vidéo parodique, deepfake, affiche retouchée… comment l’intelligence artificielle s’immisce dans la campagne
En pleine campagne pour les élections européennes, l’intelligence artificielle est de plus en plus présente. Et de nombreux internautes sont dupes. Franceinfo décortique trois exemples récents.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 2 minutes
Stop aux contrefaçons ! La campagne électorale européenne offre une excellente occasion d’utiliser l’intelligence artificielle pour tromper les plus crédules. En parcourant les réseaux sociaux, vous êtes peut-être tombé sur, ou un de vos collègues vous a montré en riant, une vidéo présentée par les internautes comme le clip de campagne de Valérie Hayer.
Elle suscite beaucoup de réactions. Dans un montage franchement ringard, on voit le candidat de la Renaissance aux élections européennes au travail, en meetings, en meetings. Le tout sur une musique entraînante : « Tout le monde la connaît, elle est géniale…Valérie Hayer ne vote pas ailleurs ! »« Comment quelqu’un pourrait-il voter pour des personnes qui réalisent une vidéo de campagne aussi ridicule ? »» écrit un internaute. « La pub de Valérie Hayer !!! C’est une blague ?! Renaissance était plus forte que Les Républicains avec Pécresse », rit un autre. La vidéo devient virale. Et certains y croient vraiment.
Une vidéo de campagne parodique, créée grâce à l’intelligence artificielle
Cette vidéo a été créée par un compte parodique, ZlavèqueProductions sur Youtube. C’est bien indiqué dans la description du clip « #fake », « #humour », « #parodie » de Valérie Hayer. « Je fais ça juste pour m’amuser, parce que c’est drôle, il n’y a pas d’objectif politique », explique à franceinfo le créateur, sous le pseudonyme Mathieu Blèh, également freelance et créateur de contenus sur internet. Il a utilisé l’intelligence artificielle pour produire cette vidéo, ChatGPT pour aider à écrire les paroles et une autre application pour composer la musique. « L’objectif est de réaliser une vidéo de campagne parodique par candidat », précise Mathieu Blèh. Le compte propose déjà des vidéos d’Emmanuel Macron, Marion Maréchal, Raphaël Glucksmann et Nicolas Sarkozy.
Mais Mathieu Blèh était « surpris » par la viralité de sa vidéo sur Valérie Hayer. Elle a été partagée par de nombreux comptes militants d’extrême droite, sans préciser qu’il s’agissait d’une parodie. L’entourage de Valérie Hayer dénonce à franceinfo une technique pour « discrédit » le candidat, teinté de sexisme. L’équipe réfléchit à déposer un rapport sur la plateforme Viginum, chargée de la vigilance et de la protection contre les interférences numériques étrangères.
L’IA pour modifier le physique des candidats
L’intelligence artificielle est également utilisée par les comptes anonymes pour modifier l’apparence des candidats. Deux comptes TikTok viennent d’être supprimés par la plateforme. Ils proposaient des vidéos de jeunes filles, nombrils exposés et longs cheveux blonds, avec les visages de Marine Le Pen et de Marion Maréchal. Des messages partisans étaient joints aux vidéos. Il s’agissait d’images deepfake générées par l’intelligence artificielle. Le compte le stipulait, comme l’explique BFM Tech&Co, mais les internautes se sont laissés berner.
Dans un genre complètement différent. Numéro 2 de la liste Ecologie au Centre, Juliette de Causans, a volontairement modifié son apparition sur son affiche de campagne, grâce à l’intelligence artificielle. Le parti explique à franceinfo que la candidate a utilisé trois logiciels différents, qu’elle ne veut pas révéler, pour se donner un ventre plat, des dents blanches, ou encore un teint hâlé. « C’est une manière d’alerter sur les dangers de l’intelligence artificielle »un sujet qui figure dans leur programme, assure à franceinfo le numéro 1 de la liste, Jean-Marc Governatori. « Ça nous permet aussi de parler de nous »il admet.
Qu’elle soit volontaire ou non, émanant directement des candidats ou délibérément reprise par des militants, l’intelligence artificielle est très présente dans la campagne pour les élections européennes. Il faut donc être vigilant avec les images, en faisant très attention à qui les partage. En cas de doute, n’hésitez pas à vous référer aux comptes officiels des candidats. Des détails peuvent également vous alerter, comme un mouvement anormal des lèvres, mais les images générées par l’intelligence artificielle sont de plus en plus difficiles à détecter.