabilités individuelles des deux prévenus doivent être examinées. Après délibération, la demande de renvoi est rejetée, mais l’une des parties civiles demande que l’audience se tienne à huis clos. L’affaire concerne des mineurs, elle est acceptée. La couverture médiatique prend fin : les journalistes et le public doivent quitter la salle.

Demandé par Le HuffPost En quittant la salle, le journaliste Victor Castanet échappe aux attaques de la défense à son encontre. Dans mon enquête, je relate les faits avec des témoignages de familles, des éléments du dossier. Je ne donne pas les noms de ces personnesil justifie. Et mon sujet est toujours un sujet de système (…). Derrière ces dysfonctionnements, c’est le procès de People & Baby. Comment un groupe réagit ou ne réagit pas aux faits qui sont évoqués. »

Pour lui, la médiatisation de cette affaire est d’autant plus nécessaire que le groupe de garderies privées tente, à travers des plaintes en diffamation, de faire taire les familles qui ont parlé publiquement. Cela montre l’attitude d’un groupe face aux alertes. Au lieu de procéder à des audits et des enquêtes internes, il y a eu à chaque fois une réaction extrêmement brutale envers les familles. « , souligne le journaliste.

Le procès s’est poursuivi à huis clos, sans la présence des journalistes et du public. On ignore si la défense a également invoqué la « système » People & Baby, cette fois pour dénoncer les conditions de travail des deux salariées. Mais d’autres dossiers de ce type devraient bientôt arriver devant la justice.

Le parquet a requis lundi six et douze mois de prison avec sursis contre les deux femmes. Il a également demandé au tribunal de Lille de prononcer une interdiction d’exercer de cinq ans à l’encontre des deux prévenues. La décision doit être mise en délibéré jusqu’au 7 octobre.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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