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Inondations en Jamaïque, 2021 – Analyse médico-légale


Le rapport d’évaluation mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe (GAR 2024) présente 10 études de cas, chacune accompagnée d’une analyse médico-légale des risques, qui examine et enquête systématiquement sur les catastrophes pour comprendre leurs causes et leurs impacts, ainsi que l’efficacité de toute mesure d’atténuation.

Étape 1 – Comprendre l’ADN de la catastrophe

Ce qui s’est passé?

Le 8 janvier 2021, de fortes pluies ont déferlé sur la baie de Montego en Jamaïque, inondant les routes et endommageant les véhicules et les bâtiments. Au total, 40 mm de pluie sont tombés en peu de temps, affectant environ 933 personnes, dont plusieurs blessés dans la ville. Montego Bay abrite un important port de croisière, un aéroport, un centre commercial, des stations balnéaires et des terrains de golf.

L’événement n’était pas unique dans le sens où Montego Bay a connu plusieurs inondations majeures au cours de la dernière décennie, se produisant environ une fois tous les deux ans.

En novembre 2017, par exemple, 94 mm sont tombés en 4 heures, inondant le centre-ville, inondant les commerces et emportant les voitures. À cette époque, les eaux de crue ont atteint environ 1,5 mètre, affectant quelque 392 personnes et impactant des infrastructures essentielles telles que des stations-service et l’aéroport international Sangster.

Exposition : Où les dégâts ont-ils été concentrés ?

Ces deux inondations à Montego Bay ont touché les propriétaires d’entreprises et les résidents. Les eaux de crue ont bloqué les principales voies d’accès à l’aéroport international Sangster et aux routes principales, la plupart des dégâts se produisant dans les zones basses.

Les quartiers informels ont été particulièrement touchés, les eaux de crue chargées de débris ayant obstrué les égouts et inondé des commerces tels que des banques, des stations-service, des supermarchés, des centres commerciaux et des garages. Les structures mal construites et les articles ménagers ont été gravement endommagés. Ces quartiers, caractérisés par une forte densité de population et plusieurs maisons dans une même cour, ont dû faire face à de plus grandes difficultés pour récupérer et remplacer les objets endommagés.

Les résidences officielles, principalement situées à la périphérie de la ville, ont également été touchées par les inondations. Ces ménages ont été isolés et leurs biens et leurs articles ménagers ont été endommagés. Bien que les dégâts structurels aient été mineurs, les pertes ont été importantes.

Les entreprises, principalement situées dans le centre-ville, ont enregistré des pertes de revenus mais se sont généralement rétablies plus rapidement. Cependant, la perte d’activité a eu un impact direct sur les ménages qui comptaient sur ces entreprises comme principale source de revenus. Cela était également vrai pour les résidents des quartiers informels.

Alors que Montego Bay continue de s’étendre, notamment sur des terres marginales, le risque d’inondation demeure une question prioritaire. Les implantations irrégulières reflètent les inégalités sociales et les autorités n’ont pas encore interdit l’urbanisation dans les zones à haut risque ni fourni d’alternatives de logement aux habitants des implantations informelles. La promotion de logements abordables avec des espaces sûrs et sains et un accès facile au travail est essentielle pour atténuer les risques d’inondation.

Vulnérabilité : Qui a été affecté et pourquoi ?

Le tourisme, principal secteur économique de Montego Bay, a été considérablement affecté. Les inondations de 2017 et 2021 ont perturbé le tourisme en inondant les hôtels et en bloquant les routes principales. De nombreuses personnes des quartiers informels travaillent dans des hôtels et les inondations les ont empêchés d’aller travailler pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Les problèmes de drainage ont également eu un impact sur le tourisme.

Les inondations ont surtout touché les populations les plus pauvres, mettant en évidence à la fois les causes et les symptômes de l’étalement urbain. La croissance et la densité de la population ont accru la pression sur les infrastructures de drainage, en particulier à proximité des habitations sur des terrains publics proches des parcs et des espaces ouverts. Lorsque les pluies sont arrivées, les déchets se sont accumulés dans les espaces publics, les rivières et les égouts, contribuant de manière significative aux inondations.

Des recherches limitées ont été menées sur les problèmes de santé publique liés à l’eau et à l’assainissement après les inondations de 2017 et 2021.

Résilience : quels facteurs limitent les impacts ?

Les inondations à Montego Bay sont soigneusement évaluées afin de comprendre leurs impacts et d’élaborer des stratégies pour une meilleure résilience face aux inondations futures. Des défis tels que les ressources officielles limitées pour faire respecter les codes de construction et gérer les nombreuses facettes de l’étalement urbain non planifié, notamment le maintien de systèmes de drainage sans débris, soulignent la nécessité d’une inclusion significative d’une variété de parties prenantes.

Il est essentiel d’impliquer les communautés et les entreprises locales de manière significative pour une gouvernance efficace. Lorsque les gouvernements et les autorités établissent des liens appropriés avec ces groupes pour discuter des impacts de leurs actions et parviennent à un accord commun sur l’état d’esprit et les actions participatives nécessaires, des résultats positifs peuvent être obtenus, parfois de manière surprenante et rapide. Une inclusion significative est un élément essentiel pour éviter les catastrophes.

Malgré les défis posés par l’étalement urbain, Montego Bay s’efforce de réduire ses risques de catastrophes grâce à des ateliers, des simulations et des réunions communautaires. Ces activités renforcent les capacités et la sensibilisation, tout en renforçant les capacités de préparation et de réponse aux niveaux politique et opérationnel. Les informations sur les risques sont partagées en ligne et par le biais de produits tels que des affiches pour informer les résidents sur les risques d’inondation et autres dangers.

Il est essentiel de mettre à jour et de faire respecter le code national de la construction et les réglementations en matière d’aménagement du territoire. La prolifération d’implantations informelles le long des principaux réseaux de drainage aggrave les inondations, car ces implantations obstruent souvent l’écoulement des eaux avec leurs déchets accumulés. Le vieillissement des infrastructures de drainage aggrave encore le problème, en particulier lorsque l’expansion urbaine introduit de nouveaux affluents sans améliorations correspondantes.

Les autorités locales nettoient les principaux égouts pour atténuer les risques d’inondation, mais la mauvaise gestion des déchets dans les quartiers informels entrave ces efforts d’entretien. Les débris s’accumulent sur les plages et dans les ports, ce qui nuit aux écosystèmes côtiers.

Les consultations publiques, les études de recherche et les évaluations impliquent diverses parties prenantes telles que les ONG et les résidents des communautés vulnérables. Les cadres réglementaires imposent des évaluations d’impact environnemental pour les projets d’aménagement dans les zones côtières sensibles. Les informations sur les dangers sont intégrées dans les stratégies d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement. Une unité de gestion des squatters collecte et analyse des données sur les implantations informelles.

La mise en œuvre de la loi reste problématique sur les terres marginales de Montego Bay, mais l’expansion accélérée des implantations informelles est motivée par la demande de travail et un accès accru aux commodités. Si les besoins en logements des implantations informelles sont évidents, il n’y a pas suffisamment de terres disponibles pour construire des logements offrant un accès facile à l’emploi et aux services dans la ville. La plupart des terres situées à la périphérie de la ville sont des propriétés privées, avec quelques lotissements destinés aux revenus moyens et élevés.

Des mesures restrictives doivent être mises en place pour la construction dans les zones où le risque d’inondation est identifié comme élevé ou très élevé. L’élaboration de politiques, de réglementations, de codes et d’autres instruments qui soutiennent une gouvernance plus forte en matière d’aménagement du territoire est un élément clé pour réduire le risque d’inondation.

Dans la mesure du possible, il est possible d’améliorer l’application des lois visant à contrôler les détritus et les déversements abusifs, en mettant l’accent, par exemple, sur les amendes en cas d’infraction. Des stratégies efficaces d’élimination des déchets solides peuvent également être promues dans les communautés par le biais de l’éducation et de la sensibilisation du public. Le nettoyage périodique des ruisseaux et des ravins doit se poursuivre et les réseaux de drainage dans et autour de la ville doivent être améliorés.

Étape 2 – Tendances futures

Cette section examine les principales causes profondes ou les problèmes émergents identifiés ci-dessus et fournit un aperçu des tendances potentielles « commerciales et habituelles » où une action immédiate pourrait prévenir ou réduire les catastrophes à l’avenir.

Personnes

  • La Jamaïque est le 35e pays le plus densément peuplé du monde, avec 2,9 millions d’habitants vivant sur une superficie de 10 991 kilomètres carrés. Montego Bay, une ville clé, compte 110 000 habitants. Le pourcentage de la population jamaïcaine vivant en zone urbaine devrait passer de 56,3 % en 2020 à 62,8 % en 2035. En 2011, seulement 14,5 % de la population était raccordée au tout-à-l’égout. Environ 46,4 % de la population vit à distance de marche des transports publics.
  • La Jamaïque se classe parmi les trois pays les plus exposés au monde aux catastrophes naturelles multiples. Elle se classe au deuxième rang en termes d’exposition économique à deux catastrophes ou plus, avec 96,3 % de son PIB menacé. Les zones les plus exposées et les moins équipées pour faire face à des catastrophes telles que les inondations et les ouragans se situent le long de la côte, où se trouvent la plupart des capitales jamaïcaines. Les implantations spontanées sur des terres écologiquement sensibles, telles que les plaines inondables et les pentes instables, augmentent le risque que les catastrophes naturelles se transforment en catastrophes et les niveaux de dégâts possibles.

Planète

  • Le sixième rapport d’évaluation du GIEC (AR6) prévoit que le niveau moyen mondial de la mer augmentera de 15 à 23 centimètres d’ici 2050 dans un scénario de très faibles émissions de gaz à effet de serre. Sans défenses côtières, dans le pire des scénarios de réchauffement d’ici la fin du siècle, 5 % ou plus de Kingston, en Jamaïque, devraient tomber définitivement sous le niveau de la mer.
  • La production de déchets par habitant est estimée à 1,2 kg/jour et par personne. Ce chiffre devrait augmenter à 1,5 kg/jour en raison de facteurs tels que la croissance démographique et l’évolution des modes de consommation. La pollution est généralisée et les décharges illégales sont monnaie courante dans certaines communautés. De grandes quantités de déchets sont déversées dans les ravins et les rivières, ce qui entraîne des inondations et des polluants dans les milieux marins. La pollution de l’air est affectée par les émissions du secteur des transports ainsi que par l’incinération des déchets.
  • En 2018, la Jamaïque a lancé sa campagne de lutte contre la pollution plastique, qui fait partie d’une initiative mondiale visant à relever le défi des sacs en plastique, des bouteilles en plastique, des microbilles, du polystyrène et plus encore, qui remplissent les rues, les ravins et le port de la Jamaïque.
  • Les écosystèmes côtiers sont confrontés à une dégradation croissante en raison de l’expansion urbaine prévue qui pourrait intensifier les risques d’inondation.

Prospérité

  • Les inondations récurrentes devraient avoir un impact sur le tourisme, les infrastructures et les moyens de subsistance.
  • L’inaction en matière d’amélioration des infrastructures de drainage et de mise en œuvre de mesures robustes de planification urbaine devrait exacerber les vulnérabilités économiques et entraver la croissance durable estimée à 1,6 % si des infrastructures résilientes au changement climatique sont mises en œuvre.

Étape 3 – Apprentissage médico-légal

Cette section vise à encourager le dialogue autour de l’analyse médico-légale afin de favoriser une meilleure prise de décision. Les domaines à prendre en compte ci-dessous sont envisagés comme une contribution pour stimuler la discussion et le plan d’action au niveau national sur la prévention future des catastrophes et la gestion améliorée des risques de catastrophe.

Personnes Planète Prospérité
Apprendre du passé Les inondations récurrentes touchent de manière disproportionnée les populations vulnérables, en particulier celles qui vivent dans des quartiers informels. Ces communautés, qui se trouvent souvent dans des zones de basse altitude et le long de canaux de drainage, sont confrontées à des risques importants lors de phénomènes météorologiques extrêmes. Ces événements endommagent les habitations et les infrastructures, ce qui constitue une menace pour la santé et la sécurité. L’élimination inadéquate des déchets solides et l’étalement urbain le long des zones côtières et des canaux de drainage aggravent les risques d’inondation et dégradent les écosystèmes locaux. Cette dégradation réduit la capacité naturelle des zones côtières à atténuer les inondations et à soutenir la biodiversité, ce qui souligne la nécessité d’une planification urbaine durable et de stratégies de gestion environnementale. Les inondations ont des répercussions sur des secteurs économiques clés tels que le tourisme et les entreprises locales. Les inondations récurrentes endommagent les infrastructures essentielles et perturbent les activités commerciales, entraînant des pertes économiques et entravant la croissance durable.
Fonctionnalités résilientes Les initiatives d’engagement communautaire et de renforcement des capacités visent à améliorer la préparation et les capacités de réponse aux catastrophes parmi les résidents. Les collectivités locales intègrent les informations sur les risques dans la planification et la réglementation. Les études d’impact environnemental et les réglementations en matière d’aménagement protègent les écosystèmes côtiers et atténuent les risques d’inondation. Le gouvernement national investit dans des infrastructures résistantes au changement climatique et dans la préparation aux catastrophes afin de minimiser les pertes économiques, de soutenir le tourisme et de soutenir les entreprises locales.
Pour informer l’avenir Améliorer la planification et la réglementation urbaines. Donner la priorité à la sécurité des résidents des quartiers informels exposés aux inondations. Appliquer les codes du bâtiment et les réglementations d’utilisation des sols. Réduire les vulnérabilités et protéger contre les inondations futures. Améliorer et entretenir le drainage pour atténuer l’impact des inondations et préserver les écosystèmes côtiers. Intégrer les évaluations environnementales dans le développement urbain. Promouvoir des pratiques qui renforcent la résilience. Investir dans des infrastructures résilientes au changement climatique et dans la préparation aux catastrophes. Soutenir le partenariat entre le gouvernement, les entreprises et les collectivités. Protéger les infrastructures, soutenir le tourisme malgré les risques d’inondation.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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