« Avec le vote du budget, ça va frapper fort » : à la Fête de l’Humanité, l’urgence de sauver les services publics face à l’austérité
Des hôpitaux avec des services d’urgences où les patients ne craindraient plus d’être abandonnés à eux-mêmes dans un couloir faute de personnel soignant ; des enseignants tous titulaires et décemment payés, pour mettre fin au scandale du recrutement à la volée ; des trains pour desservir des zones délaissées, etc.
La Fête de l’Humanité a joué son rôle de puissante caisse de résonance pour les voix de gauche qui, face aux attaques répétées contre les politiques antisociales et le plan d’austérité qui s’annonçait, ont proclamé l’urgence de rétablir des services publics dignes de ce nom. Le slogan n’était pas seulement visible sur les devantures des stands communistes, il irriguait les débats et les réunions à l’Agora ou au Forum social.
Cette fois, il y avait ce petit quelque chose en plus dans l’air qui n’est pas étranger à l’espoir né dans les urnes en juillet. Une gauche unie autour d’un programme, où priorité était donnée à la restauration des services publics, avec les moyens ambitieux qu’elle impose, est arrivée en tête des législatives. Elle a désigné comme candidate au poste de Premier ministre, Lucie Castets, fonctionnaire et cofondatrice du collectif Nos services publics, qui a réitéré dans la tribune son attachement à ce combat.
« La bataille menée par le PFN autour d’un programme capable de changer la vie des Français a incontestablement créé une dynamique »confirme Jean-Pierre, militant PCF du Morbihan, dont le stand affichait la banderole : « Les services publics, notre bien commun ». Pour Fanny de Coster, secrétaire générale de la CGT Finances publiques, « Ces élections ont rendu les propositions très concrètes, cela se reflète dans le contenu des débats. »
Espoir et détermination en arrière-plan
Emmanuel Macron a beau avoir enjambé le résultat des urnes, en propulsant le LR Michel Barnier à Matignon avec l’aval du Rassemblement national, prêt à perpétrer le massacre en cours, les forces de gauche ont affirmé leur détermination à ne pas laisser la fenêtre d’opportunité se refermer. L’espoir et le combat ont bel et bien été la toile de fond des discussions.
« La mobilisation est d’autant plus vitale qu’elle frappera fort avec le vote du budget, où les moyens dédiés aux services publics seront à nouveau la variable d’ajustement »alerte Olivier Miffred, du bureau de l’Union fédérale des syndicats d’Etat de la CGT, pour qui les signaux faibles de ce qui s’apparente à des plans sociaux se multiplient déjà dans les ministères, avec non-remplacement des départs et gel des postes. Dans un contexte où les agents sont déjà « jusqu’à l’os ».
Les débats ont posé les constats. Au Forum social, Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT fonction publique, aux côtés du député FI Ugo Bernalicis et du maire PCF de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), Denis Öztorun, ont pointé, dans un débat consacré au problème de l’attractivité de la fonction publique, les ravages de ces décennies de destruction par des politiques d’austérité fondées sur un modèle de rentabilité calqué sur celui du privé, au détriment des usagers et des agents, dont le point d’indice est resté figé d’année en année.
Rejet de la logique comptable
Attaques contre le statut de fonctionnaire, suppression des catégories A, B et C, système managérial, primes au mérite, facilitation des licenciements… Natacha Pommet a également rappelé les mesures contenues dans le projet de réforme du ministre démissionnaire de la Fonction publique, Stanislas Guerini, qui s’apprêtait à parachever la même logique délétère, avant que la dissolution n’y mette un terme. Autant d’attaques à l’origine, selon les syndicats, de cette désaffection pour les carrières de la fonction publique, où plus de 58 000 postes restent vacants en 2023, tandis qu’une part croissante de fonctionnaires envisage de jeter l’éponge.
Ce rejet de la logique comptable a également été au cœur du vif débat sur l’avenir du service public ferroviaire, opposant le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou et le député Renaissance David Valence, au secrétaire général de la CGT des cheminots, Thierry Nier. Ce dernier a martelé la seule boussole qui doit guider tout choix politique : « Le service public n’a pas vocation à être rentable. Sa seule exigence est de répondre aux besoins de tous sur l’ensemble du territoire ! » Et le syndicaliste dénonce : « La Macronie n’a qu’un seul objectif : faire de la SNCF une machine à cash, en créant un univers concurrentiel qui sert de justification à toutes les régressions. »
Face à ces attaques, les forces de gauche se sont accordées sur la nécessité d’un changement de paradigme, portées par l’espoir d’une gauche unie aux côtés des syndicats autour de cette priorité. Thierry Nier a rappelé à un auditoire enthousiaste : « Des perspectives claires sont désormais déployées. C’est le début de l’histoire. »
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