Emploi fictif, faux papiers… Pourquoi Jordan Bardella n’est pas jugé dans le procès des assistantes du RN
Jordan Bardella est soupçonné d’avoir occupé un emploi fictif d’assistant parlementaire du RN au Parlement européen et d’avoir fourni de faux documents en guise de preuves. Il ne sera toutefois pas jugé lors du procès prévu fin septembre.
Bien qu’il ne figure pas parmi les accusés du procès des assistants parlementaires du RN, qui doit s’ouvrir le 30 septembre 2024, Jordan Bardella n’en est pas moins impliqué dans cette vaste histoire. L’actuel président du Rassemblement national (RN) a été l’assistant parlementaire de l’ancien député européen Jean-François Jalkh pendant quelques mois en 2015. Or, les faits jugés lors du procès s’étalant de 2004 à 2016, l’homme politique fait partie des personnes soupçonnées d’avoir participé à un système frauduleux d’emplois fictifs. Le protégé de Marine Le Pen aurait ainsi pu passer son contrat d’assistant parlementaire à travailler davantage pour et au profit du RN, qui s’appelait alors Front national, qu’à travailler sur des travaux parlementaires.
Comme la plupart des personnes impliquées dans cette affaire, Jordan Bardella nie ces accusations. Pour se défendre, l’homme politique a fourni à la justice des documents censés attester de l’efficacité de son travail au Parlement européen. Pourtant, selon une enquête du journaliste Libérer Selon Tristan Berteloot, ces documents seraient faux et antidatés. « Pour camoufler cet emploi fictif, l’actuel président du RN a contribué à produire de fausses attestations de travail » écrit le journaliste dans son livre d’investigation Machine à gagner citant comme exemples un « faux journal » et une « revue de presse antidatée paraphée de sa main ». Le journaliste affirme qu’un avocat belge employé par le RN aurait demandé à un stagiaire du parti de produire de faux documents pour couvrir le président du parti d’extrême droite. Une version des faits renforcée par les déclarations d’anciens stagiaires et de membres du parti.
Jordan Bardella n’a pas été le seul à produire de faux documents pour justifier son travail parlementaire et démentir les accusations. Le député européen Nicolas Bay, qui siégeait au RN au moment des faits, et Timothée Houssin qui était son assistant parlementaire auraient fourni des documents similaires selon les informations de Franceinfo et des équipes de Enquête plus approfondiel’émission de France 2. Des revues de presse prétendument datées de 2014 ou 2015 présenteraient des éléments postérieurs à ces dates selon les observations des journalistes.
La défense de Jordan Bardella suscite des interrogations
Le président du RN dénonce des accusations « fausses et diffamatoires » après la publication de l’enquête Libérer et compte porter plainte contre Tristan Berteloot. « Ni le Parlement européen ni la Justice française n’avaient trouvé à redire à la réalité de mon travail », a ajouté Jordan Bardella dans un message sur X. Alors que ces nouvelles révélations interviennent dans la quinzaine précédant le procès des dossiers des assistants parlementaires du RN, il pointe un stratagème « un peu grossier ».
Jordan Bardella a pu bénéficier du soutien de son parti, qui a assuré dans un communiqué que son leader « a travaillé (comme assistant parlementaire) sans aucune infraction ou irrégularité, tant au regard des règlements du Parlement européen que du droit français ». La formation politique a ajouté qu’« aucune pièce justificative n’a été demandée et a fortiori soumise à la justice » concernant le cas de Jordan Bardella. Logique puisque l’homme politique ne devrait pas être jugé lors du procès. Il ne reste plus qu’à préparer sa défense, le président du RN aurait pu produire des documents mettant en doute l’efficacité de son travail et se mettre tout seul dans une position difficile. Du moins selon les éléments révélés par Libérer.
Ayant travaillé comme assistant sous contrat à durée déterminée à temps partiel et pendant quelques mois seulement, Jordan Bardella ne représenterait qu’une perte d’environ 10 400 euros en cas d’emploi fictif avéré. Un montant anecdotique comparé aux 6,8 millions d’euros détournés selon le Parlement européen. L’homme politique n’a donc pas été poursuivi pour « ne pas alourdir un dossier déjà conséquent » selon Libération.
GrP1