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Sans repreneur immédiat, la dernière usine française de blanchiment Lacroix arrive au bout de son sursis

Plusieurs lignes de production ont déjà fermé tandis que l’usine historique de Rillieux-la-Pape doit arrêter son activité fin septembre, malgré les bénéfices réalisés.

Le Figaro Lyon

Beaucoup ont déjà raccroché leur manteau. Entre les fêtes à vendre et les lignes de production prématurément arrêtées, l’usine Cotelle de Rillieux-la-Pape n’a plus grand-chose à voir avec l’effervescence qui y régnait encore il y a quelques mois, quand la crise sanitaire faisait exploser la demande d’eau de Javel. Si le site historique de production des berlingots Lacroix restait rentable – de près de deux millions d’euros chaque année -, l’actionnaire américain, Colgate Palmolive (près de 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires), n’est jamais revenu sur la décision de fermeture annoncée en janvier dernier. Elle sera effective fin septembre, alors que les discussions avec un repreneur potentiel, suivi par Bercy, n’ont pas encore abouti.

« Il y a deux acheteurs potentiels, dont l’un est toujours en lice et discute du prix. »assure l’ancien député devenu maire de la commune, Alexandre Vincendet (Horizons). Un fabricant français de solution désinfectante tiendrait la corde selon une source syndicale. La préfecture du Rhône confirme des discussions avec « deux à trois » acheteurs potentiels même s’il n’a pas « pas d’offre ferme. » « Des visites devaient être organisées sur place »les services de l’État précisent, en se référant à un cas « particulièrement suivi »avec des commissions régulières. Le maire confirme alors que la direction de Colgate Palmolive n’a pas donné suite à nos sollicitations. Les syndicats, eux, n’ont eu aucun retour suite aux premières réunions du printemps.

« On nous demande de faire des heures supplémentaires »

« On n’a plus le levier du pieu devant le portail, ce point est déjà loin »soupire une source syndicale. Flottant dans le spleen ambiant, il s’accroche à une vidéo compilant des photos des mobilisations des premiers jours comme ses derniers souvenirs partagés. « Nous étions une famille »a confié un syndicat à la Figaro lorsque la fermeture a été annoncée, en plein hiver. L’usine va donc fermer, au moins pour un temps. « Les gens vont partir. La société se vide petit à petit, mais on nous demande de faire des heures supplémentaires, les gens sont déprimés, poursuit un représentant syndical. Ils ont déjà fermé plusieurs lignes, la seule qui reste est celle qui sert à conditionner l’eau de Javel en bidons et en cartons de cinq litres.L’activité première de Cotelle sera donc aussi la dernière à perdurer, achevant ainsi un siècle d’histoire industrielle et humaine.

Le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) adoucit un peu les choses. Validé par la préfecture fin mai, il prévoit une indemnisation des salariés et un plan d’accompagnement pour ceux à qui il reste huit ans ou moins pour cotiser jusqu’à la retraite. Ils sont nombreux dans ce cas, Cotelle ayant la particularité d’afficher une moyenne d’âge et d’ancienneté particulièrement élevée. Avec la crainte du retour sur le marché du travail ces derniers mois, même chez les plus jeunes. A l’image de Madjid, 38 ans et père de trois enfants qui avait donné deux décennies de sa carrière pour devenir manager de dix personnes et savait dès l’hiver les difficultés qu’il aurait à retrouver les conditions de travail pour lesquelles il s’est battu. « Tout l’investissement personnel que j’ai mis dans cette usine, je ne le reverrai plus »il couinait sous le froid soleil de mars. « Des mesures sont prévues pour faciliter la reprise des salariés en cas de repreneur »assure la préfecture.

C’était l’un des objectifs de la médiatisation et de la surveillance de l’Etat, assure Alexandre Vincendet. Il n’en demeure pas moins que « mission de sauvetage » n’a pas abouti. L’actionnaire américain, qui avait racheté dans les années 1980 la marque Lacroix, jusque-là propriété de Cotelle, n’a jamais voulu revenir sur sa décision. Les berlingots seront désormais fabriqués par un sous-traitant concurrent de l’usine Rilliarde en Belgique.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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